Un tiers des pays d’Afrique subsaharienne détiennent des réserves représentant moins de trois mois d’importations, a déclaré le Dr Rama Sithanen par vidéoconférence lors d’un symposium régional sur la stabilité financière organisé par la Banque Al Maghrib ce mardi 26 novembre. Extraits de son premier discours depuis sa nomination à la tête de la Banque de Maurice le 16 novembre dernier.
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Ce qu’il a dit sur…
… la stabilité financière
« La recherche de la stabilité financière est le mantra de toutes les Banques centrales et de tous les régulateurs du secteur financier. Le maintien de la stabilité financière est devenu encore plus difficile aujourd’hui en raison de la confluence de facteurs tels que les incertitudes géopolitiques, les considérations liées au changement climatique, l’endettement élevé de nombreux pays, les politiques commerciales et économiques des économies avancées et d’autres risques émergents… Le continent africain est donc menacé par des perturbations commerciales qui pourraient avoir un impact sur la croissance économique, les flux de capitaux et, en fin de compte, la stabilité financière. Dans ce contexte, une approche coordonnée est primordiale pour trouver un juste équilibre entre les intérêts nationaux et la préservation de la stabilité financière sur le continent. »
… les réserves de change
« Les réserves de change ont diminué sur le continent. Un tiers des pays d’Afrique subsaharienne détiennent des réserves représentant moins de trois mois d’importations. La reconstitution de ces réserves est essentielle pour garantir la stabilité macrofinancière. »
… le changement climatique
« Selon l’African Natural Capital Alliance, environ 62 % du PIB de l’Afrique dépend des services rendus par la nature et environ 70 % des communautés subsahariennes dépendent des forêts et des zones boisées pour leur subsistance. Ces chiffres sont significatifs à tous points de vue et appellent à davantage d’initiatives pour lutter contre le changement climatique et les risques liés à la nature. Le secteur financier a un rôle essentiel à jouer pour faciliter et promouvoir le développement économique durable et accélérer la transition vers des pratiques durables… En tant que décideurs politiques, nous devrions nous efforcer en permanence d’améliorer notre compréhension des conséquences macrofinancières de ces événements et d’élaborer des politiques appropriées pour atténuer les risques pour la stabilité financière. »
… la disponibilité du dollar
« La disponibilité du dollar américain a été un obstacle majeur pour plusieurs pays d’Afrique. De nombreux pays éprouvent encore des difficultés à obtenir des financements extérieurs. C’est un rappel brutal de la nécessité de donner la priorité aux réformes nécessaires pour améliorer la résilience économique et financière. »
… l’AGOA
« L’expiration de l’Africa Growth Opportunity Act (AGOA) l’année prochaine pourrait avoir un impact négatif sur les recettes en dollars américains. À cet égard, il faudrait intensifier la diplomatie économique par l’intermédiaire de l’Union africaine pour trouver une solution. »
… l’inflation
« Sur une note plus positive, les progrès en matière de désinflation ont atteint un stade avancé dans la région. L’inflation se situe déjà dans la fourchette cible dans près de la moitié des pays d’Afrique subsaharienne. La baisse continue de l’inflation rétablit le pouvoir d’achat des ménages et renforce leur solidité financière. »
Pour une stabilité financière durable
Les banques centrales et les décideurs politiques doivent adopter une approche à multiples facettes pour parvenir à une stabilité financière durable, avance Rama Sithanen. Voici les domaines clés à prioriser, selon le gouverneur de la BoM :-
- Les banques centrales et les régulateurs du secteur financier devraient se concentrer sur le renforcement des cadres politiques. Des cadres réglementaires et des outils politiques robustes sont essentiels pour atténuer l’impact des incertitudes géoéconomiques et des risques émergents.
- Une plus grande diversification de la base économique et une moindre dépendance à l’égard d’un petit nombre de secteurs ou de produits de base peuvent contribuer à protéger les économies contre les chocs extérieurs.
- De même, en renforçant le commerce et les investissements intra-africains, les pays peuvent réduire leur dépendance à l’égard des marchés extérieurs et construire des économies plus résistantes.
- Pour faire face aux conséquences du changement climatique et aux risques liés à la nature, il faut prendre des mesures proactives afin de renforcer la résilience. « Une plus grande collaboration entre les pays d’Afrique peut aider à répondre plus efficacement à ces défis », ajoute Rama Sithanen.
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