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Dr Benjamin Smith : «Maurice déterminera les axes prioritaires du soutien britannique de Rs 624 M»

En réponse à la présidence britannique de la COP26, le Taskforce on Access to Climate Finance a été établi en mars 2021. Après que Maurice en est devenu membre en décembre 2022, le Royaume-Uni a annoncé un soutien financier pouvant atteindre Rs 624 millions pour aider le pays à atteindre ses objectifs climatiques. Pourquoi le financement climatique est-il crucial ? Dans cette interview, le Dr Benjamin Smith, du UK Government’s Energy, Climate and Environment Directorate du ministère des Affaires étrangères, nous en dit plus. Il était à Maurice du 6 au 9 mars 2023.

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Qui êtes-vous ?
Je suis le Dr Benjamin Richard Smith. Je travaille pour le ministre des Affaires étrangères du Royaume-Uni. Je fais partie de l’équipe qui travaille sur l’accès au financement climatique et qui assure le secrétariat du Taskforce on Access to Climate Finance.

Pourquoi cette visite à Maurice ?
Je suis ici parce que Maurice vient de rejoindre le Taskforce on Access to Climate Finance en tant que sixième pays dit pionnier. Nous travaillerons avec Maurice en tant que pays pionnier et partenaire international pour améliorer l’accès au financement climatique. 

Pour Maurice, il s’agit d’expérimenter une nouvelle approche de l’accès au financement climatique qui, nous l’espérons, pourra ensuite être partagée plus largement et bénéficier à d’autres pays. Nous travaillerons également avec Maurice pour améliorer l’accès au financement climatique au niveau national, et pour faire en sorte que le système mondial, qui fournit un financement climatique à des pays comme Maurice, puisse fonctionner de manière plus efficace.

Six mois au départ pour établir le plan d’action mais avec l’espoir de prendre des mesures concrètes pour améliorer l’accès de Maurice au financement climatique»

Votre agenda durant ces trois jours ?
J’étais ici principalement pour rencontrer les partenaires du gouvernement mauricien, en particulier le ministère des Finances et le ministère de l’Environnement et du changement climatique. Nous allons travailler en étroite collaboration avec Maurice pour mettre en place ce que l’on appelle un « trial » pour le Taskforce on Access to Climate Finance. 

Cet essai sera mené par le pays pionnier et se concentrera sur l’amélioration de l’accès au financement climatique en fonction de ses priorités nationales. Il est très important que, dès le départ, nous travaillions en bonne collaboration avec le gouvernement mauricien, en particulier avec les principaux ministères, afin de capitaliser sur le bon travail déjà accompli en matière d’action climatique, d’accès au financement de cette action climatique. Nous mettrons également en place un pilote efficace pour aller de l’avant et améliorer l’accès de manière rapide et efficace, afin de mieux réaliser les premières actions que Maurice attend.

De combien de temps dispose Maurice pour présenter ses priorités nationales ?
La première étape concrète de ce « trial » initié par le Taskforce on Access to Climate Finance à Maurice consistera à travailler avec un conseiller stratégique, soit une seule personne soit une petite équipe qui, je l’espère, aura une bonne et solide compréhension du contexte mauricien ainsi que des meilleures pratiques internationales en matière d’accès au financement climatique. 

Dans un premier temps, cette personne travaillera à Maurice pendant six mois. Elle examinera ce qui doit être fait dès le départ pour répondre aux paramètres des domaines prioritaires du gouvernement mauricien. Elle cherchera aussi à comprendre ce qui est déjà en place en termes d’actions climatiques et de priorités afin de développer un plan de travail pour construire à partir de la situation existante et commencer à fournir des actions à la fois du côté de l’offre et de la demande. 

Il s’agit d’une part de travailler avec le gouvernement mauricien pour s’appuyer sur les meilleures pratiques internationales et obtenir un engagement national encore plus efficace en matière de financement climatique. D’autre part, il s’agit de travailler avec les partenaires de développement qui fournissent des financements climatiques, que ce soit à Maurice ou plus largement, afin de mieux coordonner les efforts et, nous l’espérons, améliorer l’accès du côté de l’offre. 

Donc, six mois au départ pour établir le plan d’action mais avec l’espoir de prendre des mesures concrètes pour améliorer l’accès de Maurice au financement climatique.

Les Nationally Determined Contributions de Maurice fixent déjà une série de priorités, y compris dans le domaine de l’adaptation»

Financement climatique : essentiel pour les pays en développement vulnérables ?
À travers le Taskforce on Access to Climate Finance, nous concentrons nos travaux sur les pays les moins avancés et sur les petits États insulaires en développement. La raison est très simple : ces deux groupes de pays sont les plus touchés par le changement climatique, les plus vulnérables au climat. Ils ont besoin d’accéder au financement climatique. 

Mais ces groupes de pays accèdent actuellement à moins de financement climatique que d’autres. Il est donc absolument essentiel qu’un système plus large travaille avec eux pour qu’ils puissent à la fois accéder à davantage de financement et mieux répondre à leurs priorités nationales, tout en accélérant et en amplifiant leur action en matière de climat.

Souvent, l’une des préoccupations est que le système ne répond pas nécessairement à la « speed, scale and support » des priorités nationales de ces pays.

Un soutien de Rs 624 millions à Maurice dans quels domaines ?
Les axes prioritaires pour ce « trial » du Taskforce on Access to Climate Finance seront établis par le gouvernement mauricien. À partir de mes premières réunions ici, ils seront mieux éclairés par le travail du conseiller stratégique. Les priorités seront encore une fois plus dirigées par le pays et découleront de cela. 

Je pense qu’il ressort clairement des premières discussions que les Nationally Determined Contributions (NDC) de Maurice fixent déjà une série de priorités, y compris dans le domaine de l’adaptation. Bien que le Task Force on Access to Climate Finance ne soit pas limité à l’adaptation, le Royaume-Uni agit en tant que donateur d’ancrage pour Maurice. Il dirige donc la coordination et la promotion du Taskforce on Access to Climate Finance, avec les autres fournisseurs de financement climatique. 

Dans le cadre de ce rôle, nous ferons plusieurs choses. Tout d’abord, le secrétariat du Taskforce on Access to Climate Finance financé par le Royaume-Uni, soutiendra le conseiller stratégique qui contribuera à la mise en œuvre de cet essai avec Maurice comme pays pionnier. Nous examinerons également s’il y a besoin d’une assistance technique supplémentaire et tirerons des conclusions à partir de ce travail. 

Parallèlement, le Royaume-Uni a également l’intention d’utiliser le soutien du Taskforce dans tous les pays pionniers pour élaborer une offre programmatique. Le montant mentionné représente donc le type de financement que nous espérons voir le Royaume-Uni apporter et mettre à disposition par l’intermédiaire du Taskforce on Access to Climate Finance.

Nous aimerions que cette offre soit plus généreuse mais le niveau de besoin des actions nationales et l’ambition de Maurice sont relativement élevés»

Cela répondra-t-il aux besoins des NDC ? 
Non. Nous aimerions que cette offre soit plus généreuse mais le niveau de besoin des actions nationales et l’ambition de Maurice sont relativement élevés. Nous espérons donc que cette contribution permettra de réaliser plusieurs choses. 

Elle contribuera à soutenir un ou deux domaines prioritaires que Maurice présentera dans le cadre de ce essai du Taskforce on Access to Climate Finance sur le plan national. Elle catalysera ensuite, nous l’espérons, un soutien plus large. Nous espérons que d’autres donateurs bilatéraux et trilatéraux se joindront à nous, non seulement pour coordonner mais aussi pour améliorer le financement climatique à Maurice et dans d’autres pays. 

Il est évident qu’un niveau de financement considérable est nécessaire pour mener à bien les actions requises et nous espérons vivement que notre soutien contribuera à mobiliser d’autres donateurs autour de ces besoins. Comme les banques multilatérales et le secteur privé etc.

Pour ces « trials » du Task Force on Access to Climate Finance, combien de pays pionniers ?
À ce jour, il y en a six. Ils sont le Bangladesh, les îles Fidji, la Jamaïque, le Rwanda, l’Ouganda et Maurice. Nous espérons étendre cette approche par la suite à plus de pays. 

What’s next ?
À travers des rencontres virtuelles, nous allons échanger des connaissances et des bonnes pratiques internationales avec les pays pionniers et créer des groupes de travail basés sur les actions déjà entreprises au niveau national. Nous travaillerons ensemble pour être les pionniers d’un système les encourageant à atteindre leurs objectifs en matière de changement climatique. 

Quant à Maurice, les prochaines étapes concrètes consisteront à nommer un conseiller stratégique et à former une petite équipe. Mais aussi à travailler avec le gouvernement britannique pour amplifier ce qui a été fait et définir les priorités de Maurice tout en élaborant un plan de travail.
 

 

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