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Diplômés chômeurs : quelles perspectives d’emploi ?

Diplômés chômeurs

Après l’annonce de la gratuité des études supérieures par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, beaucoup de jeunes chômeurs s’interrogent sur leur choix de carrière, alors qu’ils ont un diplôme en main. Les parents ont fait des sacrifices en payant des études, mais le job convoité n’est pas accessible. Une situation difficile pour les parents et les jeunes.

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Élodie Anaëlle, 24 ans, de Mare-d’Australia : «Je travaille dans un domaine différent de mes compétences»

elodie« J’ai étudié la sociologie pendant trois ans à l’Université de Maurice. Mes parents ont déboursé plus de Rs 80 000 pour les frais universitaires, les frais des papiers et les devoirs. Je savais déjà que ce domaine n’était pas si prometteur à Maurice, mais j’ai eu l’espoir d’une ouverture », explique la jeune fille.

Élodie est tout de même dépitée. Elle affiche un sentiment de chagrin et de colère quand elle pense au temps perdu et à l’argent dépensé. « Je me retrouve à faire un job qui n’est pas dans mon domaine de compétence. J’ai perdu trois ans de ma vie et l’argent de ma famille. Ce sentiment de frustration est parfois difficile à accepter quand je vois les autres jeunes qui n’ont pas fait de grandes études et qui ont des jobs intéressants avec un bon salaire. Mes parents ont travaillé jour et nuit en faisant des heures supplémentaires et un deuxième job pour payer mes études. Ils sont conscients que beaucoup de diplômés sont au chômage et prennent leur mal en patience. J’ai tout de même leur soutien dans cette épreuve », raconte-t-elle.


Saahir Goolfee, 26 ans, de Plaine-Verte «Mes études ont coûté cher»

saahirSaahir Goolfee a étudié la biologie (Minor Marine and Coastal Environment Sciences). Il détient une MSc en microbiologie de l’Université de Maurice. Le coût des études fut supérieur à Rs 260 000 pour les cinq années. Un secteur que le jeune homme croyait prometteur pour l’avenir de Maurice. « J’ai été poussé vers ce domaine depuis le collège par les promesses du développement de l’économie bleue. J’ai choisi cette filière dans l’optique de trouver un emploi rapidement après les études. Mais j’ai été dupé, car ce domaine n’a jamais été développé comme il aurait dû l’être », confie-t-il.

Aujourd’hui, chômeur, le jeune diplômé se désole de voir des domaines si prometteurs ne trouvant pas de place dans notre économie. « La plupart des jeunes diplômés en sciences sont sans emploi, occupent des places sous-qualifiées ou sous-payés contrairement à ce qu’ils méritent », indique-t-il.

Par ailleurs, il se pose beaucoup de questions quant à l’avenir des jeunes Mauriciens après l’annonce de la gratuité des études supérieures. « Enseignement gratuit oui, mais qu’en est-il de l’emploi pour les jeunes diplômés ? »


Adila Sunkhar, 26 ans, de Trou-d’eau-Douce : «Je ne sais plus quoi faire après avoir étudié les lettres»

adilaAprès avoir fait des études en lettres à l’université de Maurice, Adila Sunkhar espérait trouver rapidement un emploi à sa sortie. Malheureusement pour elle, cela fait trois ans qu’elle n’arrête pas de chercher. « J’ai toujours voulu être éditrice ou enseignante, parce que je me passionne pour la langue, mais trouver un job adéquat est très difficile. J’enchaîne les entretiens, scrute tous les postes vacants : rien. Aujourd’hui, je me force à travailler dans un centre d’appel pour percevoir un salaire chaque mois et rembourser mon prêt étudiant. »

Malgré tout, Adila ne perd pas espoir et s’accroche. « Jadis, un diplôme valait de l’or, aujourd’hui, il n’impressionne plus personne. En avoir un n’est plus un exploit, cela devient de plus en plus facile de poursuivre ses études. Ce qui fait que c’est tout à fait normal d’en avoir un » fait observer la jeune femme remplie d’ambition.


Jonathan Lafleur, 28 ans, de Grand-Baie : «Je suis chômeur depuis quatre ans»

jonathan« Mon avenir professionnel semblait très prometteur », lance Jonathan Lafleur. Cet habitant de Grand-Baie est détenteur d’une licence en communication de l’Université de Liège en Belgique.

Mais depuis son retour à Maurice, il y a quatre ans, il est sans emploi. Le jeune homme se heurte systématiquement à la même réponse : « Vous n’avez aucune expérience dans le domaine ».

« Comment vais-je acquérir de l’expérience, si je ne décroche pas un premier emploi ? Mes parents ont dépensé des milliers de roupies pour payer mes frais universitaires et mon logement, j’ai travaillé dans un fast-food et j’aurais aimé, à mon tour, aider ma famille qui s’est beaucoup sacrifiée pour moi en contribuant au budget familial. J’ai postulé dans plusieurs entreprises, mais on m’appelle rarement pour des entretiens ou pour me faire une offre. Je suis disqualifié d’avance, vu que je n’ai pas d’expérience. J’avoue que je suis un peu pessimiste pour ce qui est de mon avenir et de ma carrière », avance le jeune homme.

Il est aussi sceptique concernant l’avenir des prochains jeunes diplômés. Pour lui, il est décevant de se retrouver sans job après les sacrifices consentis.

 

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