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Dr Farhad Aumeer : «J’ai des doutes sur le Molnupiravir vendu par CPN Distributors»

Il met en doute la qualité du Molnupiravir importé par CPN Distributors. La raison étant, selon le Dr Farhad Aumeer, que le laboratoire Optimus n’a pas donné la garantie que les normes et standards de Merck ont été respectés. 

En tant que médecin, quel regard jetez-vous sur l’affaire Molnupiravir ?
L’importation des médicaments est gérée avec légèreté au ministère de la Santé. C’est un processus crucial pour le traitement des patients. Il faut rappeler que Maurice n’a aucune industrie pharmaceutique et nous comptons uniquement sur l’importation pour nous approvisionner en médicaments.

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Le gouvernement a annoncé pour bientôt des franchises…
Effectivement. Il faut toutefois savoir qui sont ceux qui auront le privilège de représenter ces franchises à Maurice. Je souhaite que ce seront des représentants bona fide qui ont fait leurs preuves dans le domaine et non des proches du pouvoir.

Restons sur la question initiale. Votre avis sur l’affaire du Molnupiravir ?
Tout ce qui se rapporte à l’importation de médicaments est fait selon un système clair : le produit est identifié, analysé par le pays producteur et soumis au Pharmacy Board de Maurice. Puis, il y a l’acceptation ou le rejet des prix proposés. Je note avec appréhension que le Molnupinavir est fabriqué en générique sous licence de Merck. Actuellement, pas moins de huit laboratoires indépendants indiens ont eu la licence volontaire de Merck, soit Merck Sharp & Dhome (MSD) pour fabriquer le Molnupiravir pour l’exportation. 

Qu’en est-il du laboratoire  Optimus qui a eu le « go ahead » de la Drugs Authority indienne pour fabriquer et exporter le Molnupiravir ?
On n’a jusqu’ici aucune confirmation de CPN Distributors, du Registrar, du Pharmacy Board ou du Procurement Committee qu’Optimus a eu une licence de MSD (Merck) ou qu’il fabrique le médicament selon les normes de Merck. Optimus a envoyé à la Senior Chief Executive (SCE) du ministère de la Santé une correspondance le 1er décembre 2021 dans laquelle son directeur donne des détails sur la production et l’exportation du Molnupiravir. Mais, il n’y a aucune mention qu’il a obtenu l’autorisation de MSD ou que la pilule respecte le contenu chimique de Merck. C’est pour cela que la qualité des médicaments du Molnupiravir est remise en cause non seulement par moi, mais aussi par d’autres professionnels de la santé.

Le ministère de la Santé n’a pas exigé un certificat d’analyse de ces pilules d’Optimus ou de CPN Distributors ?
Dans une lettre en date du 7 décembre, le ministère de la Santé écrit à la compagnie CPN Distributors, lui demandant le Certificate of Analysis du laboratoire Optimus qui n’a jamais été soumis. Cela ne nous rassure pas concernant le respect des critères et du standard imposés par Merck. Le ministère de la Santé aurait dû envoyer une correspondance à CPN Distributors et Optimus et soulever trois interrogations pour savoir : 

(i) si le médicament a bien suivi la « good manufacturing practice » reconnue par l’OMS et la FDA, de même que l’European Agency for Medication ?
(ii)    pourquoi Optimus a fait plusieurs requêtes pour avoir la licence de Merck, en vain ?
(iii)    si Optimus a passé les tests cliniques du Molnupiravir à partir de l’autorisation de la Drugs Authority indienne, est-ce que le contenu chimique de la pilule est selon les normes et standards exigés par Merck ?
Remettez-vous en doute le générique Molnupiravir que le ministère de la Santé a acheté avec CPN Distributors ?

Je  demande au ministère de la Santé de faire tester cette cargaison d’un million de comprimés de Molnupiravir importés par CPN Distributors et fabriqués par le laboratoire Optimus en Inde. Je demande au Premier ministre de donner des instructions pour que le Molnupiravir en possession de la Santé soit soumis à des analyses au laboratoire de Merck aux USA. On saura alors si le Molnupiravir vendu au ministère respecte les normes de Merck ou alors si ce sont de fausses copies.

Pourquoi ces doutes ?
Toutes les compagnies qui ont obtenu la licence de Merck ont fait des logements de 40 unités pour le traitement d’un patient sur cinq jours, soit huit unités par jour. Optimus a fait des boîtes de 100 unités.

Pourquoi ?
Sans doute pour réduire le coût de l’exportation par avion…

Il faut que les boîtes contenant le Molnupiravir soient aux normes exigées par MSD, soit 40 et pas 100.

Optimus a en sa possession une autorisation en bonne et due forme d’une autorité médicale indienne dite sérieuse pour la production de ces comprimés. Est-ce à dire que le laboratoire aurait pu passer outre les normes strictes que Merck impose pour la production du Molnupiravir ?
Il y a trois aspects à éclaircir : 
(i)    Optimus doit confirmer s’il a eu l’autorisation de produire le Molnupiravir selon les normes de Merck (MSD) et non uniquement un permis d’exportation.
(ii)    qui à Maurice peut assurer que le standard a été approuvé par Merck ?
(iii)    Comment se fait-il que le Molnupiravir a été fabriqué deux mois de cela, bien avant que la licence n’ait été donnée par Merck aux huit laboratoires du consortium ?

J'ai des doutes concernant le Molnupiravir vendu par CPN Distributors. Moi-même, je refuserais d’en prendre.

Un autre importateur a obtenu une cotation d’Optimus pour du Molnupiravir à Rs 17 l’unité. Cela alors que CPN Distributors affirme avoir acheté à Rs 72 l’unité. Votre avis ?
Il y a une entreprise privée à Maurice qui travaille avec un laboratoire sous licence de Merck en Inde qui a offert la pilule à Rs 9,25 l’unité au ministère de la Santé. Pourquoi pas une proposition à Rs 17 d’Optimus ? Cette différence de prix apporte de l’eau au moulin de ceux qui ont des doutes sur la qualité et le prix du Molnupiravir importé par CPN Distributors. L’Icac et la police ont ouvert une enquête et on connaîtra alors le vrai prix d’achat, pas celui qui a été dévoilé par les services de communication de Jay Kumar (Akash) Chuttoo.

Il existe un flou autour du poids réel des 127 colis importés contenant le million de Molnupiravir par CPN...
Le ministère du Commerce aurait dû se poser des questions sur le poids de ces colis inscrit dans les Bills of Entry. Les officiers auraient dû demander à l’importateur comment se fait-il que le poids des colis est presque le double de ce qu’il aurait dû être. Mais, il y a un certain laxisme de part et d’autre au niveau des ministères.

CPN Distributors a également obtenu le contrat pour l’importation du Tocizulimab pour le compte du ministère de la Santé. Cela vous étonne-t-il ?
Ce médicament est destiné aux patients atteints de la Covid  qui sont symptomatiques. La question qui doit être posée est la suivante : comment se fait-il qu’une compagnie, CPN Distributors, qui n’a aucune expérience dans l’importation de produits pharmaceutiques est soudainement devenue experte en la matière et a obtenu des avantages de ceux qui siègent au 5e étage du bâtiment Emmanuel Anquetil. Alors que ceux qui sont dans le métier doivent patienter des mois avant d’obtenir l’aval des autorités pour importer des médicaments. From day one, CPN Distributors a été protégée. Jay Kumar Chuttoo est un blue-eyed boy d’une équipe du Procurement Committee qui gère l’octroi des permis.

La Santé doit faire analyser ces médicaments au laboratoire de Merck."

Pensez que des fonctionnaires bien aguerris aient pu faire un enfant dans le dos du ministre Jagutpal ?
Le ministre Jagutpal peut-il se dédouaner vu l’important volume de la commande de Molnupiravir ? Qui donne le feu vert pour le paiement, n’est-ce pas lui, à la suite des recommandations de ses officiers ? Il ne peut pas dire qu’il ne sait pas, parce que la SCE a dû lui montrer le dossier, lui donner les détails, les prix et rechercher son avis avant d’aller de l’avant ou de rejeter l’offre, parce que c’est le ministre qui est redevable devant le Parlement.  

Et le rôle du High Powered Committee (HPC) présidé par le PM ?
Il est étrange que le HPC n’ait pas eu un droit de regard sur le dossier Molnupiravir ou alors les membres de ce comité ont approuvé l’achat sans se poser de questions. Il est également possible que les documents qui  leur ont été soumis étaient incomplets. Ce serait très grave.

  • Leal

 

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