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[Document] Vishnu Lutchmeenaraidoo accuse Roshi Bhadain de vouloir le «tuer politiquement»

Le ministre des Affaires étrangères Vishnu Lutchmeenaraidoo lance une attaque frontale contre son collègue Roshi Bhadain. Vishnu Lutchmeenaraidoo accuse Roshi Bhadain de mener une campagne diffamatoire à son égard pour le « tuer politiquement », et trouve en lui un ministre qui fonctionne à la manière du KGB. Ces allégations figurent dans un affidavit juré par Vishnu Lutchmeenaraidoo lundi 4 avril en Cour suprême. Cet affidavit avait été utilisé par Vishnu Lutchmeenaraidoo dans sa demande d’injonction contre la commission anticorruption [Icac] afin que celle-ci n’enquête pas sur son prêt de 1,1 million euros auprès de la State Bank of Mauritius (SBM). La demande d’injonction n’a pas été acceptée par le juge de la Cour suprême Asraf Caunhye, siégeant en référé. Raison avancée par le juge est que la demande de Vishnu Lutchmeenaraidoo « does not warrant the intervention of the Judge in chambers ». Mais l’affidavit de Vishnu Lutchmeenaraidoo contient plusieurs allégations contre son collègue Roshi Bhadain, ministre des Services financiers, de la Bonne gouvernance et des Réformes institutionnelles. Vishnu Lutchmeenaraidoo soutient qu’il est un « seasoned politician » (politicien d’expérience) et une personne « of utmost integrity and probity » (d’une grande probité et d’intégrité). Il allègue que Roshi Bhadain, qu’il décrit comme un ministre « très en vue et très en verve » de ce présent gouvernement, a initié une campagne diffamatoire pour souiller sa réputation en tant que citoyen mauricien et ministre des Finances, poste qu’il occupait avant d’être muté aux Affaires étrangères.

« Pots-de-vin »

Selon Vishnu Lutchmeenaraidoo, des informations ont été divulguées dans la presse à l’effet qu’il a abusé de sa position comme ministre des Finances pour obtenir un prêt de 1,1 million d’euros de la SBM le 11 septembre 2015. Des informations qui tendraient aussi à faire croire qu’il aurait touché des pots-de-vin de Rs 45 millions dans le cadre du joint-venture entre la firme chinoise Yihai et la State Investment Corporation (SIC) au Domaine Les Pailles. Le ministre des Affaires étrangères parle de fabulations et se dit confiant qu’il n’existe aucun document prouvant qu’il a touché des pots-de-vin. « In so far as the alleged kickback in the sum of Rs 45 Million that I had allegedly received from the joint venture project State Investments Corporation Limited and YIHAI, this is pure invention on the part of the Respondent No.3 (Roshi Bhadain) inasmuch as I invite the Respondent No.3 to come up with all documents in support of the alleged information that I had received kick back from the said joint venture. I am confident that there is no document in support of any kickback allegedly received by me», peut-on lire dans l’affidavit du ministre des Affaires étrangères. Vishnu Lutchmeenaraidoo accuse Roshi Bhadain d’avoir des prétentions de devenir le prochain ministre des Finances et pense que c’est une des raisons pour lesquelles son collègue aux Services financiers veut à tout prix l’évincer du gouvernement : « The Respondent No.3 is a Honourable Minister, who has been managing his Ministry like the KGB with his arms spread everywhere in most of the ministries, has aspired to become the next Minister of Finance by ousting me by any means from the present government. »

« Ennemi en politique »

Mais Vishnu Lutchmeenaraidoo va plus loin dans ses allégations et dit penser que Roshi Bhadain veut avoir un contrôle absolu sur « l’appareil de l'État » pour assouvir ses besoins personnels : « The Respondent No 3 (Roshi Bhadain) sees in me un ennemi en politique qu’il faut à tout prix abattre », souligne le ministre des Affaires étrangères dans son affidavit. Pour Vishnu Lutchmeenaraidoo, la campagne de Roshi Bhadain à son égard a pris une telle ampleur que l’Icac a initié une enquête sur son prêt en euros à la SBM et sur le deal entre la SIC et Yihai. Vishnu Lutchmeenaraidoo s’explique sur son prêt de 1,1 million d’euros et précise qu’il n’a jamais bénéficié d’une quelconque faveur en tant que ministre des Finances. De plus, il précise que le montant de ce prêt a été ramené à 400 000 euros à sa demande afin de limiter ses risques : « The said loan was brought down at my request to 400 000 euros to reduce my exposure », fait ressortir le nouveau ministre des Affaires étrangères. Vishnu Lutchmeenaraidoo considère tout à fait normal cette pratique de contracter des prêts en devises étrangères puisqu’il dit y avoir déjà eu recours dans le passé en contractant un prêt en dollars américains auprès de la SBM.

Prêt à la SBM : « Le Premier ministre satisfait »

Vishnu Lutchmeenaraidoo affirme, dans son affidavit, que c’est en juillet 2015 qu’il avait entamé des démarches pour obtenir un prêt auprès de la SBM. Il dit n’avoir bénéficié d’aucune faveur par rapport au taux d’intérêt. Vishnu Lutchmeenaraidoo indique que la SBM a approuvé le « loan » le 11 septembre 2015 « after the State Bank of Mauritius Ltd was satisfied that I fulfilled all the conditions set by the said Bank ». Et d’ajouter que « the said loan was secured by a fixed charge over my matrimonial property at Beau Bassin ». Vishnu Lutchmeenaraidoo ajoute, dans son affidavit, que Roshi Bhadain a informé le Premier ministre en décembre 2005 qu’il avait contracté un emprunt en fournissant « a security » : « To show my good faith, I did not object to the State Bank of Mauritius Ltd sharing all relevant information to the Honourable Prime Minister about the loan, who after having examined and inspected the said information, was satisfied that the loan was in order », fait ressortir Vishnu Lutchmeenaraidoo dans son affidavit.

Enquête de l’Icac

Vishnu Lutchmeenaraidoo avance dans son affidavit que l’enquête de l’Icac en cours sur son prêt bancaire a été « initiée sur ordre du défendeur no 3 [Roshi Bhadain] qui est politiquement motivé par son gain personnel et aspiration à diriger les affaires du pays ». Vishnu Lutchmeenaraidoo affirme que l’Icac n’a aucun « ground » d’initier une enquête dans cette affaire. Et d’ajouter que « I fear and apprehend that the said enquiry is being initiated and provoked by the Respondent No 3 [Roshi Bhadain] ».

Réaction de Roshi Bhadain

Sollicité pour une réaction mardi soir 5 avril, le ministre de la Bonne gouvernance et des Services financiers Roshi Bhadain s’est référé à une citation du Mahatma Gandhi : «Vous connaissez Mahatma Gandhi : I will not let anyone walk through my mind with their dirty feet ».

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Intégralité de l’affidavit de Vishnu Lutchmeenaraidoo juré lundi 4 avril en Cour suprême :

[blockquote]Cliquez ici pour télécharger l’affidavit en format PDF.[/blockquote] [row custom_class=""][/row]
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