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Divorce : pourquoi les couples rompent-ils?

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Publiée le vendredi 19 juillet, la 10e édition des Economic and Social Indicators indique un déclin dans le nombre de mariages. De plus, les divorces sont en hausse à Maurice. De 1,4 % en 1993, le taux est passé à 3,8 % en 2018.

Amélia (38 ans) : « J’étais la seule à subvenir aux besoins de la famille »

Divorce

Cela fait trois ans qu’Amélia, une habitante de Terre-Rouge, a divorcé. Pour elle, ce fut le parcours d’une combattante. « J’étais la seule à travailler pour subvenir à nos besoins. Il ne trouvait pas important de trouver un boulot stable. Je devais tout payer et j’en ai eu marre, après cinq ans de vie commune », dit-elle. Et d’ajouter qu’après avoir longtemps fait des efforts et espéré que son mari assume ses responsabilités dans le couple, elle n’a pas eu d’autre choix que de divorcer.

Alvin (39 ans) : « On cohabite pour nous occuper de notre enfant »

Divorce

Son divorce date de huit ans. Alvin, 39 ans, un habitant de Vacoas, partage toutefois qu’il vit sous le même toit que son ex-femme. « Nous avons décidé de vivre dans la même maison pour nous occuper de notre fille. Mais chacun vit sa vie comme bon lui semble. Et cette situation nous convient parfaitement. » Et de préciser que des conflits familiaux incessants sont à l’origine de leur choix.

Shalini (40 ans) : « Il me trompait avec une autre »

Divorce

Lorsque Shalini, 40 ans, une habitante de Saint-Pierre, apprend que son mari est infidèle, elle décide de divorcer. « Un matin, lorsque je faisais du shopping, j’ai vu mon mari assis à une table de restaurant avec une autre femme. Alors qu’il m’avait dit plus tôt qu’il était au boulot. » Divorcée depuis dix ans, elle ne regrette pas son choix.

Meveen (43 ans) :  « Je m’en prenais à ma femme pour des raisons futiles »

Divorce

Cela fait deux ans que Meveen, 43 ans, a quitté sa femme. Ex-alcoolique, il avoue que souvent il s’en prenait à sa femme pour des raisons futiles. « Tout allait bien avec ma femme jusqu’à la naissance de notre premier enfant. En même temps j’ai perdu mon boulot. Je n’arrivais plus à remonter la pente, car j’avais sombré dans l’alcool. Après c’était la descente aux enfers et elle m’a quitté », raconte cet habitant de Quatre-Bornes. Et de dire que sa femme a demandé le divorce, après six ans de vie commune, car elle était victime de violence conjugale. « Aujourd’hui je regrette ce que j’ai fait. Et je lui ai présenté des excuses. On a désormais une relation cordiale, car elle a la garde de mon enfant. »


Les enfants du divorce

À cause du divorce de ses parents, un enfant risque une désorientation psychologique et émotionnelle. Surtout si cette séparation n’est pas abordée de façon thérapeutique, indique la psychologue Dr Anjali Bungalee. Les répercussions d’un divorce sur un enfant sont d’ordres diverses.

« L’enfant peut avoir des difficultés d’intégration à l’école, des troubles de comportement et même des tendances suicidaires. Souvent, il éprouve aussi un sentiment de culpabilité et de honte. Dans ce cas précis, il est important que les parents arrivent à expliquer le processus de leur séparation à leurs enfants sans les exposer à leurs conflits conjugaux. »

Au cas contraire, un enfant dont les parents divorcent, risque à l’avenir des difficultés relationnelles aboutissant ainsi à des états dépressifs et à un manque de confiance en lui. Et contrarié, il devient ainsi plus agressif que les autres enfants, ajoute la psy.

« Quand il y a divorce, un des parents est obligé de quitter le domicile familial. Cela crée un manque chez l’enfant qui a peur que l’autre adulte s’en aille également. Il vit ainsi dans cette insécurité. Les parents doivent ainsi tout faire pour le rassurer et l’aider à franchir cette étape correctement, afin qu’il puisse accepter leur divorce. »
Dr Anjali Bungaleea soutient que les moments en famille sont primordiaux. « Après de longues heures de travail, il est souvent difficile pour les parents divorcés de se retrouver avec leur enfant. Néanmoins, il faut toujours trouver le temps pour partager certaines activités à faire ensemble avec lui. »

Cela en citant pour exemples : prendre un repas, regarder la télé, faire du sport ou un pique-nique ensemble. Et aussi lui parler, afin de se comprendre mutuellement en termes d’émotions, d’opinions et d’inquiétudes, entre autres.

Divorce


Entre faute, rupture et consentement mutuel…

Me Erickson Mooneapillay
Me Erickson Mooneapillay

La juridiction mauricienne reconnait principalement quatre types de divorces. Notamment, le divorce pour faute, le divorce pour rupture de vie commune, le divorce, par acceptation du principe de rupture du mariage et le divorce par consentement mutuel, indique l’homme de loi, Me Erickson Mooneapillay.

Et d’expliquer que le divorce pour faute est intenté quand un des époux manque à ses devoirs conjugaux (fidélité, assistance, secours, etc.) envers son conjoint. Tandis que le divorce pour rupture de vie commune est applicable lorsque le couple vit séparément depuis au moins trois ans.

En ce qu’il s’agit du divorce par acceptation du principe de rupture mariage, il est applicable dans le cas où le mariage n’aura pas dépassé 24 mois et que les époux concèdent qu’il n’a plus lieu d’être. Et le divorce par consentement mutuel qui est le plus répandu à Maurice, est intenté lorsque les époux sont d’accord sur le divorce et de ses conséquences à l’avenir, indique l’avocat.

Par ailleurs, il explique que le couple peut changer d’avis à n’importe quel moment, lors de la procédure de divorce, c’est-à-dire dans un délai de trois mois suivant la prononciation du divorce par le juge.
C’est-à-dire après les auditions devant le juge et que le divorce provisoire ait été prononcé. Il faut trois mois pour que le divorce devienne permanent. « Donc durant les trois mois, après que le divorce ait été prononcé, les parties concernées peuvent faire appel de la décision du juge. Avant que celui-ci ait prononcé le divorce, le couple peut tout simplement arrêter la procédure. »

Cependant dans le cas où le divorce a été prononcé, le couple a trois mois pour faire appel, passé ce délai, il sera divorcé de manière permanente affirme Me Erickson Mooneapillay. S’ensuitent les procédures en cour pour la garde des enfants, entre autres, dit-il.

Comment s’y prendre ?

Me Erickson Mooneapillay explique qu’une personne souhaitant divorcer doit retenir les services d’un avoué pour rédiger la pétition de divorce qui citera les raisons pour laquelle la partie demanderesse a pris cette décision. Il est conseillé que la personne note les dates d’incidents ou d’événements qui aurait pu la motiver à vouloir divorcer. Le divorce s’effectue par pétition, rédigé par l’avoué et signé par l’avoué et l’époux demanderesse. De plus, le document doit être accompagné de l’acte de mariage des époux ou d’un affidavit. Il doit aussi inclure la liste des témoins s’il y en a. Toutefois, il y a des lois à respecter quant à certaines procédures légales. Et c’est là que les hommes de loi entrent en jeu, dit-il. « Comme chaque circonstance entourant un divorce est unique, les professionnels légaux mettent en place le mécanisme de divorce uniquement après que le couple ait fait son choix », fait observer Me Erickson Mooneapillay.

Le divorce peut- il appauvrir le couple ?

« Le divorce en soi n’appauvrit pas le couple, mais provoque la division des biens appartenant aux deux parties, pour les couples mariés sous le régime de communauté des biens », indique Me Erickson Mooneapillay. Et d’expliquer que les biens acquis après le mariage appartiennent aux deux époux s’ils sont mariés sous le régime de communauté des biens et pas sous le régime de séparation. Toutefois, dit-il, ce n’est qu’après la dissolution du mariage que les biens sont répartis entre les anciens conjoints. « La pratique de cette division connue comme la dissolution de la communauté des biens est une action distincte qui peut être intentée après le divorce. » Pour se faire, le couple doit bien préparer son dossier de divorce.


Vidya Charan, la directrice de la MFPWA : « 2 425 divorces c’est une situation inquiétante »

Vidya Charan, la directrice de la MFPWA

Tout en prenant en considération la baisse dans le nombre de mariages célébrés officiellement à Maurice, Vidya Charan estime que la hausse des cas de divorce est une situation inquiétante pour le pays. Selon la directrice de la Mauritius Family Planning Welfare Association (MPFWA), plusieurs facteurs poussent les couples à divorcer. D’où l’importance, dit-elle, de consolider le lien familial.

Quelles sont les causes du déclin de mariage à Maurice ?
Les raisons sont diverses. Il faut d’abord comprendre que nous vivons dans un monde matérialiste. Il est difficile de réaliser ses objectifs et de garder un minimum de confort au sein d’un couple. Il y a aussi cette tendance des jeunes à repousser l’âge du mariage, parce qu’ils veulent à tout prix atteindre leur objectif professionnel. Donc, bon nombre d’entre eux commencent à vivre en union libre avant le mariage. La célébration d’un mariage exige beaucoup de préparation et elle coûte aussi très cher pour accueillir les invités.

Et celles du divorce ?
Nous constatons qu’un des facteurs les plus communs, c’est lorsqu’il y a la manipulation de la femme sous le toit conjugal. Il ne faut pas oublier que le rôle de l’homme est presque resté le même, tandis qu’on a souvent fait appel à la femme pour qu’elle prenne diverses responsabilités au niveau familial, au travail et au sein de la communauté. Certaines femmes sont souvent malmenées par leurs époux, bien qu’elles contribuent à l’avancement de la vie familiale, tout en assurant leur rôle reproductif.

Dans d’autres cas, il y a les agressions liées à la violence domestique. Mais encore des problèmes liés à l’alcool et à la drogue qui poussent souvent les conjoints au divorce. Les deux conjoints n’arrivent pas à partager leurs responsabilités au sein du couple. Et il ne faut pas se voiler la face, car il y a beaucoup de cas d’adultères qui conduit le couple au divorce.

Comment prévenir le divorce ?
Face à tous ces problèmes, au niveau de la MFPWA, nous mettons l’accent sur la consolidation de la famille à travers un mécanisme d’écoute et de conseils aux couples en difficulté. De plus, nous faisons l’éducation des jeunes et des couples de diverses communautés à travers l’île. Nous avons aussi un module qu’on a préparé avec le soutien du Conseil des religions pour consolider les couples et les préparer au mariage.

 

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