C'est une mine d'or pour les Mauriciens férus d'histoire. La Central Intelligence Agency (CIA), le service de renseignement américain, a mis en ligne 12 millions de documents déclassifiés datant de sa création, dans les années 40, jusqu'aux années 80.
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Une simple recherche sur les hommes politiques mauriciens indiquent que sir Seewoosagur Ramgoolam voulait désespérément s'accrocher au pouvoir aux élections de 1982, que sir Anerood Jugnauth était perçu comme quelqu'un qui allait ménager l'Occident sur le dossier Chagos s'il allait être réélu en 1987 alors que Paul Bérenger avait déjà la réputation d'être
« réticent à accepter aussi bien des conseils que des critiques ».
L'outil de recherche baptisé CREST - CIA Records Search Tool - est disponible en ligne depuis mercredi après avoir longtemps été accessible qu'à la National Archives and Records Administration dans le Maryland, aux États-Unis. Parmi les pépites trouvées par Le Dimanche-L’Hebdo figurent un document daté du 1er mars 1969 recensant les îles de l'océan Indien. Outre le fait de qualifier Maurice de « overpopulated, overcultivated, and racially explosive », voire de « sociological pressure-cooker », la CIA indique que les Britanniques ont mis la main sur l'archipel des Chagos dans l'expectative de l'indépendance mauricienne dès 1965.
« Formely, these islands were administered from Mauritius. In November 1965, however, anticipating Mauritius independence, in March 1968, the islands were reorganised as a dependent territory of the United Kingdom, administered from London », indique ce document. « Largely ignored for centuries, the islands' location in relation to Asia has increased their strategic value enormously. The United States is constructing a Naval base on Diego Garcia, the southernmost atoll of the archipelago. This base when completed will provide deepwater anchorage for the largest naval vessels, a staging area, refueling and repair facilities, and a rest and recreation site for the US Navy », ajoute l'auteur.
« Several of the other atolls in the Chagos are al inhabited, mainly by workers brought in several generations ago to work on coconut plantations », fait ressortir ce même rapport. D'autres documents évoquent les craintes de New-Delhi ainsi que les « propagandes » de Moscou autour du projet de base navale à Diego Garcia construite à 14,8 millions de dollars. Aux sénateurs américains opposés à un tel projet, leurs collègues au Congrès évoquent la présence russe dans l'océan Indien, tel le mouillage de navires de guerre russes à Port-Louis.
À la veille des élections de 1982, la CIA avait déjà prédit la victoire de l'alliance MMM-PSM et de la démarche de Paul Bérenger de négocier avec les Américains au lieu des Britanniques sur le dossier Chagos, tout comme sir Seewoosagur Ramgoolam en 1971. Trois ans plus tôt, elle voyait se dessiner une coalition entre le Parti travailliste et le MMM. Il était aussi question que sir Seewoosagur Ramgoolam démissionne comme Premier ministre pour céder la place à sir Satcam Boolell. En 1987, cependant, la CIA craignait que, s'il remportait les élections, il allait renouer des contacts avec la Libye, pourvoyeuse de fonds au MMM cinq ans plus tôt, et de se rapprocher des Russes. Elle explicite dans un autre rapport daté de 1982 les activités libyennes sur le sol mauricien et l'avertissement du bureau du Premier ministre qui s'était ensuivi.
Chagos : sollicitée par la Grande-Bretagne, l’Inde se dédouane
L’Inde ne se rangera pas du côté des Britanniques dans le litige les opposant à Maurice sur la souveraineté de l’archipel des Chagos. Sollicités par la Grande-Bretagne pour intervenir auprès de Maurice, les hauts officiels indiens ont fait comprendre à Boris Johnson, Foreign Secretary, que « c’est au Royaume-Uni et à Maurice de trouver une solution amicale ». Le sujet n’a toutefois pas été évoqué entre Boris Johnson et le Premier ministre, Narendra Modi, qui se sont rencontrés jeudi. Boris Johnson a laissé entendre aux hauts officiels indiens que les Chagos, et plus particulièrement Diego Garcia avec sa base militaire, sont d’importance stratégique pour la région, y compris pour l’Inde.
Au niveau de Maurice, on a toujours soutenu qu’il n’y a aucun problème particulier par rapport à cette base militaire. Au Parlement, l’année dernière, le Premier ministre sir Anerood Jugnauth avait d’ailleurs déclaré que Maurice n’a aucunement l’intention de prendre une décision par rapport à la base militaire des Américains et qu’elle est prête à maintenir le bail à long terme sur Diego Garcia.
Rencontre Maurice/ Grande-Bretagne : deuxième round des discussions le 2 février
Les hauts officiels mauriciens et britanniques devaient se rencontrer à Londres entre le 21 et le 24 janvier. Vendredi, les deux parties sont tombées d’accord que le deuxième round de négociations sur la souveraineté des Chagos aura finalement lieu jeudi, le 2 février. Pour Maurice, il n’est pas question que les discussions se fassent sous le « sovereignty umbrella », comme proposé par la partie britannique lors de la première rencontre du 9 novembre dernier à Maurice. La délégation britannique, menée par Peter Hayes, en sa capacité de Director for Overseas Territories at the Foreign and Commonwealth Office, avait insisté pour que les discussions aient lieu sous ce
« sovereignty umbrella ».
Si la Grande-Bretagne insiste sur ce terme, Maurice pourrait mettre fin aux discussions et demander aux Nations-Unies l’autorisation de porter ses revendications sur la souveraineté des îles Chagos devant la Cour internationale de justice. Idem si la Grande-Bretagne décide de rompre les discussions.
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