La double pratique des médecins de l’État fait toujours débat. Le mardi 17 janvier, Abdoollah Earally a reçu à l’émission « Grand Journal », le ministre de la Santé Anil Gayan, Dawood Oaris, président de l’association des cliniques privées et le Dr Zouberr Joomye, spécialiste en médecine interne et député de l’opposition.
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Le walk-out des syndicalistes et des médecins, lors du colloque sur la double pratique des médecins de l’État lundi, a été condamné par les invités. Zooberr Joomye déplore même le fait que les syndicalistes aient « hijacked » ce forum.
Anil Gayan affirme qu’après ce forum, la prochaine étape sera d’obliger les « brebis galeuses » à rentrer dans les rangs. Le ministre a même brandi la menace des sanctions disciplinaires et pénales « comme le prévoient les lois et les règlements ». Il a aussi expliqué que son ministère envisage de placer des gestionnaires à la tête des hôpitaux et non pas des médecins. La raison, selon lui, c’est qu’actuellement, les gestionnaires sont aussi des médecins et collègues de ceux qui ne respectent pas les règlements.
«Chaos total»
« J’avoue qu’il y a eu un chaos total et le ministère de même que les gestionnaires des hôpitaux sont responsables. Il n’y a pas eu de contrôle sur les mouvements de médecins », a fait valoir le ministre. Il annonce, cependant, que les conditions attachées à la double pratique des médecins seront amendées à la lueur des discussions. C’est après deux mois d’enquête et de témoignages que le ministère est arrivé à la conclusion que certains médecins ont fait de la profession médicale un « big business ».
Le ministre affirme que certains médecins ont repoussé des opérations dans le public pour opérer dans le privé. « Ce n’est pas possible que des médecins de l’État opèrent dans le privé durant leurs heures de travail. Ils devront donner des explications sur ces agissements », a-t-il indiqué. Le ministre indique que certains médecins auraient falsifié les registres.
Le Dr Dawood Oaris insiste sur le fait que les responsables des cliniques doivent jouer leurs rôles en aidant le ministère à mettre de l’ordre. Toutefois, il contredit l’enquête du ministère. Il soutient que quelqu’un a mal fait son travail, car la presse a parlé de sept médecins ciblés. Il avance que trois de ces médecins sont passés à la clinique avant 8 heures et ont gagné l’hôpital public avant 9 heures.
Mettre de l’ordre
« Nous l’avons vérifié. » Le nom d’un autre était inscrit comme pédiatre lors d’un accouchement ce matin-là, mais il n’était pas présent. Deux autres ont fait la réservation de salles d’opération dans des cliniques avant 16 heures, mais c’est après 16 heures qu’ils les ont utilisées. Il affirme que le ministre ne doit pas prendre de sanctions aux dépens des patients.
Pour Zooberr Joomye, il est impératif que le ministère mette de l’ordre dans le système. Il affirme que la pratique privée ne peut pas se faire durant les heures de travail. Le député propose d’avoir des médecins spécialisés dans la gestion des hôpitaux.
« Un administrateur doit savoir où se trouve un médecin. Il manque des conditions attachées à la Private Health Institution Licence. La direction d’une clinique doit faire en sorte qu’un patient ne soit pas traité par un médecin qui n’est pas supposé être là. »
Intervenant durant l’émission, le chirurgien cardiaque Sunil Gunness a fait ressortir qu’il ne faut pas interdire la double pratique. « Le nombre de spécialistes est limité. Il faut se battre contre les brebis galeuses. Ce n’est pas possible qu’un médecin opère dans le privé durant ses heures de service dans le public », fait-il aussi ressortir.
Travail dans le privé - Un médecin à la retraite : «Pourquoi le contrôle a-t-il échoué ?»
«Les débats n’auraient pas dû être axés sur les abus engendrés par le privilège accordé aux médecins du service public, afin qu’ils puissent aussi exercer dans le privé. On aurait dû voir pourquoi le mécanisme de contrôle existant n’a pas fonctionné. » Les arguments de cet ancien médecin spécialiste sont sans équivoque.
Il est d’avis que le ramdam qu’il y a autour de la double pratique est faussé parce qu’on ne s’est pas posé les bonnes questions. « Quand il y a des voleurs, on met en place un système de surveillance pour les contrôler. On ne peut pas mettre tout le monde dans le même panier », explique-t-il.
Selon lui, il y a d’abord des cliniques privées qui ont « fermé les yeux » sur la présence des médecins spécialistes venant du service public dans leurs locaux à des heures où ils étaient censés être en train de s’occuper des patients de l’hôpital.
C’est un des chevaux de bataille du ministre de la Santé actuellement. Le ministre estime que les médecins de l’État qui sont payés des deniers publics doivent être disponibles durant les horaires établis.
Tarifs élevés
Pour l’ancien médecin spécialiste, le combat que mène le ministre est louable, mais il ne faudrait pas pour autant mélanger torchons et serviettes. « Le contrôle par le management de la Santé a échoué. Le problème n’est pas la double pratique, mais le contrôle de ce privilège. »
Il ajoute que quand il y a eu des dénonciations, des sanctions auraient dû être prises rapidement au lieu de laisser la situation s’envenimer. Il salue ainsi les initiatives pour mettre de l’ordre.
Selon ce médecin spécialiste, la double pratique devrait continuer, afin d’éviter un monopole parmi les médecins du privé qui pourraient alors pratiquer le tarif de leur choix. « Actuellement, puisque les médecins du public ont la possibilité d’exercer dans le privé en proposant un prix ‘raisonnable’, ils ne peuvent pas pratiquer des prix trop élevés », soutient-il.
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