Disparités relevées : enquête réclamée sur un «trou» de Rs 5,7 Md à Air Mauritius

Air Mauritius utilise deux systèmes informatiques pour enregistrer ses recettes et ses dépenses. Or, les chiffres qu’ils évoquent concernant quatre années financières ne correspondent pas à ceux indiqués dans les rapports officiels. Le syndicaliste Jack Bizlall souhaite que le Premier ministre ouvre une enquête.

Ya-t-il vraiment un trou de Rs 5 682 875 640 qui s’étend sur quatre années financières dans les comptes d’Air Mauritius ? C’est ce que souhaite savoir le syndicaliste Jack Bizlall. Pour en avoir le cœur net, il a envoyé une lettre, le vendredi 17 février, au Premier ministre et ministre des Finances Pravind Jugnauth, lui demandant d’ouvrir une enquête.

À Air Mauritius, il existe deux systèmes informatiques pour enregistrer les recettes et les dépenses. Le premier fonctionne sous Oracle et le second sous Cognos, un programme de gestion de comptes et d’analyses d’IBM. Les deux systèmes, qui sont opérés séparément, affichent les mêmes données. Mais les chiffres, eux, ne collent pas avec ceux qui ont été publiés dans les comptes officiels des quatre années financières allant de 2010-11 à 2013-14 sous l’item Aircraft Operations.

Pour l’année financière 2011-12 par exemple, Oracle et Cognos affichent 487 millions d’euros. Or, le rapport officiel indique que les recettes pour les mêmes opérations ont été de 446,2 millions d’euros, soit 40,8 millions de moins. La disparité, en roupies, s’élève à Rs 1,6 milliard. Au cours de l’année financière suivante, les deux systèmes ont enregistré 481,8 millions d’euros. Or, le rapport annuel parle de 444,9 millions d’euros. Ce qui fait une différence de 36,8 millions d’euros, soit Rs 1,5 milliard.

Pour 2013-14, les systèmes affichent 484,1 millions d’euros, tandis que le rapport annuel fait mention de 454,4 millions d’euros. La différence, dans ce cas présent, est de 29,7 millions d’euros, soit Rs 1,2 milliard. Celle de l’année financière 2010-11 se chiffre à 33,5 millions d’euros. La différence sur les quatre années financières totalise un montant de Rs 5,7 milliards.

Où est donc passé tout cet argent ? Chez Air Mauritius, on explique qu’il n’y a aucune fraude et que tout est fait dans les règles. « Tous nos comptes sont préparés avec minutie et selon les normes comptables internationales. Nos actionnaires peuvent à tout moment prendre contact avec le secrétaire de la compagnie et avoir des explications. Une autre possibilité qu’ont les actionnaires est d’attendre l’assemblée générale pour poser des questions. Nous sommes un livre ouvert », affirme Donald Payen, Executive Vice President Customer Experiences, Ground & inflight Services.

Au Paille-en-Queue Court, on soutient que des vérifications ont été faites et que la différence s’explique par le fait que certaines dépenses n’ont pas été prises en compte dans les systèmes Oracle et Cognos. À savoir des paiements effectués à Air France, compagnie avec laquelle Air Mauritius est en joint-venture sur un certain nombre de destinations européennes.

Dans sa lettre, Jack Bizlall demande à Pravind Jugnauth d’enquêter sur d’autres dossiers. En l’occurrence celui sur les allégations formulées par l’ex-Chief Executive Officer d’Air Mauritius, Megh Pillay, à l’encontre de Mike Seetaramadoo, l’Executive Vice-President Commercial & Cargo de la compagnie qui a réintégré son poste mardi dernier après quatre mois de suspension. Le syndicaliste demande aussi au Premier ministre de se pencher sur le dossier Cargotech.

Huit nouveaux avions : MK place sa nouvelle commande

Comme annoncé dans Le Défi Quotidien du 6 février 2017, Air Mauritius modifie la commande qu’elle avait placée mi-2014. Ce ne sont plus six mais huit avions que la compagnie nationale d’aviation accueillera dans sa flotte. Elle prendra sur un lease à long terme deux Airbus A330-900neo. C’est ce qu’indique un communiqué émis vendredi après-midi par Air Mauritius.  Ces avions, équipés de moteurs Rolls-Royce Trent 7 000, seront livrés en octobre 2018. Ils remplaceront deux A340-300E dont les leases expireront en novembre et en décembre 2018. Parfaits pour des vols de moyen-courrier, les Airbus A330-900neo consomment 20 % de kérosène en moins que les A340-300E. Ils auront chacun 291 sièges (263 en économie et 28 en business). Ils assureront essentiellement les liaisons vers Guangzhou, Hong Kong, Delhi et Perth. Les six autres avions qu’Air Mauritius a commandés sont des A350-900 de sixième génération. Les deux premiers seront réceptionnés en fin d’année, les deux prochains en 2019 et les deux derniers en 2023 au lieu de 2020. On parle ici d’un investissement total dépassant Rs 50 milliards.