
Nommé à la tête de la National Agency for Drug Control (NADC), le Dr Fayzal Sulliman pilote la naissance d’une institution stratégique chargée de refonder la lutte antidrogue à Maurice. Dans cet entretien-fleuve, il revient sur la feuille de route de l’agence, les défis institutionnels à surmonter, les indicateurs de résultats attendus, ainsi que la nécessaire articulation entre répression des trafiquants, accompagnement des usagers, transparence budgétaire, consultation citoyenne et protection des lanceurs d’alerte. Un exercice de gouvernance inédit au service d’une politique publique ambitieuse et multisectorielle.
Vous prenez les rênes d’une institution encore virtuelle. La loi est là, mais tout reste à construire. Par quoi commence-t-on lorsque l’on doit donner vie à une telle structure, quasiment ex nihilo ?
La première étape consiste à mettre en place les fondations opérationnelles de l’agence: l’installation physique, le recrutement du personnel-clé, la définition des procédures internes et la coordination avec les ministères et institutions partenaires. Il faut traduire la loi en plan d’action, en veillant à une gouvernance efficace, à une gestion rigoureuse et à la création d’un environnement de travail axé sur l’intégrité et les résultats.
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Dans cette perspective, un jalon essentiel de cette construction est la finalisation du Plan National de Contrôle de la Drogue 2025-2029, qui servira de feuille de route stratégique pour toutes les actions de la NADC. Ce document, élaboré de manière participative avec l’ensemble des parties prenantes, est actuellement en phase de validation finale. Ce plan incarnera l’engagement renouvelé de l’État à adopter une approche intégrée, équilibrée et fondée sur les droits humains pour lutter contre le fléau de la drogue à Maurice.
La NADC est perçue comme un tournant majeur après des années de vide institutionnel. Ne redoutez-vous pas que la société attende des résultats immédiats, alors que la construction d’un outil aussi complexe requiert du temps, des hommes, et des moyens encore à consolider ?
Les attentes sont légitimes, et la pression est réelle. Nous devons obtenir des « victoires rapides » visibles à court terme tout en jetant les bases d’un changement durable. La clé est la transparence: communiquer sur nos priorités, notre feuille de route, et les délais réalistes. Ça implique également de mobiliser les ressources humaines et financières nécessaires avec efficacité.
Il convient aussi de rappeler que les questions liées à la drogue ont été érigées en priorité nationale absolue par le nouveau gouvernement. Cela s’est reflété clairement à travers de nombreuses déclarations de préoccupations et d’engagements formulées par les législateurs lors des débats parlementaires sur le NADC Bill.
Le Premier ministre et le Premier ministre adjoint ont personnellement affirmé leur soutien inconditionnel à la lutte contre ce fléau qui touche toutes les strates de la population. Cette volonté politique forte et sans précédente, nous donne à la fois la légitimité et les moyens d’agir avec ambition et détermination.
Le Premier ministre a insisté sur « l’obligation de résultats ». Concrètement, quels indicateurs de performance – quantitatifs ou qualitatifs – envisagez-vous pour mesurer l’efficacité de l’agence dans les 12 premiers mois ?
Nous allons développer une matrice d’indicateurs de performance structurée autour des quatre piliers du Plan National de Contrôle de la Drogue : réduction de l’offre, réduction de la demande, promotion de la santé et du bien-être, et coordination institutionnelle. Concrètement, cela inclura :
- Indicateurs de traitement : nombre de personnes admises en traitement volontaire ou judiciaire, taux de rétention à 3, 6 mois, et un an, évolution des cas de rechute, disponibilité des services dans les zones rurales.
- Indicateurs de répression : volume de saisies par type de drogue (cannabis, héroïne, NPS, etc.), nombre d’opérations conjointes menées, taux de démantèlement de réseaux, évolution des infractions liées au trafic.
- Indicateurs de prévention : nombre de campagnes menées, couverture géographique, nombre d’élèves et enseignants touchés par le programme éducatif, taux de satisfaction des bénéficiaires, production et diffusion de rapports d’évaluation d’impact sur les campagnes de prévention, permettant d’adapter les messages, les canaux de communication et les groupes cibles selon les résultats observés.
- Indicateurs de coordination: nombre de réunions interinstitutionnelles, temps moyen de traitement des alertes, taux de participation des ministères et des ONG aux groupes de travail thématiques.
Tous ces éléments seront compilés dans un tableau de bord de performance trimestriel, qui sera mis à la disposition du Conseil d’administration de la NADC et publié en ligne pour assurer la transparence. Par ailleurs, un outil numérique de suivi intégré sera déployé pour collecter et analyser en temps réel les données issues des différents services partenaires, garantissant ainsi une prise de décision fondée sur des preuves actualisées.
La NADC est placée sous la haute supervision du Premier ministre. Comment garantir son autonomie opérationnelle, notamment lorsqu’elle sera confrontée à des cas potentiellement sensibles impliquant des figures publiques ou institutionnelles ?
L’autonomie découle d’une gouvernance claire: un conseil d’administration représentatif, des procédures standardisées et une obligation de redevabilité publique. Les décisions de la NADC seront fondées sur les données, les lois en vigueur et les preuves, sans considération pour le statut des individus concernés.
Conformément à l’organigramme validé de l’Agence, deux niveaux de gouvernance et de supervision ont été prévus pour garantir cette autonomie tout en assurant un alignement stratégique au plus haut niveau de l’État. La Commission nationale de contrôle des drogues, présidée par le Premier ministre et logée au sein du Bureau du Premier ministre, fixe les grandes orientations politiques, assure le suivi transversal de la stratégie nationale et donne une impulsion politique à l’ensemble du dispositif antidrogue.
Et le Conseil d’administration de la NADC, instance indépendante composée de représentants des ministères, d’agences techniques, de la société civile et d’institutions partenaires, est chargé de superviser la mise en œuvre opérationnelle du mandat de l’agence, dans le respect des principes d’intégrité, de transparence et de redevabilité. Le Conseil veille à l’indépendance du CEO dans ses fonctions exécutives et à la protection des processus décisionnels contre toute forme d’ingérence politique ou institutionnelle.
Cette architecture à double étage renforce le principe de subsidiarité et permet de concilier leadership stratégique et autonomie opérationnelle dans le traitement des dossiers sensibles.
Il vous faudra orchestrer l’action simultanée de 16 ministères, de la police, des ONG, des Collectivités locales, du système carcéral et des structures sanitaires. Quelle méthode de coordination envisagez-vous pour éviter les chevauchements, les silences administratifs, ou les conflits de prérogatives?
Nous mettrons en place un mécanisme de coordination interinstitutionnelle structuré autour de plusieurs outils clés :
- Des comités thématiques permanents, regroupant les principaux acteurs institutionnels et ONG selon les quatre piliers de la stratégie (réduction de l’offre, réduction de la demande, santé et bien-être, coordination).
- Des protocoles de collaboration formalisés (MoUs et SOPs) entre les ministères, les corps spécialisés (police, prison, MRA, santé) et les structures locales, afin de clarifier les responsabilités, les circuits d’information et les procédures d’intervention conjointe.
- Un système d’information et de suivi en temps réel, incluant un tableau de bord numérique commun alimenté par les institutions partenaires pour assurer la traçabilité des actions et la remontée d’alerte rapide.
- La mise en place d’un Point Focal NADC dans chaque ministère et structure-clé, qui sera responsable de la coordination des actions sectorielles avec l’agence et de la participation active aux groupes de travail techniques.
- Des réunions de coordination mensuelles et des revues trimestrielles multisectorielles, pour suivre l’état d’avancement des projets, résoudre les blocages et assurer un pilotage collectif des réformes.
Le rôle du NADC sera aussi de décloisonner les silos administratifs, d’instaurer une culture de résultats partagés et de favoriser l’intelligence collective autour d’une gouvernance fondée sur les données probantes, la transparence et la coresponsabilité.
Réprimer les barons et accompagner les victimes, tel est le double impératif fixé par le législateur. Comment la NADC va-t-elle réussir à articuler ces deux dimensions sans créer de tensions internes ou de contradictions stratégiques ?
Il s’agit d’un exercice d’équilibrage stratégique et opérationnel entre des logiques d’ordre public et de santé publique. Sur le plan technique, cette articulation repose sur quatre piliers complémentaires :
1 Structuration fonctionnelle différenciée :
- Le volet répressif sera porté par une Cellule Opérationnelle de Lutte Contre le Trafic (COLCT), composée de représentants des forces de l’ordre, du renseignement financier et des douanes. Cette cellule travaillera en étroite coordination avec l’unité d’analyse stratégique de la NADC pour identifier les réseaux, croiser les données, et déclencher des interventions ciblées.
- Le volet humanitaire, quant à lui, sera structuré autour d’une Unité de Soutien, Réhabilitation et Réintégration (USR), réunissant des psychologues, des travailleurs sociaux, des éducateurs de rue et des médecins addictologues. Cette unité assurera la prise en charge médicale, psychosociale et éducative des usagers.
2 Interopérabilité des systèmes d’information :
- Un Système de Suivi Intégré des Usagers et des Réseaux (SSIUR) sera mis en place, garantissant la compartimentation des données : les informations recueillies dans un cadre thérapeutique ne seront jamais transférées à des fins répressives, sauf dans des cas expressément prévus par la loi.
- Ce système assurera néanmoins une vision consolidée des flux et tendances pour le pilotage des politiques publiques (analyse épidémiologique, cartographie des zones à risque, typologie des profils).
3 Formation croisée et langage commun :
- Tous les intervenants, qu’ils relèvent du champ répressif ou sanitaire, recevront une formation commune à la réduction des risques, à l’éthique et aux droits humains.
- Des modules de formation croisée (policiers formés à la gestion des addictions, travailleurs sociaux sensibilisés aux enjeux sécuritaires) favoriseront la compréhension mutuelle et la cohérence d’action sur le terrain.
4 Cadre stratégique unifié :
- Une Stratégie nationale intégrée définira clairement les rôles, les responsabilités et les indicateurs de performance propres à chaque pilier, tout en maintenant une gouvernance transversale. Elle s’appuiera sur un Comité de Pilotage Bipolaire coprésidé par les responsables du COLCT et de l’USR.
- Les priorités annuelles feront l’objet d’une validation par le Conseil d’administration de la NADC, garantissant ainsi une coordination politique et administrative sans faille.
- Enfin, une évaluation indépendante sera conduite chaque année par un organisme tiers pour mesurer l’impact de cette double approche sur la réduction des trafics, la réinsertion des usagers et la cohésion institutionnelle.
Certains députés ont évoqué une « zombification » de la jeunesse face aux drogues synthétiques. Quelles actions d’urgence – législatives, sanitaires, policières – comptez-vous initier pour faire face à ce fléau qui semble échapper à tout contrôle ?
La réponse à la crise des drogues synthétiques nécessite une approche multidimensionnelle intégrée, articulée autour de cinq axes d’intervention urgents.
Réformes législatives accélérées :
- Un Fast Track Legislative Mechanism (FTLM) est en cours de discussion pour permettre la reclassification rapide des substances émergentes sous contrôle, via une procédure d’urgence conjointe entre la NADC, le ministère de la Santé et le Parlement.
- Une liste provisoire de nouvelles substances psychoactives (NSP) sera mise à jour mensuellement, en coordination avec les alertes de l’UNODC, de l’EMCDDA et du SADC Early Warning System.
- Renforcement des capacités analytiques et de détection :
- Le laboratoire médico-légal national sera doté d’équipements de pointe : spectromètres de masse à haute résolution (HRMS), chromatographes en phase gazeuse couplés à la spectrométrie de masse (GC-MS), et des systèmes de détection portable pour les interventions sur site.
- Des kits de détection rapide de type colorimétrique ou immuno-enzymatique seront distribués aux services d’urgence, unités mobiles et aux postes de police dans les zones à haut risque.
- Mise en œuvre d’un système d’alerte communautaire précoce :
- Un Early Warning and Response System (EWRS) sera déployé, appuyé par une plateforme numérique de signalement communautaire (via application mobile et ligne téléphonique dédiée).
- Ce système recueillera et analysera en temps réel les cas d’intoxications suspectes, les saisies de produits inconnus et les signaux fiables issus des services de santé, des écoles, des ONG ou des familles.
- Déploiement d’unités d’intervention médico-sociale de proximité :
- Des unités d’intervention rapide (UIR) composées d’infirmiers spécialisés, d’agents sociaux et de pairs aidants interviendront dans les zones identifiées comme « points chauds ».
- Ces unités offriront un accès immédiat à la naloxone, à un accompagnement en cas de bad trip, à des kits de réduction des risques, et à un acheminement vers les centres de soins spécialisés.
- Campagnes de sensibilisation et de prévention ciblées :
- Lancement d’une campagne multimédia de prévention intensive à destination des jeunes, avec diffusion sur les réseaux sociaux, plateformes de jeux, écoles et zones de loisirs.
- Des sessions de sensibilisation mobile seront organisées dans les établissements scolaires, les centres de formation et les quartiers vulnérables avec simulation d’effets toxiques et témoignages d’ex-usagers.
En parallèle, un tableau de bord national de la consommation de NSP sera mis en ligne chaque trimestre pour informer les citoyens, les partenaires communautaires et les professionnels de santé des évolutions du phénomène.
La légalisation ou la décriminalisation du cannabis est aujourd’hui ouvertement débattue. La NADC a-t-elle vocation à initier une consultation nationale sur ce sujet clivant ou à recommander une orientation claire au gouvernement ?
La mission de la NADC, en tant qu’agence nationale de coordination des politiques antidrogue, est d’éclairer le débat public sur la base de données scientifiques, d’analyses comparatives et de consultations inclusives.
La NADC n’adoptera pas une position idéologique, mais jouera un rôle d’interface technique et démocratique, permettant à l’État mauricien de prendre une décision éclairée, adaptée à ses réalités sanitaires, économiques, sociales et géopolitiques.
Notre mission est d’éclairer le débat. Une consultation nationale sera organisée, avec avis d’experts, analyses comparées et auditions publiques. Le rôle de la NADC est de poser les faits, pas de décider seule. La NADC ne sera pas une vitrine. Ce sera un levier.
Le texte de loi prévoit l’inclusion de six ONG au sein du Board. Mais comment la NADC entend-elle intégrer plus largement la société civile comme partenaire de terrain et vigie démocratique ?
Nous mettrons en place un forum national des acteurs communautaires, avec des comités thématiques, des appels à projets transparents et un portail de remontée des alertes citoyennes. La co-construction des politiques est un objectif central.
Il est toutefois important de souligner que le partenariat de la NADC avec la société civile ne se limitera pas aux six ONG siégeant au conseil d’administration. Il sera étendu à toutes les ONG actives dans les domaines de la prévention, du traitement, des soins et de la réhabilitation liés à la drogue et au VIH/SIDA, sur l’ensemble du territoire, y compris Rodrigues. Ces ONG seront appelées à contribuer de manière structurée en tant que membres des groupes techniques de travail qui seront mis en place sous chaque division thématique de la NADC. Cette approche garantira une participation inclusive, une meilleure représentativité des réalités de terrain et une mutualisation des expertises au service d’une action concertée et efficace.
Le financement des actions de prévention, de traitement ou de soutien aux ONG pourrait soulever des soupçons d’opacité. Envisagez-vous un dispositif de reporting public, voire un audit indépendant annuel ?
Oui. Tous les financements seront publiés annuellement, accompagnés d’un rapport d’impact. Un audit externe sera commandé tous les ans et les résultats seront accessibles au public.
Il est important de préciser que le financement destiné aux ONG continuera de transiter par la National Social Inclusion Foundation (NSIF), dont un représentant siègera également au conseil d’administration de la NADC. Cette disposition permettra de garantir une transparence budgétaire accrue et une cohérence des financements avec les objectifs stratégiques du plan national de lutte contre la drogue.
De plus, une ONG bénéficiant d’un soutien devra se soumettre à une évaluation d’impact régulière. Des indicateurs de performance clairs seront définis conjointement avec les ONG partenaires pour mesurer l’efficacité des interventions dans les domaines de la prévention, du traitement, de la réhabilitation et du soutien psychosocial. Ce qui permettra d’assurer un suivi rigoureux, une meilleure reddition des comptes et une allocation optimale des ressources publiques.
À titre d’exemples, les indicateurs de performance pourraient inclure : le nombre de bénéficiaires directs des programmes. Ils pourraient indiquer le taux de rétention dans les parcours de traitement et l’adhésion aux programmes de réduction des risques. Le taux de réintégration sociale ou professionnelle des usagers pris en charge et la couverture géographique des interventions pourraient aussi être mentionnés. Les projets financés incluront des campagnes de sensibilisation communautaire. Il y aura des interventions éducatives en milieu scolaire et des services de prise en charge thérapeutique et psychosociale. Des programmes de réhabilitation et des actions ciblées pour les groupes vulnérables comme les jeunes, les femmes et les usagers en situation de précarité seront mis en place.
De nombreuses recommandations du rapport Lam Shang Leen sont restées lettre morte. La NADC entend-elle les réévaluer et les traduire en actions concrètes ?
Oui. Le rapport Lam Shang Leen constitue une base stratégique majeure pour la réforme du système de contrôle des drogues à Maurice. Ce rapport est un socle de référence.
Une cellule de suivi stratégique, placée au niveau du Conseil d’administration de la NADC ou constituée en tant que sous-comité officiel de ce Conseil, sera mise en place. Elle sera composée d’experts juridiques, de représentants des institutions concernées (police, justice, santé, éducation) et de la société civile pour passer en revue l’ensemble des recommandations formulées dans le rapport.
Cette cellule aura pour mandat de :
- Classer les recommandations selon leur nature (législative, administrative, opérationnelle, institutionnelle) et leur niveau de faisabilité ;
- Établir un plan d’action triennal avec des délais de mise en œuvre, des responsables désignés et des livrables attendus ;
- Élaborer des propositions de réforme concrètes, notamment en matière de réglementation des perquisitions, de formation des enquêteurs, d’encadrement des informateurs, de transparence dans la chaîne de justice pénale, et de lutte contre la corruption systémique ;
- Assurer un « reporting » public régulier sur l’état de mise en œuvre des recommandations, avec une plateforme dédiée sur le site du NADC ;
- Collaborer avec des institutions telles que la Commission anticorruption (FCC), le Judicial and Legal Studies Institute et les comités parlementaires pour un suivi intégré.
Ce travail de fond visera non seulement à restaurer la confiance du public dans les institutions chargées de la lutte antidrogue. Il permettra aussi de répondre aux failles systémiques dénoncées par le rapport avec des solutions durables, fondées sur l’état de droit, la justice équitable et la redevabilité.
Des parlementaires ont souligné la porosité maritime et les pratiques douteuses dans les zones portuaires et aéroportuaires. La NADC prévoit-elle un audit des points d’entrée et des failles douanières ?
Un audit national des points d’entrée sera lancé, avec l’appui de partenaires internationaux et d’experts en sécurité frontalière. Cet audit s’appuiera sur des méthodologies éprouvées telles que l’analyse des flux logistiques, les tests de vulnérabilité (« red teaming »), et l’évaluation des processus douaniers à l’aide d’indicateurs de performance comme le taux de contrôle effectif, le temps moyen de dédouanement et la fréquence des saisies non anticipées.
L’audit portera également sur les technologies en place, notamment les scanners à rayons X, les équipements de spectrométrie pour les substances chimiques, et les dispositifs biométriques. Des recommandations seront formulées pour l’acquisition de technologies plus performantes (scanners mobiles, détecteurs portatifs de drogues, bases de données interopérables) ainsi que pour le renforcement des capacités humaines par la formation spécialisée et la rotation des personnels en zones sensibles. Un plan de renforcement graduel assorti de jalons mesurables sera mis en œuvre dès la publication du rapport d’audit.
La lutte contre le trafic implique des risques, y compris pour les agents intègres et les familles qui dénoncent. La NADC mettra-t-elle en place un dispositif de protection institutionnelle des lanceurs d’alerte et des coopérants ?
Oui, la NADC s’engage à instaurer un mécanisme robuste et institutionnalisé de protection des lanceurs d’alerte, inspiré des meilleures pratiques internationales. Ce dispositif comprendra plusieurs volets :
- Anonymisation renforcée : un système de signalement sécurisé et crypté, accessible via une plateforme numérique indépendante, garantira la confidentialité totale de l’identité du dénonciateur.
- Appui juridique : les lanceurs d’alerte bénéficieront d’un accompagnement légal assuré par un réseau d’avocats accrédités et indépendants, couvrant à la fois les procédures internes et judiciaires.
- Soutien psychologique : un accès prioritaire à un accompagnement psychologique sera proposé, en particulier aux agents ou citoyens ayant subi des menaces ou du harcèlement en lien avec leur dénonciation.
- Protection physique et administrative : dans les cas à haut risque, un protocole d’intervention en partenariat avec la police permettra d’assurer une protection physique temporaire ou un reclassement professionnel pour les fonctionnaires concernés.
- Unité de suivi des signalements : une cellule dédiée au sein de la NADC supervisera le traitement des signalements, assurera le respect des délais, et préviendra toute forme de représailles ou de harcèlement institutionnel.
Ce dispositif fera l’objet d’un encadrement réglementaire clair et sera présenté au Parlement pour garantir sa légitimité, sa transparence et sa durabilité. La lutte contre la drogue ne peut réussir sans la confiance du public, et cette confiance commence par la protection de ceux qui osent parler.
Le certificat de moralité est actuellement requis pour toute demande d’emploi dans de nombreuses institutions, y compris dans le secteur public. La NADC envisage-t-elle une révision de cette exigence, notamment pour favoriser la réinsertion sociale des personnes en sortie de traitement ou anciennement condamnées ?
Cette question sera abordée avec toute la rigueur requise. Le certificat de moralité est un outil de vérification important, mais il peut constituer un frein majeur à la réintégration des anciens usagers ou des personnes réhabilitées. En collaboration avec le Bureau de l’Attorney General, la NADC proposera une révision encadrée de cette exigence, en envisageant des alternatives légales telles que des attestations de participation à des programmes de traitement certifiés, des engagements de suivi post-cure, ou encore des périodes probatoires accompagnées. Il est essentiel de trouver un équilibre entre sécurité publique et le droit à la seconde chance.

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