Même s’ils reconnaissent la volonté du gouvernement de protéger le pouvoir d’achat de la population, des observateurs estiment que l’allocation de Rs 1 000 sera vite engloutie par la forte poussée inflationniste.
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Pour Manisha Dookhony, économiste, en accordant une allocation de Rs 1 000 sur les salaires allant jusqu’à Rs 50 000 par mois, le gouvernement a fait un effort « pour rétablir plus ou moins le pouvoir d’achat des consommateurs, surtout ceux à faible revenu et qui souffrent le plus des effets inflationnistes ».
Si elle estime que, d’une certaine façon, « cette allocation aura un impact sur la consommation, mais sur une durée limitée », car vu la conjonction économique, les prix des commodités risquent de flamber à tout moment. « Ce qui fait que ces Rs 1 000 pourraient vite être englouties à moins qu’il y ait un système d’indexation des salaires par rapport au taux de l’inflation pour maintenir le niveau de consommation », soutient l’économiste.
Manisha Dookhony explique que la guerre en Ukraine a perturbé le commerce mondial, d’où la forte hausse de l’inflation à travers le monde. Elle craint qu’un éventuel ralentissement de la croissance en Chine en raison du confinement puisse avoir des répercussions sur Maurice qui importe beaucoup de ce pays. « D’une certaine façon, il y a beaucoup d’incertitudes pouvant provoquer des hausses de prix dans les court et moyen termes », appréhende-t-elle.
De son côté, Claude Canabady, secrétaire général de la Consumer Eye Association (CEA), pense que l’allocation de Rs 1 000 ne va pas stimuler la consommation. « Les hausses de prix dépassent largement cette somme. Je ne crois pas que cela va faire une grande différence », fait-il ressortir.
Selon lui, le gouvernement aurait dû, comme l’a réclamé la CEA, introduire le ciblage qui aurait aidé davantage les citoyens se trouvant au bas de l’échelle. « À cet effet, nous avions demandé à ce qu’on accorde des Food Vouchers qui leur auraient permis d’acheter leurs provisions à un certain prix », dit-il. Claude Canabady n’y voit aucune forme d’humiliation pour les bénéficiaires, dans ce procédé, qui se fait même dans des pays avancés, comme l’Angleterre. « Il faut s’adapter à la situation du jour », dit-il.
Claude Canabady regrette aussi qu’il n’y a pas eu de réduction des prix de l’essence et du diesel. Ce qui aurait fait baisser les prix de plusieurs articles dans le commerce et soulagé les consommateurs.
Raj Appadu, président du Front Commun des Commerçants de l’île Maurice, trouve, lui aussi, que l’allocation de Rs 1 000 n’allégera que temporairement la situation des consommateurs en raison de la situation économique actuelle. « Les prix ne cessent de grimper dans le commerce (denrées alimentaires et médicaments), je reconnais que le gouvernement a fait un effort, mais je crains que cela soit d’une grande aide vu que les hausses des prix dépassent largement ces Rs 1 000 », souligne-t-il.
Il estime qu’en sus cette allocation de Rs 1 000, le gouvernement aurait pu accorder des vouchers aux plus démunis de la société pour leur permettre de s’approvisionner en dépit de la hausse des prix. « Je connais des familles qui arrivent difficilement à avoir deux repas par jour », dit-il. Raj Appadu appréhende des jours difficiles pour les consommateurs avec les impacts négatifs de la guerre en Ukraine et de la pandémie sur l’économie mondiale. « Maurice, qui dépend en grande partie de l’importation de ses produits alimentaires, subira de plein fouet les conséquences », fait-il ressortir.
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