Le consultant technique et légal en cybersécurité, Dr Avinash Ramtohul, remet en cause le réenregistrement des cartes SIM. Il estime qu’il s’agit d’un moyen de collecter des données personnelles juste avant les élections générales. Il s’inquiète également du logiciel utilisé.
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Dr Avinash Ramtohul, consultant technique et légal en cybersécurité, remet en cause l’exercice de réenregistrement des cartes SIM ainsi que son timing. « Le rapport Lam Shan Leen n’a jamais prescrit le réenregistrement des cartes SIM pour toute la nation. Il y avait de nombreuses autres options disponibles, notamment le réenregistrement ciblé des personnes sur une liste surveillée, les suspects potentiels, et ceux qui ont plus d’un certain nombre de cartes SIM à leur nom. Aussi, les trafiquants de drogue peuvent également utiliser WhatsApp où les cartes SIM ne sont pas requises, ou une e-SIM enregistrée au nom d’une tierce personne. Par conséquent, tout le processus semble être une mascarade pour contraindre la collecte de données personnelles, y compris les photos des citoyens. Il pourrait y avoir une potentielle violation de l’article 28 de la Loi sur la protection des données de 2017 », affirme-t-il.
Le consultant estime que les contrats liant les abonnés aux opérateurs ne permettent pas à ces derniers de partager des données de leurs clients auprès du régulateur. Dr Avinash Ramtohul s’inquiète de l’utilisation qui peut être faite des données biométriques, dont notamment les photos des abonnés. « Nous sommes sérieusement préoccupés par la manière dont l’intelligence artificielle (IA) générative peut utiliser nos données pour créer de faux médias (deepfake) afin de causer des préjudices en ligne. [...] Techniquement, les photos peuvent être utilisées pour de la reconnaissance faciale avec le système de vidéosurveillance Safe City qui est exempté des lois sur la protection des données. Ainsi, les mouvements de personnes peuvent être suivis en temps réel. Le timing semble douteux alors que nous sommes dans une année électorale. Pendant quatre ans, un tel projet n’a pas été mis en œuvre. Soudainement, le réenregistrement des cartes SIM est devenu extrêmement important avec des menaces de désactivation si elles ne sont pas réenregistrées d’ici le 30 avril 2024 », lance l’expert.
Dr Avinash Ramtohul demande aux autorités des éclaircissements sur l’exercice de réenregistrement des cartes SIM. Il indique que le processus nécessite l’utilisation d’un logiciel au niveau de l’Information and Communication Technologies Authority (Icta). Il s’agit d’un intergiciel (middleware), c’est-à-dire un logiciel qui fonctionne comme un intermédiaire. « Tout comme n’importe quel autre logiciel, il exécute des processus. Cependant, personne ne sait ce que font ces processus. Le public n’a pas été informé de cela car l’intergiciel fonctionne comme une boîte noire. Généralement, les personnes qui développent des logiciels ne sont pas soumises à un serment, comme par exemple les médecins et les ingénieurs, ni à un code de déontologie. Par conséquent, la boîte noire peut copier et stocker des données qui transitent par l’Icta », alerte Dr Avinash Ramtohul dans une déclaration au Défi Media Group.
Le consultant préconise donc que le fonctionnement du logiciel soit rendu public et audité par « une entreprise d’audit logiciel crédible, indépendante et internationale ». Il souhaite également que le code source de l’intergiciel puisse être vérifié à tout moment par des entités autorisées.
Sollicitée par Le Défi Media Group pour une réaction, la direction de l’Icta s’est contentée de déclarer : « Nous ne sommes pas d’accord avec ce qui a été dit ». Le régulateur précise qu’à ce jour, prêt de 1,2 million de cartes SIM ont été réenregistrées. Ce chiffre comprend également de nouvelles cartes SIM enregistrées pour la première fois.
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