Editor's-choice

Double meurtre de Camp-de-Masque-Pavé - Vikram Rughoobin: « Yeshna rêvait d’Australie »

Une semaine déjà qu’est survenu le double meurtre de Camp-de-Masque-Pavé. La douleur est vive. Nous l’avons d’ailleurs ressenti en pénétrant la maison des Rughoobin, à Proag Lane, Mare-aux-Goyaves, Camp-de-Masque-Pavé, cette semaine. Vikram Rughoobin était perdu dans ses pensées. Difficile pour lui de contenir ses larmes en nous parlant de sa fille Yeshna, 13 ans, et de sa mère Reshma, toutes deux tuées le vendredi 26 février. Le père ne cesse de murmurer une phrase : « Yeshna était une bonne fille. » Il se remémore qu’elle aimait la vie, qu’elle excellait dans ses études et que son rêve était de devenir enseignante. « D’ailleurs, lorsque nous étions à Maurice, elle avait pour habitude, après les heures de classe, de prendre ses poupées, de les mettre sur un banc en les traitant comme ses élèves alors qu’elle jouait le rôle de la prof. » Mais ce dont ce père meurtri se souvient surtout, c’est que Yeshna rêvait de les rejoindre au plus vite en Australie. « Le jeudi 25 février, elle m’a même demandé si tout était prêt. Vu que mes deux enfants devaient nous rejoindre le mois prochain, ma femme et moi avions déjà tout préparé pour les accueillir. » Or, relate-t-il, les procédures ont pris plus de temps que prévu. « Les enfants devaient nous rejoindre depuis l’année dernière mais les démarches ont tardé. » Il se dit convaincu que « si bann demars pa ti tarde, mo tifi ti pou avek mwa zordi ». Des souvenirs des vacances que les enfants ont passées avec son épouse et lui, au pays des kangourous, lui reviennent alors : « C’était en novembre 2014. Les enfants, ma femme et moi avons visité plusieurs régions d’Australie. J’ai même acheté une piscine gonflable pour ma fille. Elle a adoré. Elle était impatiente de venir y vivre. »

« Tout a basculé »

Mais « tout a basculé », confie Vikram. D’ailleurs, la plus grande crainte du couple quand il a quitté Maurice, début 2014, pour aller travailler en Australie était qu’il arrive malheur aux enfants. « Nous n’avions pas l’esprit en paix. On pensait toujours à nos enfants. On s’inquiétait pour eux, surtout lorsqu’on lisait des articles faisant état de crimes commis à Maurice. Nou ti touzour ena enn frayer enn kitsoz ariv nou zanfan kan nou pa la. Zordi monn perdi mo tifi ek mo mama », confie Vikram. Il précise que sa femme et lui appelaient souvent leurs enfants pour avoir de leurs nouvelles. « Si nous sommes partis en Australie, c’est pour offrir une vie meilleure à nos enfants, car la vie est chère à Maurice. » Vikram ne compte d’ailleurs pas laisser son fils ici. « Dès que la situation retournera à la normale, je l’emmènerai avec moi. »
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"12381","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-20278","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"Reshma Rughoobin"}}]] Reshma Rughoobin avait confié à son fils qu’elle avait reçu des appels anonymes deux semaines avant le drame.

<
Publicité
/div> [row custom_class=""][/row]

« Appels anonymes »

Le père de famille s’interroge alors sur les intentions de Tavish. « S’il n’avait pas l’intention de les tuer, pourquoi avait-il en sa possession un cutter et un canif ? Heureusement que mon fils a prétendu être mort. Sinon, son agresseur lui aurait sans doute assené d’autres coups et il serait mort à l’heure qu’il est. » Selon le père de famille, sa mère Reshma lui a raconté qu’elle avait reçu des appels anonymes deux semaines avant le meurtre. « Elle m’a dit qu’un individu la harcelait sur son téléphone portable. L’auteur aurait dit à ma mère de vérifier les cahiers de Yeshna. Apre li finn demann mo mama kot Yeshna so paran ete ek linn koup telefonn-la », se remémore Vikram. Toujours selon ses dires, sa mère, pensant que l’appel venait de la direction du collège, s’y serait rendue le lendemain. Sur place, des responsables lui auraient fait comprendre qu’ils ne l’avaient jamais appelée, en lui indiquant, dans la foulée, qu’ils n’avaient aucun reproche à faire au sujet de Yeshna. « Ma sœur et moi lui avons alors demandé de porter plainte à la police », explique Vikram.
 

Vikram: « Le père du suspect était un homme respectable »

Vikram Rughoobin raconte qu’il a connu le père de Tavish, qui n’est aujourd’hui plus de ce monde. Il relate qu’il entretenait des relations cordiales avec cet homme qui lui a appris à réparer des véhicules alors qu’il n’avait que 14 ans. « Il était mécanicien. Je travaillais avec lui. Il était toujours gentil et de bon conseil. D’ailleurs, il m’emmenait souvent avec lui quand il se rendait à la plage. Le père de Tavish était un homme respectable », confie Vikram. Le père de Yeshna laisse échapper qu’il ne pourra jamais pardonner à Tavish, même si ce dernier lui présente des excuses. « Ma mère et ma fille ont été tuées de façon atroce. C’est un acte barbare. Mem si Tavish ekskiz li, zame mo pou regagn mo tifi ek mo mama. » Avant d’ajouter qu’il souhaite que leur agresseur soit sévèrement puni.
 

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"13960","attributes":{"class":"media-image alignright size-medium wp-image-20280","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"300","height":"285","alt":"m\u00e8re de Yeshna"}}]]Asha, la mère de Yeshna: « Ma fille et moi étions les meilleures amies »

Le jeudi 25 février. C’est le jour où elle a parlé à Yeshna pour la dernière fois. Et Asha Rughoobin s’en souvient encore. « Je l’ai appelée. C’est elle-même qui a décroché. Je lui ai demandé si son frère et elle se portaient bien. Elle m’a répondu que tout allait bien. » Asha confie lui avoir alors demandé si le temps s’était amélioré, vu qu’il pleuvait à Maurice. Elle lui a ensuite posé des questions sur ses études. Conversation qui aura duré une bonne quinzaine de minutes. « On rigolait beaucoup. Elle était joyeuse. Yeshna et moi étionsles meilleures amies. J’ignorais que c’était la dernière fois que j’entendais sa douce voix.Elle était la lumière de la famille. » Asha explique qu’elle doit à présent prier pour son fils, qui est à l’hôpital. « Mo lamin drwat inn fini koupe. Pa les mo lamin gos koupe. Aster, priy pou mo garson. Mo pa kone kifer sa garson-la inn bizin touy mo zanfan. Ma fille avait toute la vie devant elle. »
 

Le petit frère a donné sa version à la police

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"12382","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-20279","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"Famille Vikram"}}]] Les enfants devaient rejoindre leurs parents depuis l’année dernière.

[row custom_class=""][/row] Bien qu’il soit toujours admis à l’hôpital, le frère de Yeshna, âgé de 11 ans, se porte légèrement mieux. Mercredi, il a donné une première déposition aux enquêteurs de la MCIT. Il a dit qu’il ne connaît pas le nom de leur agresseur mais qu’il le connaît uniquement de vue.
 

Des photos de Yeshna Rughoobin sur le cellulaire du suspect

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"12384","attributes":{"class":"media-image alignright size-full wp-image-20281","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"300","height":"330","alt":"Yeshna Rughoobin"}}]]Babita, la mère de Tavish, le suspect de 17 ans, a remis le cellulaire de ce dernier aux enquêteurs de la Major Crimes Investigation Team (MCIT), le week-end dernier. Ceux-ci ont déposé le téléphone à l’IT Unit de la police à des fins d’analyse. Selon nos renseignements, plusieurs photos de Yeshna Rughoobin auraient été retrouvées sur le portable de l’adolescent. L’on n’écarterait pas non plus la possibilité que le jeune homme se les soit procurées sur la page Facebook de l’adolescente. Autre point relevé : le cellulaire ne contenait pas de SIM Card. Les messages et les appels aussi ont tous été effacés. Il nous revient que le dernier appel que Tavish a fait sur son portable pour contacter Yeshna remonte au 19 février, soit une semaine avant le drame. La police soupçonne qu’il a utilisé un autre cellulaire pour appeler l’adolescente à compter du 19 février. Selon la mère du suspect, il semblerait que vendredi dernier, Tavish avait laissé son cellulaire à la maison avant de se rendre chez les Rughoobin. « J’ai constaté que la batterie de son téléphone était morte. Je ne comprends pas grand-chose à l’informatique. Au contraire, je demandais à mon fils de me montrer comment l’utiliser », confie-t-elle. Elle ajoute qu’elle lui a acheté ce téléphone, qui coûte Rs 13 000, à crédit l’année dernière. « Tavish avait besoin d’Internet pour faire des projets au collège. Comme nous n’avons pas d’ordinateur, je lui ai acheté ce portable pour qu’il puisse faire ses devoirs. » Une tablette tactile appartenant au jeune homme a aussi été retrouvée au domicile du suspect. C’était lors d’une fouille effectuée par une équipe de la MCIT en présence de Babita. L’appareil informatique sera bientôt examiné par l’IT Unit. Par ailleurs, les cellulaires de Yeshna et de sa grand-mère ont également été saisis par la police avant d’être envoyés à l’IT Unit pour y être analysés.
 

Le grand-père « sombre peu à peu dans la dépression »

Suresh Rughoobin, l’époux de Reshma, a perdu la joie de vivre. « Mon père a cessé de fumer pendant trois ans. Mais il a recommencé après le double meurtre. Il a l’air de sombrer peu à peu dans la dépression », raconte Vikram. Pas plus tard que mercredi, dit-il, il a disparu de la maison. « Nous l’avons cherché pendant 45 minutes. Son comportement a changé. Il ne parle presque plus. » Par ailleurs, Vikram ne cache pas sa colère envers des internautes. « Certains ont posté des commentaires désobligeants sur ma fille sur Facebook sans savoir de quoi il en retourne. Ma fille n’a aucune relation avec son agresseur et elle a été tuée de manière atroce. Je condamne sévèrement cet acte et je souhaite que la police prenne les actions nécessaires contre ces internautes », fulmine Vikram.
Related Article
 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !