Deux cent quarante-sept personnes sont décédées à cause de la pneumonie à Maurice l’année dernière. Elle est la principale cause de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans dans le monde. Le point avec le Dr Nolwenn Davy, consultante en pneumologie à l’hôpital Apollo Bramwell.
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« L’allaitement exclusif au sein pendant les six premiers mois de vie chez le nourrisson permet d’augmenter les défenses immunitaires de l’enfant. »
Qu’est-ce que la pneumonie ?
La pneumonie est une infection respiratoire aiguë affectant les poumons. Elle touche les alvéoles pulmonaires qui sont des minuscules sacs en forme de ballons situés à l’extrémité des bronchioles.
La maladie s’attrape le plus souvent comme une grippe ou un rhume, en inhalant des particules contaminées. Dans certains cas, elle survient après une autre infection respiratoire, comme une grippe ou une bronchite, qui « dégénère » et s’installe dans les alvéoles des poumons. Certains des symptômes peuvent durer plusieurs semaines.
La pneumonie est habituellement peu contagieuse et la plupart des patients guérissent rapidement en suivant un traitement approprié, mais dans certains cas la maladie peut être grave, voire mortelle. Cette maladie est la première cause infectieuse de mortalité chez l’enfant selon l’Organisation mondiale de la santé.
Quelles sont les causes de cette maladie ?
La pneumonie est causée par un certain nombre d’agents infectieux, bactéries, virus ou champignons. Les plus courants sont le pneumocoque, l’Haemophilus, les bactéries dites atypiques, le virus de la grippe et le Pneumocystis jirovec.
Admissions dans les hôpitaux en raison de la pneumonie
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Qui sont les personnes les plus à risque ?
Les personnes de plus de 65 ans et les enfants en bas âge ainsi que ceux atteints de maladies chroniques : diabète, pathologies cardiaques, respiratoires (asthme, Broncho-pneumopathie chronique obstructive) patients splénectomisés, patients sous traitement immunosuppresseurs.
Peut-on prévenir la pneumonie ?
Oui, à travers le vaccin contre le pneumocoque et le vaccin antigrippal. Le vaccin anti-pneumococcique protège avec une efficacité variable contre la pneumonie au Streptococcus pneumoniae, la plus fréquente chez les adultes. Le vaccin contre le pneumocoque offre une bonne protection contre la méningite chez les jeunes enfants, et une légère protection contre les otites et les pneumonies causées par le pneumocoque.
Le vaccin antigrippal est le moyen le plus efficace de se prémunir de la maladie grippale qui peut être grave même chez des patients sans facteur de risque particulier. Le virus de l’influenza peut causer une pneumonie de façon directe ou indirecte. Ainsi, le vaccin contre la grippe réduit le risque de pneumonie. Il doit être renouvelé chaque année.
Est-ce qu’il y a des moyens de prévention particulière chez les enfants ?
Chez l’enfant de moins de 2 ans, la protection est assurée par les vaccinations recommandées dans le calendrier vaccinal. On peut améliorer ses défenses naturelles à travers une bonne nutrition, un supplément en vitamine C ou en consommant des fruits riches en vitamine C.
L’allaitement exclusif au sein pendant les six premiers mois de vie chez le nourrisson permet d’augmenter les défenses immunitaires de l’enfant. Mais il faut aussi lutter contre les facteurs environnementaux, comme la pollution de l’air ambiant dans les maisons et le respect des règles d’hygiène sont indispensables. Ne pas fumer permet aussi de prévenir la pneumonie, car la fumée rend les voies respiratoires plus vulnérables aux infections.
Comment reconnaître les symptômes de la maladie ?
Dans la majeure partie des cas, les infections virales sont peu symptomatiques. Parfois, elles peuvent être la cause de pneumonie sévère. La grippe notamment peut provoquer une pneumonie bilatérale avec détresse respiratoire aiguë (ARDS).
Les symptômes sont plus visibles dans les cas de pneumonie bactérienne. Le patient présente de la fièvre élevée d’apparition parfois brutale avec frissons, une toux sèche ou avec des crachats, un essoufflement voire des signes de détresse respiratoire. Il peut aussi s’agir d’un état de fatigue important, une perte d’appétit, des douleurs musculaires ou des maux de tête ainsi que des diarrhées.
Certains signes de gravité doivent conduire à une hospitalisation immédiate : altération de la conscience ; pouls trop rapide (supérieur à 120 battements par minute) ; ou fréquence respiratoire supérieure à 30 respirations par minute et température supérieure à 40°C ou inférieure à 35°C.
Les Mauriciens ont tendance à banaliser les maladies et à pratiquer l’automédication...
Les symptômes de la pneumonie ne sont pas spécifiques et la prise de médicaments restant dans la pharmacie de la maison, notamment les antibiotiques d’un traitement précédent ne sont pas toujours utilisés à bon escient et peuvent retarder le traitement adéquat prescrit par le médecin lors du diagnostic.
Quels sont les traitements pour lutter contre la maladie ?
Le traitement dépend avant tout de la cause de la pneumonie (bactérie, virus, champignon...). Le choix du traitement est effectué en fonction de l’âge, de l’état de santé et d’un examen physique de la personne. Au besoin le médecin peut réclamer diverses analyses complémentaires.
Il faut savoir que les bactéries responsables des pneumonies sont de plus en plus résistantes aux antibiotiques. Le phénomène est particulièrement inquiétant dans le cas des pneumonies acquises à l’hôpital. Si l’antibiotique ne semble pas faire effet au bout de quelques jours, il peut être nécessaire de changer d’antibiotique. Pour éviter de contribuer à la résistance, il est important de prendre son traitement jusqu’au bout, tel que prescrit par le médecin.
Est-ce qu’une hospitalisation est nécessaire ?
En cas de signes de gravité et/ou de facteurs de risque (plus de 65 ans, maladie chronique), l’hospitalisation est requise. En ce qui concerne la toux, on ne doit pas l’éliminer complètement puisqu’elle contribue à expulser les sécrétions qui encombrent les bronches. Les sirops contre la toux sont généralement déconseillés. Pour soulager la toux et les maux de gorge, les solutions naturelles, comme boire de l’eau chaude dans laquelle on à ajouté un peu de miel, sont préférables.
Y a-t-il d’autres façons de se soulager ?
Oui, à travers la kinésithérapie respiratoire. Cette technique, surtout employée chez les personnes atteintes d’une maladie respiratoire chronique, les personnes âgées ou les enfants en bas âge, aide à désencombrer les voies respiratoires. Elle contribue à raccourcir le temps de guérison et à prévenir les complications.
Mais une visite et une radiographie pulmonaire chez le médecin, entre deux à quatre semaines après le diagnostic permettront de s’assurer que la pneumonie est bien guérie. Si elle ne guérit pas dans les délais habituels, le médecin recommandera une investigation appropriée, par exemple un scanner des poumons ou une bronchoscopie. Une pneumonie persistante peut être causée par une tumeur dans une bronche ou un corps étranger.
Décès lié à la pneumonie
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