Donald Trump est devenu ce vendredi 20 janvier le 45e président des Etats-Unis, prenant les rênes d'un pays profondément divisé, tant son style et ses propos, volontiers provocateurs, ont attisé les tensions.
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Main gauche sur la bible, main droite levée, le magnat de l'immobilier, porté au pouvoir sur une rhétorique anti-élites, a prêté serment comme l'ont fait avant lui George Washington, Franklin D. Roosevelt ou John F. Kennedy.
«Je jure solennellement de remplir fidèlement les fonctions de président des Etats-Unis, et, dans toute la mesure de mes moyens, de sauvegarder, protéger et défendre la Constitution des Etats-Unis», a-t-il déclaré, sur les marches du Capitole, cravate rouge et visage grave.
La cérémonie, suivie en direct par des millions de personnes à travers le monde, a un goût de revanche pour l'homme d'affaires de New York dont l'annonce de candidature, en juin 2015, avait été accueillie par des ricanements, chez les républicains comme chez les démocrates.
A 70 ans, sans la moindre expérience politique, diplomatique ou militaire, il succède à la tête de la première puissance mondiale au démocrate Barack Obama, 55 ans, sous le regard inquiet des alliés des Etats-Unis, échaudés par ses déclarations tonitruantes, parfois contradictoires.
Outre M. Obama, trois ex-présidents étaient sur place: Jimmy Carter, George W. Bush et Bill Clinton. Hillary Clinton, battue lors de l'élection du 8 novembre, était également présente.
Dès avant l'aube, sous un ciel menaçant, des milliers d'Américains s'étaient rassemblés sur le National Mall qui fait face à l'imposant bâtiment. Mais les vues aériennes des immenses pelouses montraient une mobilisation populaire limitée, dans un contraste saisissant avec l'inauguration de Barack Obama, au même endroit, il y a huit ans.
Chez les partisans de la première heure du républicain, l'espoir était sincère, avec la conviction d'assister au début "d'une nouvelle ère".
«Je ne suis pas d'accord à 100% avec la façon dont (Donald Trump) s'exprime mais c'est un homme d'affaires qui a réussi et ce n'est pas un politicien », dit Miguel, 54 ans. «Je pense qu'il tiendra ses promesses», ajoute-t-il.
«Il a su faire simple pour les gens moyens, et il a réussi à rassembler les gens», affirme Michael Hippolito, policier new-yorkais à la retraite.
«Tout commence aujourd'hui»
«Tout commence aujourd'hui !», avait lancé Donald Trump dès le lever du jour sur Twitter : «LE MOUVEMENT CONTINUE, LE TRAVAIL COMMENCE !».
Pour cette journée historique, Donald Trump et sa femme Melania ont suivi la même tradition protocolaire que leurs prédécesseurs. Après s'être rendus à l'église St John, ils ont été accueillis pour un thé à la Maison Blanche par Barack et Michelle Obama, en compagnie également du futur vice-président Mike Pence et son épouse, puis ont rejoint le Capitole.
Après le temps de la campagne (17 mois) et celui de la transition (deux mois et demi), voici venu celui de l'exercice du pouvoir (quatre ans) pour cet ancien animateur d'une émission de téléréalité qui a promis de «rendre sa grandeur à l'Amérique».
Il a obtenu 63 millions de voix contre les 65,8 millions d'Hillary Clinton, pourtant perdante dans le système de suffrage indirect.
Des manifestations hostiles se sont déroulées jeudi soir à New York, et vendredi matin à Manille devant l'ambassade américaine. D'autres étaient attendues vendredi à Prague, Bruxelles, Berlin ou Londres.
A Washington, dans le centre-ville, des manifestants antiracistes, féministes ou autres faisaient face à la police et aux supporteurs du milliardaire, aux cris de «Non à Trump, non au KKK, non aux Etats-Unis fascistes !».
Plusieurs centaines de manifestants masqués et habillés de noir ont provoqué des incidents lançant des pierres et cassant des vitrines. La police a fait usage de gaz lacrymogène pour les disperser.
Dans une journée chargée en rituels dont l'Amérique est friande, le 45e président de l'histoire américaine prononcera un discours d'investiture moins en forme de programme que de «vision», assure son entourage.
Son équipe annonce pour le début de la semaine prochaine une série de décrets visant à défaire une partie du bilan de son prédécesseur démocrate (climat, immigration...) et à ébaucher le sien. Il pourrait en signer quelques-uns dès vendredi.
La tâche s'annonce ardue pour l'auteur du best-seller «The Art of the Deal», qui a promis, avec un sens de la formule qui enchante ses partisans et consterne ses détracteurs, d'être «le plus grand créateur d'emplois que Dieu ait jamais créé».
La constitution de ses équipes a été difficile tant la victoire a pris le camp républicain par surprise. Les premières semaines pourraient être chaotiques.
Et jamais depuis 40 ans un président américain n'avait pris le pouvoir avec un niveau d'impopularité aussi élevé.
Ceux qui espéraient que la fonction change l'homme ont été déçus.
Sur Twitter, le septuagénaire continue de régler quotidiennement ses comptes avec ceux qui le critiquent.
«Il semble vouloir se battre contre tous les moulins à vent de la terre plutôt que de se concentrer sur le fait d'endosser le poste le plus important au monde», a résumé d'une formule assassine le sénateur républicain John McCain.
Résultat, l'opposition démocrate fourbit ses armes, et des dizaines d'élus boycotteront la cérémonie.
Sur la scène internationale, le bouillant promoteur immobilier a déjà décoché ses flèches à l'encontre de la Chine, de l'Otan ou encore de la chancelière allemande Angela Merkel.
Or c'est sur ce front que son mandat à venir suscite les plus grandes interrogations. Les dirigeants de la planète s'interrogent sur la valeur exacte à accorder à ses déclarations quand les responsables qu'il a nommés à la diplomatie ou au Pentagone prennent des positions apparemment inverses, comme sur la Russie de Vladimir Poutine ou l'accord nucléaire iranien.
Juste après la cérémonie, Barack Obama, 55 ans, s'envolera directement vers la Californie pour ses premières vacances d'ex-président.
Après huit années au pouvoir, le président démocrate qui a surmonté une crise économique et financière menaçant de tout emporter sur son passage a indiqué qu'il entendait rester à l'écart de la «mêlée» pour laisser son successeur gouverner, mais à condition de ne pas franchir certaines lignes rouges.
«Je ne m'arrêterai pas; je resterai là avec vous, en tant que citoyen», a écrit Barack Obama sur Twitter, l'un de ses derniers tweets sous le compte @POTUS.
Avec AFP
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