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Discours-programme : zoom sur les mesures clés

Le Dimanche/L’Hebdo revient sur quelques mesures clefs et les fait commenter par des experts du domaine. Le président de la République Pradeep Roopun avait présenté, vendredi à l’Assemblée nationale, le discours programme du nouveau gouvernement, élu le 8 novembre dernier. 

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Industrie 4.0

Intelligence artificielle

Le gouvernement ambitionne de créer une industrie 4.0, permettant ainsi à l’intelligence artificielle, la blockchain entre autres, d’être au cœur du développement. C’est en ce faisant que le pays pourra devenir une économie à haut revenu.  « Le gouvernement continuera à investir et fera la promotion des technologies de pointe, incluant l’Intelligence artificielle, la robotique, la blockchain et l’Internet pour permettre d’embrasser les dictats de la quatrième révolution industrielle », peut-on lire à la page 21 du discours-programme. Des parcs technologiques et des laboratoires d’innovation seront aménagés, et la connectivité 5G sera introduite.

Charles Cartier, CEO de l’Economic Development Board (EDB) : « Le GM place Maurice dans une perspective de développement durable » 

« C’est un discours-programme en ligne avec la continuité, mais avec une nouvelle énergie. Il y a aussi un accent très fort sur l’avenir, en misant sur la jeunesse et en s’engageant sur une voie écologique. Le gouvernement place l’avenir de Maurice dans une perspective de développement durable, où on va transformer l’économie, tout en embellissant l’île et développer une conscience écologique. » 

Pramode Jadoo, économiste : « Il faut solidifier les bases avant de parler d’économie 4.0 »

pramod« Avant de penser à l’économie 4.0, il faut d’abord penser à solidifier nos bases. Il nous faut consolider nos secteurs traditionnels tels que l’industrie cannière, l’industrie textile et le secteur touristique. C’est là qu’il faut revoir notre stratégie. Malheureusement, nous stagnons dans ces secteurs. Même situation pour l’économie bleue, qui est évoquée depuis bien des années. Au niveau des PME et des coopératives, ce sont les mêmes problèmes depuis 50 ans. Toutefois, j’ai l’impression qu’ils réalisent certaines erreurs qui ont été commises et qu’ils ont bien l’intention de les rectifier. Mais, il ne faut pas trop tarder. Il faut travailler vite et bien. Pour ce qui est de l’industrie 4.0, c’est superflu tant que les bases ne sont pas bonnes. Dans une maison, la fondation doit être impérativement solide. Comment peut-on ajouter des étages quand celle-ci n’est pas solide. »


Santé

Hôpital universitaire

Le gouvernement a pour objectif d’améliorer et moderniser le service de santé. Cela, avec pour objectif de rehausser la qualité de vie des citoyens. C’est ce qui ressort du chapitre trois du discours-programme du gouvernement. Ainsi, l’État investira dans des services spécialisés. Parmi l’un des projets phares, on retrouve la mise sur pied d’un hôpital universitaire. 

Dr Dushyant Purmanan, Président de la Government Medical & Dental Officers Association (GMDOA) : «Il faut procéder étape par étape»

« Nous avons vraiment besoin d’un hôpital universitaire. Dans plusieurs pays au monde, cette institution existe. Le gouvernement compte améliorer le système, qui est quelque peu dépassé et nécessite des changements.  C’est une bonne initiative, car ce sont les patients qui en bénéficieront. En sus de rendre le système plus efficace et efficient, un hôpital universitaire aidera pour des recherches, qui est l’une de ses missions. D’autant qu’un hôpital universitaire bénéficiera de toutes les facilités, dont des laboratoires. Un hôpital universitaire est aussi important pour la formation des médecins, des infirmiers et d’autres personnels du secteur. Toutefois, il faut procéder étape par étape. C’est quand on fait quelque chose à la va-vite que des problèmes surgissent. Il faut donc bien établir les modalités. »

Dr Vinesh Sewsurn, président de la Medical and Health Officers Association (MHOA) : «On pourra connaître la cause de certaines maladies»

vinesh« C’est une bonne chose de venir de l’avant avec un hôpital universitaire. Cela va sans aucun doute aider dans le développement professionnel de tous les cadres, que ce soit les médecins, les infirmiers ou les paramédicaux. Ils pourront peaufiner leurs connaissances et en acquérir plus. Ils pourront même avoir des top-up diplomas, dépendant des cours dispensés. Un hôpital universitaire aura aussi un grand rôle à jouer pour la recherche. Quand une université est affiliée à un hôpital, un étudiant peut faire des recherches pour sa thèse. On pourra connaître la cause de certaines maladies et analyser leur impact, à l’exemple du diabète. C’est la première cause de mortalité à Maurice, alors qu’il n’y a pas d’étude sur sa prévalence. Lors des recherches, nous pourrons étudier un groupe de personnes, nous pencher sur leur mode de vie et la prévalence de cette maladie. Puis, on pourra prendre des actions drastiques pour minimiser l’ampleur du diabète. Également sur le traitement, on pourra analyser quels sont les médicaments adaptés à Maurice, aussi bien que leur dosage. à Maurice, il y a la pharmacovigilance. Toutefois, nombreux sont les médecins qui ne savent pas comment cela fonctionne. Encore une fois, un hôpital universitaire sera d’un apport important. »


Éducation

National Curriculum Framework pour le préscolaire

L’éducation reste au cœur de l’agenda du gouvernement. Plusieurs mesures ont été annoncées dans le discours-programme 2020-2024 pour améliorer la performance des étudiants. L’une des mesures clés de ce secteur est le National Curriculum Framework pour le préscolaire, afin de répondre aux exigences dans l’éducation. 

Suttyhudeo Tengur, président de la Government Hindi Teachers’ Union (GHTU) : «Cela aidera à éliminer les 30 % d’échec» 

« Si on faisait une enquête, on verrait qu’il n’y a pas d’uniformité au niveau préscolaire. La majorité des écoles sont payantes et chacune a sa méthode de travail. En proposant un National Curriculum Framework, on va certainement y rehausser le niveau. Notre système repose sur l’apprentissage offert dès le pré-primaire. Une standardisation éliminera les 30 % d’échecs à tous les niveaux, dont le PSAC, le SC, le HSC et même à l’université. Si on a un taux d’échec aussi important, c’est parce que la base du pré-primaire n’est pas bonne. Même  tardivement, il fallait redresser la situation. » 

Vinod Seegum, président de la Government Teachers’ Union (GTU) : «Nous aurons un curcus uniforme»

« La GTU, qui a comme membre le syndicat des pré-primaires, défend les injustices dans ce secteur. Il faut reconnaître qu’ils ont toujours été l’enfant pauvre du système éducatif, cela même avec le 9-year schooling. Le salaire des enseignants est en disparité avec ceux du primaire, malgré des qualifications équivalentes. C’est donc un encouragement de voir le National Curriculum Framework pour ce secteur. Il y aura un cursus uniforme dans tout le pré-primaire. Les enfants intègreront le primaire sur un pied d’égalité. Dans les différentes écoles, chacun a ses méthodes d’apprentissage. C’est pourquoi une partie des enfants peine lors des premières années du primaire. Il fallait vraiment s’attaquer ce problème à la base. »


Réforme électorale, financement des partis politiques…

Chances égales pour tous

La réforme électorale et la loi sur le financement politique reviennent sur le tapis.  Le gouvernement compte également introduire un code de conduite pour les parlementaires et continuer à appliquer sa « philosophie d’équité et de chances égales pour tous » en recrutant sur la base du mérite.

Faizal Jeeroobarkhan, observateur et membre de Think Mauritius : «C’est tellement facile de sortir des grandes intentions»

feizal« C’est la Constitution même qu’il faut revoir, car certaines dispositions bafouent la démocratie. Je pense au système de First Past the Post, par exemple. Aujourd’hui, nous avons un gouvernement qui dirige le pays en n’ayant obtenu que 37 % des votes. Le Best Loser System doit être revu également, car c’est totalement dépassé et anti-démocratique. Que ce soit au niveau des recrutements, des promotions et même dans l’éducation, la méritocratie est bafouée. Partout dans nos institutions, il y a de la mauvaise gouvernance. Le fait même que ce soit le gouvernement qui nomme ses propres gens à des postes clefs va totalement à l’encontre des principes de bonne gouvernance. Le gouvernement annonce une réforme électorale et une loi sur le financement des partis politiques, mais ce n’est que pour la galerie. C’est tellement facile de sortir de grandes intentions. Beaucoup de ces propositions ne seront pas appliquées. Pour avoir une vraie démocratie, il y a encore beaucoup à faire. »

Rajen Bablee, directeur de Transparency Mauritius : «Nous espérons que les députés feront preuve de bonne foi pour la réforme électorale»

« Un des aspects positifs de ce programme gouvernemental concerne le projet de loi sur le financement des partis politiques. Le gouvernement prévoit de présenter ce projet de loi une nouvelle fois. Notre souhait, au niveau de Transparency Mauritius, est que tous les députés fassent preuve de bonne foi et votent pour la nouvelle loi. Au risque de se répéter, l’absence de contrôle sur le financement des partis politiques et des politiciens, et l’absence d’un cadre adéquat en ce qui concerne l’existence juridique des partis politiques peuvent fausser le jeu démocratique et faciliter le blanchiment d’argent. En outre, il faudrait donner des pouvoirs adéquats à l’Electoral Supervisory Commission, afin qu’elle puisse enquêter et prendre des sanctions quand c’est nécessaire. Il faut en finir au plus vite avec la culture des élections faussées par du briani ou des ‘tempos’. Un autre point intéressant concerne le code de conduite pour les membres du Parlement. Il serait bien que ce code soit obligatoire et impose des sanctions à ceux qui désacralisent l’institution suprême qu’est le Parlement. Il  est  cependant  dommage que le Freedom of Information Act ne figure pas dans ce discours, qui évoque pourtant la transparence et la redevabilité. Nous comprenons que certains estiment que cette loi pourrait provoquer des abus, mais ce n’est pas une raison suffisante pour ne pas légiférer dans ce sens. C’est une loi qui demande une grande préparation et qui exige beaucoup de responsabilité de la part de tout un chacun, y compris des gouvernants, du public, mais aussi des médias. Il y a toute une éducation à faire. »


Discours-programme 2020-2024 : ce qu’en pense l’opposition

«Rien d’extraordinaire. Rien de nouveau. Du réchauffé. » Telles sont les premières réactions de l’opposition parlementaire concernant le discours-programme 2020-2024 prononcé par le président de la République, Pradeep Roopun, vendredi après-midi.

« Ce qui m’échappe, c’est comment ils comptent relancer l’économie et créer de l’emploi », s’inquiète Reza Uteem, Deputy Leader du Mouvement militant mauricien (MMM). « Concrètement, comment vont-ils stimuler la croissance ? Ils nous disent qu’ils veulent passer à l’économie 4.0 avec l’Intelligence artificielle ou encore la robotique, mais il faut qu’ils reviennent à la réalité. 70 % des candidats au School Certificate n’ont pas eu les résultats nécessaires pour passer au Higher School Certificate, et ils nous parlent d’économie 4.0 », dénonce Reza Uteem. Pour le Deputy Leader du MMM, cela vient démontrer que ce gouvernement « est coupé de la réalité ». Il déplore que rien de concret n’a été annoncé pour venir en aide à l’industrie sucrière, au secteur de la zone france et au tourisme. Et d’ajouter : « Après cinq ans au pouvoir, ils ne sont pas aptes à apporter des solutions pour ces secteurs d’activités. »

Au Parti Travailliste, le constat n’est pas très différent. « Je n’ai rien vu de nouveau. Ce discours-programme n’est pas très inspirant. Ni dans la forme ni dans le fond. » Un député travailliste concède cependant avoir vu « quelques mesures intéressantes, mais qui sont en même temps ridicules ». « Parmi, l’aménagement de pistes cyclables, alors qu’on n’a même pas de trottoirs dignes de ce nom. En fait, ils font ce qu’ils ont déjà fait en 2014 », dit-il.

Aucun regret, donc, au niveau de l’opposition de ne pas avoir assisté à la lecture du discours-programme, vendredi dans l’Hémicycle. Toutefois, Xavier-Luc Duval, leader du Parti mauricien social-démocrate, insiste que l’opposition parlementaire participera pleinement aux débats. « Notre absence au discours-programme est symbolique. On veut montrer qu’on est pas d’accord avec ces élections truquées », dit-il.

 

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