Pour la première fois depuis sa nomination, la présidente du comité de l’Observatoire des prix, Rooba Yanembal Moorghen, aborde, dans cet entretien, le rôle, les missions déjà accomplies et les projets de cette entité.
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L’Observatoire des prix a été réintroduit par le ministère du Commerce l’an dernier. Dans quelle mesure ce nouveau mécanisme est-il différent de celui qui avait été mis en place il y a dix ans ?
Contrairement à l’ancien Observatoire des prix, le nouvel Observatoire des prix a un mandat légal avec des termes de référence spécifiques conformément au règlement de 2021 sur la protection des consommateurs. Le comité de l’Observatoire des prix a été mis en place sur la base des leçons et de l’expérience de l’ancien Observatoire des prix mais avec une vision renouvelée. À savoir que l’ancien Observatoire des prix disposait d’un panier de 78 produits dont les prix étaient suivis dans 23 points de vente. La méthodologie a également été revue pour fournir des données sur les prix de détail sans aucun classement et le comité maximise l’utilisation des technologies de l’information pour communiquer les prix aux consommateurs.
Quels ont été les accomplissements du comité depuis la réintroduction de l’Observatoire des prix ?
Le comité de l’Observatoire des prix est composé, entre autres, de moi-même en tant que présidente et de représentants du ministère du Commerce, du ministère des Finances, de Statistics Mauritius, de la Chambre de commerce et d’industrie de Maurice et d’associations de consommateurs. Depuis sa première réunion en décembre 2021, le comité se réunit chaque mois et travaille sur les méthodologies du panier de 100 commodités (produits alimentaires et non alimentaires), comprenant plus de 450 marques, et la sélection des points de vente. Il convient de noter que le comité ne fixe aucun prix mais analyse et surveille les prix de détail du panier de produits collectés chaque mois par l’Unité de la consommation du ministère. Le comité a ainsi fourni des données factuelles au ministère pour contribuer à l’intervention politique de l’État, comme par exemple l’introduction d’un contrôle des prix sur des produits supplémentaires tels que les pâtes, les céréales, les couches pour bébés et adultes et les aliments pour bébés. Afin de fournir des informations aux consommateurs, une application de surveillance et de contrôle des prix, Mopri, a été développée et lancée le 18 mai 2023. Mopri se présente comme le principal véhicule pour aider les consommateurs dans leurs achats.
Comment l’Observatoire des prix compte-t-il encourager davantage les Mauriciens à utiliser l’application mobile Mopri ?
Maintenant que l’application mobile Mopri est lancée, l’Observatoire des prix poursuit sa stratégie de communication sur la meilleure façon de sensibiliser les consommateurs et le public en général. Les données sur les prix de détail seront publiées sur le site Internet du ministère et mises à jour mensuellement. Pour les consommateurs qui n’ont pas accès à l’application, des conférences et des séances de démonstration de l’application seront organisées. La collaboration de l’Unité de la consommation ainsi que l’assistance d’autres ministères concernés, des médias, des associations de consommateurs et des consommateurs eux-mêmes seront exploitées pour une plus grande diffusion au profit ultime des consommateurs.
L’idée est d’aller vers un panier de produits plus diversifié en fonction des retours d’expérience et en s’appuyant sur des référentiels internationaux.
Quels sont les projets de l’Observatoire des prix ?
L’Observatoire des prix continuera à proposer des améliorations de l’application Mopri pour inclure davantage de points de vente et éventuellement indiquer le pays d’origine. L’idée est d’aller vers un panier de produits plus diversifié en fonction des retours d’expérience et en s’appuyant sur des référentiels internationaux. La possibilité d’obtenir des informations en temps réel est également en cours d’élaboration. En outre, le comité a élaboré, en consultation avec différentes parties prenantes, un plan avec des stratégies proposées sur la façon de créer un environnement propice pour être plus centré sur le citoyen dans la fourniture d’informations en temps réel sur les prix de détail, la diffusion de documents de politique de recherche et la promotion de la recherche basée non seulement sur le contexte local mais aussi sur la base des meilleures pratiques internationales des observatoires des prix dans le monde. Enfin, avec la mise en place prochaine d’une division d’analyse et de surveillance des prix au sein du ministère du Commerce, davantage de ressources pourront être allouées au comité pour le suivi et l’analyse de l’évolution des prix des produits de base conformément aux marchés internationaux pour la recommandation de politiques et l’intervention gouvernementale.
Quel est votre constat sur l’évolution des prix des produits en général depuis la pandémie de Covid-19 ?
La pandémie a créé des perturbations sans précédent dans la chaîne d’approvisionnement, des déséquilibres sur le marché mondial des matières premières, la flambée des prix de l’énergie et des matières premières, la hausse des coûts de fret, entre autres. Ces effets dévastateurs ont atteint tous les pays du monde. Depuis la pandémie, les prix de détail de nombreux produits de base ont augmenté. Depuis janvier 2022, les prix de détail de nombreux produits sont stables et certains produits ont connu des baisses de leur prix de détail allant de 1 à 4 %, comme les grains secs, le lait en poudre, le « corned mutton », l’huile alimentaire, le poisson salé, le fromage, les mélanges de légumes. Il est à noter que la plupart des produits qui avaient un prix stable sont sous contrôle des prix. Néanmoins, nous devons admettre que certains produits connaissent une hausse de prix qui est principalement attribuée à des facteurs exogènes tels que la hausse des prix au niveau des fournisseurs et l’impact des taux de change.
Avec la baisse du coût de fret et un retour à la normale dans la chaîne d’approvisionnement, peut-on s’attendre à une baisse des prix prochainement ?
Le coût du fret mondial est en baisse constante depuis 2022 et le début de l’année 2023. Une baisse de 75,5 % de l’indice du fret a été observée en 2022. De janvier à mai 2023, une baisse de 35,1 % a été constatée. À la suite du rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, les prix des produits alimentaires de base en général ont suivi une tendance à la baisse de juin 2022 à décembre 2022 d’une moyenne mensuelle de 3 %. Pour début 2023, une baisse mensuelle de 1 % a été constatée. La baisse concerne principalement les céréales, les produits laitiers, les huiles et le blé. Par ailleurs, pour le mois d’avril, il y a eu une légère appréciation de 2 % de la valeur de la roupie vis-à-vis du dollar américain, de la livre sterling et de l’euro. Compte tenu de ces paramètres externes et des résultats de la surveillance constante des prix du marché des matières premières, on peut s’attendre à une tendance stable des prix pour la plupart des produits.
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