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Distribution de méthadone : un nouveau protocole en gestation

La NADC souhaite enrayer le trafic de méthadone.

Une réforme profonde se prépare. L’époque des fioles de méthadone distribuées en vrac, parfois revendues ou diluées, tire à sa fin. L’organisme, apprend-t-on, ambitionne d’instaurer un protocole de consommation strictement surveillée sur place. Un mécanisme très pointu visant à vérifier si les patients ont ingurgité leurs doses de méthadone sera également introduit. Objectif : enrayer le trafic et sécuriser le traitement.

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Cette décision, qui figure dans le Masterplan de la NADC, a germé sous l’effet du constat d’un trafic croissant : des usagers emportaient leurs doses, les échangeaient contre de la drogue ou les revendaient. Les représentants de la NADC analysent actuellement les modèles de distribution en vigueur dans divers pays.

Le modèle britannique

Des cabines de consommation, munies de dispositifs inspirés du modèle britannique, pourraient remplacer progressivement les salles d’attente ou les postes de police. Objectif affiché : supprimer la porosité du protocole actuel. « Ces cabines de distribution sont équipées de caméras ou de dispositifs visuels. Une fois la dose ingérée, les patients doivent lever les yeux pour lire un message affiché au plafond – un contrôle gestuel simple et discret, conçu pour confirmer l’absorption effective de la dose. Nous n’en sommes pas encore au dispositif exact, mais nous nous en approchons », avance-t-on à la NADC.  

Cela fait plus de quatre ans que le président de l’Association des travailleurs sociaux de Maurice (ATSM) dit alerter les autorités sur les dérives entourant la distribution de méthadone. « Toute une série de règlements encadraient le protocole. Les infirmiers étaient censés vérifier que les patients avalent leur dose, et les fioles devaient rester à bord des véhicules spécialisés », rappelle Ally Lazer. Mais dans la pratique, des écarts graves perdurent. « Certains soignants laissent les bénéficiaires emporter la méthadone chez eux. Sinon, comment expliquer qu’un enfant de 5 ans ait pu ingérer une dose à Roche-Bois ? » s’indigne-t-il.

Refonte en profondeur

Selon lui, la méthadone, censée être une solution de substitution, est désormais détournée à des fins récréatives. « De plus en plus de jeunes se droguent avec. Le système est poreux. Face à ces dérives, il faut une refonte en profondeur. Une structure autonome, en dehors des postes de police et des dispensaires, est plus que jamais nécessaire. En sus de cela, il faut une équipe dédiée, comprenant médecins, infirmiers, psychologues, à la disposition des patients. On ne peut plus bricoler un dispositif aussi sensible », souligne Ally Lazer.

Pour Danny Philippe, de l’ONG DRIP, la méthadone n’est qu’un maillon d’un dispositif de santé publique encore trop fragile. « Oui, les résultats sont là. Mais la distribution reste mal encadrée. C’est un vrai problème de santé publique. » Danny Philippe plaide pour que la délivrance de méthadone se fasse exclusivement dans des structures médicales comme les dispensaires ou les hôpitaux, et non dans des lieux improvisés ou mal encadrés.

Mais, surtout, il insiste sur l’urgence d’un accompagnement psychosocial durable. « Beaucoup de consommateurs font face à des troubles symptomatiques graves. La seule délivrance du produit ne suffit pas. Il faut améliorer l’ensemble du service », termine-t-il.

  • Nou Lacaz

 

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