Dictionnaire de référence, Le Petit Robert sait aussi coller à son époque

Les "geeks" et les "youtubeurs" font une entrée fracassante dans le millésime 2017 du Petit Robert, l'un des dictionnaires de référence de la langue française, et d'aucuns ne manqueront pas de le "tweeter" même s'ils craignent les "trolls".     Ces mots liés à internet et aux nouvelles technologies font partie des 150 mots qui viennent enrichir les 2.800 pages du Petit Robert, disponible à partir de jeudi. Parmi les nouveautés, le terme "nomophobie" désigne une dépendance extrême au téléphone portable qui, comme on peut le remarquer dans les transports en commun, affecte de plus en plus de personnes. "Choisir ces mots est un travail continu", explique le linguiste Alain Rey, conseiller éditorial des éditions Le Robert. Chaque année, entre un millier et 2.000 mots qui ne sont pas dans le dictionnaire sont relevés par son équipe. "On engrange tout ce qui apparaît dans les médias", dit-il lors d'un entretien avec l'AFP. "On essaye d'extraire ceux qui ont des chances de durer". Ont ainsi été retenus le mot "viandard", un adepte de la viande alors même que le mouvement "vegane" (qui exclut tout produit d'origine animale dans l'alimentation et l'habillement) prend de l'ampleur. Côté gastronomie, on retiendra l'"alfala", une luzerne riche en protéines et en calcium ainsi que le "pad thaï", le plat traditionnel thaïlandais, qu'on peut relever avec du "piquillo", un piment doux produit au Pays basque. Pour brûler toutes les calories accumulées, on conseille de "s'enjailler", un mot venu de Côte d'Ivoire et qui signifie faire la fête à moins que l'on préfère faire la "chouille", ce qui revient exactement au même. Une autre méthode pour éliminer est de faire du sport et pourquoi pas de l'"aquabike". Une des forces du Petit Robert est également de coller à l'actualité. On trouvera ainsi de nouvelles définitions pour "candidats au djihad" ou "radicalisation des jeunes". La lutte contre le groupe Etat islamique (EI) et l'afflux de réfugiés ont abouti à l'ajout des mots "peshmerga" (combattants kurdes) et "yézidi" (minorité kurde persécutée par l'EI) et notamment d'une nouvelle définition de "migrant". Les spoilers donnent envie de tchouler Parmi tous les mots nouveaux, Alain Rey n'en a aucun de préféré même si l'on sent que les mots issus du monde francophone ont sa sympathie. On trouve cette année, venus de Belgique, les mots "ket" (gamin effronté) ou "tchouler" (pleurer abondamment). Pour cet amoureux de la langue française "l'afflux monstrueux d'anglicismes" est un crève-coeur. "On ne peut pas les éviter car tout le monde les emploie", regrette-t-il. Mais, ajoute-t-il, "spoiler", un des mots nouveaux du dictionnaire, "m'énerve prodigieusement car il y a des mots français disponibles mais qu'on n'emploie pas" pour dire comment gâcher le plaisir d'un lecteur ou spectateur en lui dévoilant à l'avance des éléments de l'intrigue. Heureusement, souligne-t-il, aucun des mots qui figuraient dans les éditions précédentes n'a été retranché pour faire de la place aux nouveaux entrants. Ainsi, le lecteur de l'Avare de Molière, intrigué par la formule "tenir la bride haute" (Acte I, scène 5) saura que cela signifie "ne pas lui laisser de liberté d'action". Complément du Petit Robert de la langue française, Le Petit Robert des noms propres sortira le 26 mai. On y trouvera désormais l'actrice et réalisatrice Maïwenn ou encore le footballeur Lionel Messi qui côtoie la prix Nobel de littérature Svetlana Alexievitch ou le dernier prix Goncourt, Mathias Enard. Deux Rey, Abel et Jean, y sont, mais pas Alain. "J'ai décidé de ne pas figurer dans le bouquin et je ne reviendrai pas là-dessus", insiste Alain Rey, 87 ans. "On ne se sert pas la soupe à soi-même, on attend qu'un meilleur cuisinier le fasse".   Avec AFP
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