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Dr Laetitia Rogers : «Notre corps n’est pas fait pour fonctionner dans un état d’hyperthermie»

Le Dr Laetitia Rogers est médecin généraliste au Health Centre Labourdonnais, le centre médical et paramédical du Domaine de Labourdonnais.Le Dr Laetitia Rogers est médecin généraliste au Health Centre Labourdonnais, le centre médical et paramédical du Domaine de Labourdonnais.

Avec l’arrivée de l’été, la chaleur expose à la déshydratation et aux coups de chaleur. Le Dr Laetitia Rogers, médecin généraliste, explique comment reconnaître les signes d’alerte, adopter les bons réflexes et savoir quand consulter, afin de passer la saison estivale en toute sécurité et sans risque pour la santé.

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Pouvez-vous expliquer ce qu’est exactement la déshydratation et en quoi elle peut entraîner un malaise ou un coup de chaleur ?
Lorsqu’il fait chaud, notre organisme transpire pour se refroidir, et nous perdons de l’eau et des minéraux. Si ces pertes ne sont pas compensées par des apports réguliers, nous nous déshydratons. La pression artérielle diminue et le corps est moins bien oxygéné, ce qui peut entraîner un malaise et parfois engager le pronostic vital.

Le corps ne peut alors plus transpirer pour nous refroidir et les mécanismes de régulation sont dépassés. La température augmente dangereusement, ce qu’on appelle le « coup de chaleur ».

Quels sont les signes précoces qui doivent alerter une personne qu’elle se déshydrate ou qu’elle est victime d’un coup de chaleur ?
Les premiers signes d’alerte de la déshydratation sont la soif, la bouche sèche, et les urines foncées, qu’il faut savoir écouter. Ensuite viennent une fatigue intense, des maux de tête, des vertiges. Lors du coup de chaleur, la température est élevée, la peau est souvent rouge, parfois sèche malgré la chaleur. La personne peut être confuse et désorientée, peut avoir des nausées ou des vomissements.

Quelles sont les populations les plus à risque durant la saison chaude et pourquoi ?
Principalement les personnes âgées, les nourrissons et les enfants, qui se déshydratent plus vite et dépendent des autres pour s’hydrater. Il y a également les personnes souffrant de pathologies chroniques, en particulier rénales. Les sportifs et personnes travaillant en extérieur ou encore celles qui sont exposées longtemps à la chaleur doivent aussi être vigilants.

En cas de malaise ou de coup de chaleur, quels gestes de premiers secours doivent être appliqués immédiatement en attendant une aide médicale ?
Si la personne est inconsciente, il faut l’allonger sur le côté en position latérale de sécurité. Dans tous les cas, il faut la mettre dans un environnement frais et aéré, l’allonger et la refroidir progressivement. Puis, il faut enlever les vêtements superflus, libérer les zones trop serrées (ceinture, cravate, etc..), appliquer de l’eau fraîche sur son visage et l’éventer. Lorsqu’elle en est capable, lui donner à boire de l’eau ou une solution de réhydratation, en position assise.

Y a-t-il des médicaments ou des pathologies qui rendent certains plus vulnérables à la déshydratation ?
Oui, un patient atteint de pathologie chronique sera plus vulnérable, en particulier les pathologies cardiaques ou rénales. Certains médicaments augmentent les pertes d’eau ou perturbent la régulation thermique, comme les diurétiques, certains traitements de tension artérielle ou les antipsychotiques.

Au-delà de l’eau, quels moyens simples recommandez-vous pour maintenir une bonne hydratation durant les journées de forte chaleur ?
On peut aussi consommer des fruits et légumes riches en eau (melon d’eau, concombre), ou des soupes fraîches pour accompagner son repas. Il vaut mieux limiter l’alcool, les boissons sucrées, les thés diurétiques, et évidemment limiter son exposition à la chaleur et le soleil direct.

Quelles habitudes de prévention devraient être intégrées dans le milieu scolaire et en entreprise durant l’été ?
Il faudrait assurer l’accès à l’eau potable toute la journée, prévoir des pauses régulières dans un endroit frais et à l’ombre et adapter si possible les horaires d’exposition en évitant les moments les plus chauds de la journée. De plus, il faudrait sensibiliser les équipes à reconnaître les signes d’alerte.

Les Mauriciens pensent parfois qu’ils sont « habitués » au soleil tropical. Comment lutter contre ce faux sentiment de sécurité ?
Même si nous sommes habitués à cette sensation de chaleur, notre corps n’est pas fait pour fonctionner dans un état de déshydratation ni d’hyperthermie. C’est une situation de stress pour l’organisme, qui s’épuise, et qui peut mettre en jeu le pronostic vital.

Enfin, quand faut-il consulter en urgence ?
Si la personne est inconsciente, ou qu’elle parait désorientée ou confuse, que la température dépasse les 39°C, ou qu’elle se met à vomir, il faut la conduire immédiatement aux urgences, ou appeler le SAMU. L’absence de transpiration est aussi un signe d’urgence.

 

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