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Dr Reuben Veerapen : «Il faut rechercher ses points de fragilité dès l’âge de 60 ans» 

 Le 14e congrès de l’Association de chirurgie thoracique et vasculaire de l’océan Indien (VASCO) se déroule au Maritim Resort à Balaclava jusqu’au 4 novembre. L’objectif, selon le Dr Reuben Veerapen : mettre en lumière la fragilité des personnes âgées ainsi que l’importance de la prévention, de la détection précoce et des approches multidisciplinaires pour améliorer leur qualité de vie. 

> Quels sont les principaux objectifs de la 14e édition de VASCO en ce qui concerne la fragilité en médecine et son impact sur nos sociétés modernes, surtout en matière de prévention dans un contexte de la pathologie cardio-vasculaire ? 

À Maurice, comme en France, nous observons un vieillissement de la population. C’est une tendance démographique constante dans nos pays respectifs. Par conséquent, nous prenons en charge un nombre croissant de patients âgés. La vieillesse est l’un des facteurs contribuant à la fragilité. 
De plus, que ce soit en médecine générale ou en médecine spécialisée, nous devons tenir compte de ces patients et les traiter correctement. L’objectif du congrès est de permettre aux médecins, tant généralistes que spécialistes, de définir ce qu’est la fragilité, d’identifier les facteurs qui font passer de la fragilité à la dépendance et de trouver des outils pour la prévenir. 

> Pouvez-vous expliquer en quoi la fragilité va au-delà de l’âge et comment elle est définie dans le contexte médical ? 

La fragilité se manifeste par une tendance à perdre son autonomie, sa mobilité, son audition, sa vision et ses capacités de marche. Cela conduit à la sédentarité due au manque de vitalité et à une diminution de la force musculaire. Certaines personnes présentent des troubles de la mémoire et des fonctions supérieures. 
L’évolution de ces capacités fonctionnelles avec l’âge varie d’une personne à l’autre. Certaines personnes de 80 ans peuvent être en très bonne santé de manière générale, avec des capacités fonctionnelles solides. En revanche, d’autres personnes de 60 ans peuvent être en mauvaise santé, étant très fragiles en raison de problèmes respiratoires ou rénaux, par exemple. 
La capacité du corps à s’adapter au stress diminue. Si cette capacité diminue trop, la personne ne parvient plus à être autonome et devient dépendante. 

La fragilité se manifeste par une tendance à perdre son autonomie, sa mobilité, son audition, sa vision et ses capacités de marche."

> Quels sont les facteurs-clés contribuant à la fragilité et comment peut-on la détecter précocement ? 

La fragilité dépend de l’état de santé général de chaque individu, ainsi que de son contexte social. Par exemple, les personnes vivant isolées sont plus fragiles que celles qui entretiennent des liens sociaux forts, que ce soit au sein de leur famille ou avec des amis. 
La fragilité est également influencée par la capacité cognitive à réfléchir et à mémoriser. Les personnes atteintes de démence sont particulièrement fragiles et dépendantes. 

Le tabagisme et l’abus d’alcool sont des facteurs qui peuvent contribuer à la fragilité. Cependant, ces facteurs sont modifiables, ce qui permet de prévenir tout ce qui peut réduire les capacités fonctionnelles et médicales, ainsi que d’atteindre le cerveau, le cœur, les capacités respiratoires et musculaires. Le diabète, la dialyse, le cholestérol élevé et l’hypertension artérielle fragilisent également les capacités respiratoires et adaptatives du corps.

Pour détecter la fragilité de manière précoce, il est nécessaire d’effectuer un dépistage systématique à partir de 50 ans ou en fonction des facteurs de risque personnels et familiaux. Cela implique de dépister le diabète et de prendre en charge le tabagisme ainsi que les problèmes respiratoires, musculaires et rhumatologiques, entre autres. Pour cela, il faut aborder chaque élément séparément afin de proposer des solutions.
Un élément simple à mettre en œuvre consiste à encourager les patients à maintenir une activité physique, comme faire de la marche au moins un quart d’heure, une demi-heure ou une heure par jour. Cela permet de renforcer non seulement le système locomoteur mais aussi le cœur et le système respiratoire. Ces actions simples peuvent changer la vie des gens. 

Pour détecter la fragilité de manière précoce, il est nécessaire d’effectuer un dépistage systématique à partir de 50 ans."

> Comment le dépistage et la prise en charge de la fragilité sont-ils devenus une priorité de santé publique, à la fois d’un point de vue humain, sociétal et économique ? 

Nous sommes tous confrontés au vieillissement. Il incombe à chacun de nous de le prévenir en adoptant un mode de vie aussi proche que possible des recommandations en matière d’alimentation et d’activité physique.

Dès qu’un patient dépasse l’âge de 60 ans, il est nécessaire de rechercher ses points de fragilité, notamment au niveau cardiaque, de l’audition et de la vision. Tous ces éléments compliquent la vie des personnes qui deviennent plus fragiles et dépendantes par la suite. 
Cela entraîne finalement une dépendance qui nécessite une prise en charge médico-sociale dans des structures adaptées, ce qui engendre des coûts économiques importants. Il est donc essentiel d’assurer une prise en charge précoce pour atténuer ces dépenses. 

Le dépistage précoce est devenu une priorité car actuellement, il n’est pas suffisamment mis en œuvre. Les personnes se retrouvent souvent dans un état de fragilité avancée sans avoir été détectées. Cela conduit à une dépendance permanente. Il est essentiel de ne pas en arriver là, car cela représente un fardeau pour la société. 
Le dépistage précoce se met en place progressivement. Il y a 20 ou 30 ans, on se concentrait principalement sur la gériatrie, c’est-à-dire la prise en charge des personnes âgées atteintes de maladies. Cependant, de plus en plus de personnes atteignent l’âge de 80, 90 ou 100 ans, tout en étant fragiles. Il est donc devenu prioritaire de renforcer la prévention, afin que les individus puissent vieillir en bonne santé.

> Quelles sont les approches les plus prometteuses pour prévenir la fragilité et améliorer la qualité de vie des personnes âgées ? 

Il est essentiel d’encourager les personnes âgées à adopter une alimentation équilibrée, à pratiquer régulièrement une activité physique et à effectuer des bilans de santé auprès de leur médecin. Cela permet de repousser le plus loin possible l’étape de la dépendance. L’ensemble du congrès se concentre sur ces aspects, en traitant notamment du diabète, des maladies cardiovasculaires et d’autres facteurs de fragilité.

> Quelles sont les principales stratégies et mesures mises en place pour aider les individus à continuer à mener une vie active malgré le vieillissement et les maladies chroniques ? 

J’invite le plus grand nombre de personnes à participer au congrès. Nous chercherons à apporter des réponses à cette question. Les stratégies requièrent une approche multidisciplinaire, faisant intervenir des gériatres, des cardiologues, des médecins généralistes, des endocrinologues et des diabétologues. Il est nécessaire que tous les médecins collaborent pour trouver des solutions.
C’est pour cela que nous avons sollicité non seulement des médecins mais aussi des juristes. Ils apportent des perspectives différentes, notamment en ce qui concerne la prise en charge en fin de vie, qui fait partie de la gestion des patients fragiles.

 

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