Le message a le mérite d'être clair. Quand il s'agit de réglementer le secteur bancaire, les politiciens n'ont pas leur mot à dire. Propos de Ramesh Basant Roi, Gouverneur de la Banque de Maurice, lors du dîner annuel de l’institution avec les principaux acteurs économiques, vendredi , à l'hôtel Hilton, Flic-en-Flac.
«Il va sans dire que la réglementation et la supervision des banques relèvent de la Banque de Maurice et ne peuvent être prises à la légère. Les politiciens doivent rester à l'écart des instances de régulation et de supervision », a affirmé Ramesh Basant Roi, faisant référence particulièrement à l'octroi de permis d'institutions financières qui ne doivent en aucun cas être soumis à l'influence politique.
Lors de son intervention, neuf ans après son dernier discours du genre, le Gouverneur de la Banque de Maurice remet les pendules à l'heure. Il a fait un tour d'horizon du secteur bancaire : le rôle du régulateur, les liens incestueux, les opérations et pratiques dans les banques commerciales. Il égratigne au passage des firmes d'experts-comptables.
« Dans des sociétés claniques, fortement politisées, les liens entre la politique, les banques et les entreprises ont tendance à devenir trop étroits, pour ne pas dire incestueux. Les Chief Executive Officers ou les principaux actionnaires bien connectés au niveau politique ont une influence dominante dans leurs banques respectives », a affirmé Ramesh Basant Roi. « Ils ont jugé difficile d'imaginer qu'une mauvaise chose peut se produire (...) qui leur permet de développer un instinct infaillible d'auto-détruire et ruiner leurs propres banques ».
Début avril, la Banque de Maurice a révoqué le permis d'opération de la Bramer Banking Corporation, entraînant dans son sillage, la chute du conglomérat British American Investment. Auparavant, il y a eu les cas de l'ex-MCCB et la Delphis de Ketan Somaia. Au cours des 46 dernières années, la Banque de Maurice a enlevé le permis de cinq banques. Est-ce que le régulateur a bien agi ?
« Pas un seul officier de carrière de la Banque de Maurice ne ressent des plaisirs sadiques à travers la révocation d'un permis d'opération d'une banque, car l'arrière-goût est connu pour être très désagréable. (…) Le pouvoir de révoquer un permis d'opération à une banque ne doit jamais être interprété comme le doigt chatouilleux d'un homme déprimé sur la gâchette d'un pistolet chargé », a affirmé Ramesh Basant Roi.
Et de renchérir : « L’équivalent, plutôt, est un fusil accroché au mur. La Banque centrale sait, que de temps à autre, un coup part. Mais elle ne sait pas quand. Le pistolet est là. Mais la Banque centrale n'a pas de pré-engagement à l'utiliser. La révocation d'un permis bancaire est une décision d'ultime recours ».
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