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DJ Mimi : une Britannico-mauricienne qui fait danser les Anglais

Elle a fait découvrir aux Anglais la culture mauricienne durant la Brighton Pride Parade en août dernier.

En fondant Pink Islands Collective elle souhaitait mettre en place un collectif qui permettrait aux personnes d'origine insulaire de se rapprocher de leur héritage mixte commun. Mia, alias DJ Mimi, Britannique d'origine mauricienne qui vit à Londres, fait résonner fièrement la musique locale à chacun de ses passages dans les festivals et boîtes de nuit. Elle fait danser les gens un week-end sur deux sur « Li Tourne », le titre d'Alain Ramanisum. Elle nous livre les dessous de ses platines.

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Elle vit la nuit et se couche quand le reste du monde travaille. Comme Mia, les femmes qui osent s'essayer aux platines ne peuplent pas les clubs et festivals. Seules quelques-unes sont parvenues à réellement sortir du lot. Encore aujourd'hui, dans les programmations, elles représentent toujours un pourcentage assez faible par rapport à leurs homologues hommes. Mia s'est fait connaître grâce à sa singularité. 

Mimi est son nom de DJ. Un surnom donné par ses amis proches et sa famille quand elle était plus jeune. Née d'un père mauricien et d'une mère à moitié mauricienne et à moitié anglaise à Brighton, cette DJ de 25 ans vit à temps plein de sa passion.

Ses fortes influences musicales différentes, elle les puise de son enfance. Le deejaying était un rêve d'enfance qu'elle a seulement pu concrétiser pendant le confinement. « Lorsque j'ai décidé d'apprendre, j'ai naturellement commencé par mixer du séga, de l'afrobeats, des musiques de Bollywood et des styles plus britanniques, comme le garage et la jungle. Autant de sons issus de ma riche culture musicale », relate-t-elle. 

Depuis, elle ne s’inspire pas d'un style et fait preuve de versatilité, même si elle se sent plus à l’aise avec le séga mauricien. Ainsi, elle mixe de la musique underground, drum et bass, le garage, le UK Funky, la jungle, bashment, de l'afrobeats, du commercial, du desi, du bailey funk et plus encore. Elle s'inspire d'ailleurs de nombreux artistes qui ne s'attachent pas à un style particulier et font leur propre musique sans honte, notamment des DJ productrices comme Sherelle, Jyoti, Nia Archives et tant d'autres. Elle se retrouve aussi dans des découvertes de nouveaux artistes encore méconnus, comme Changing Currents, un producteur talentueux de Brighton, et Brinda, une artiste britannico-mauricienne qui mélange la chanson pop britannique commerciale au créole mauricien.

Mia est parvenue à se faire un nom à Brighton, à Londres, mais aussi dans d'autres pays à travers la diaspora mauricienne comme en Irlande et aux États-Unis. Cependant, être une femme dans le monde de la nuit n'est pas toujours rose. « La plupart du temps, les gens me harcèlent pour des demandes de chansons. Beaucoup d'hommes pensent qu'ils ont le droit de venir vers moi et de m'intimider pour que je joue une chanson de leur choix. Certains pensent qu'ils peuvent toucher mon matériel. La plupart du temps, il est difficile de supporter que des personnes ivres soient irrespectueuses la nuit. Les gens devraient apprendre à respecter le DJ et ne pas se comporter comme s'ils étaient une playlist YouTube », fait-elle remarquer. 

Un week-end sur deux, DJ Mimi fait danser les gens de sa région sur le séga  « Li Tourne ». D'ailleurs, les habitués connaissent les mouvements. « J'apporte constamment de la musique mauricienne à mes mixes, surtout quand le public n'est pas mauricien », relate la jeune femme. Cette dernière anime également  une émission de radio mensuellement où elle explique un peu plus la culture mauricienne et transmet la musique de son île d'origine sur les ondes locales de Brighton.

« Je me suis battue pour ce en quoi je crois, même lorsque les gens m'ont conseillé de ne pas le faire. J'ai parlé publiquement de mon identité et j'ai créé un espace et une plateforme pour d'autres insulaires LGBTQ+ qui ont l'impression de ne pas avoir de communauté pour se rassembler et se sentir acceptés », confie-t-elle. Aujourd'hui, reconnaissante de s'être fait un nom dans la musique et de continuer à apporter des mélodies de ses racines à de nouveaux espaces au Royaume-Uni, elle ne cesse de représenter son identité de la meilleure façon qui soit. 

Mia prévoit quelques autres événements avec Pink Islands avant la fin de 2022. Elle a aussi été invitée à jouer pour « Dialled in », un festival sud-asiatique à Londres, puis elle s'envolera pour la Suisse l'année prochaine pendant un mois pour une résidence en club avant de se diriger vers l'île Maurice pour un mariage en avril.  « Je suis heureuse de pouvoir continuer à faire ce que j'aime ».

Brighton Pride Parade : Maurice représenté devant plus de 300 000 personnes 

Le Pink Islands Collective est une organisation que Mia a créée l'année dernière. « J’ai réalisé qu'il y avait peu d'événements à Brighton qui offraient un espace sûr pour les personnes LGBTQ+ brunes et noires. Idem pour les personnes d'origine insulaire qui ne disposaient d’aucun espace pour apprécier la musique de leur culture, en particulier mauricienne », dit-elle. 

C'est dans cette perspective qu’a vu le jour Pink Islands Collective. Cette année en août,  le collectif a défilé lors de la Brighton Pride Parade, l'une des plus grandes parades de la fierté au Royaume-Uni afin de faire découvrir la culture mauricienne à plus de 300 000 personnes. « Nous avons joué strictement du séga pendant toute la durée du défilé avec des musiciens qui jouaient de la ravanne et des danseurs. C'était unique et nous avons marqué l'histoire. Pour autant que nous le sachions, c'est la première fois que Maurice a été représenté sur une marche des fiertés en dehors du pays lui-même », fait remarquer notre interlocutrice. 

À travers Pink Islands Collective, Mia a aussi organisé  une soirée mauricienne à Brighton. Deux événements qui ont connu un énorme succès.  « Grâce à Pink Islands Collective, je peux dire avec fierté que beaucoup plus de gens connaissent l'île Maurice et sa culture. »

 

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