Lorsqu’il avait 19 ans, Girish Ramjuttun a quitté Maurice, son pays natal, pour faire des études supérieures à Melbourne, en Australie. Aujourd’hui âgé de 41 ans, il incarne l’esprit entreprenant et la détermination d’un Mauricien qui, loin de chez lui, a su bâtir un pont gastronomique entre Maurice et l’Australie.
Girish Ramjuttun, qui est originaire de Maurice, a choisi Melbourne pour ses études supérieures. C’est là qu’il a croisé le chemin de Simla, une compatriote avec laquelle il a fondé une famille de trois filles. Ensemble, ils ont entrepris la démarche de faire rayonner la culture de leur pays à travers des entreprises dédiées à la promotion de la cuisine de l’île.
L’aventure entrepreneuriale a débuté en 2011, lorsqu’un désir de briani mauricien a conduit le jeune homme qu’il était à créer Lakaz Mama, une entreprise spécialisée dans l’importation et la distribution de produits alimentaires mauriciens. « Cela a été un processus organique à bien des égards. Ni Simla ni moi ne venons d’un milieu culinaire. J’ai étudié le commerce et elle la finance », raconte Girish Ramjuttun.
Un dimanche, en 2011, il s’est réveillé avec une forte envie de briani. « Ma mère, une cuisinière passionnée, avait l’habitude de m’envoyer toujours avec un paquet de 12 épices Lazzat Briani à chaque fois que je lui rendais visite. Mais quand j’ai vérifié le placard, il n’y en avait pas », dit-il.
Ainsi, il a dû conduire pendant deux heures pour trouver le même mélange d’épices, mais il n’a rien trouvé à Melbourne. « Je suis rentré cez moi déçu, mais aussi déterminé à ce qu’aucun Mauricien ne doive passer par cela pour avoir un peu de confort alimentaire loin de chez lui. C’est comme cela que Lakaz Mama est né », se réjouit-il.
Plats « fusion »
En 2012, l’entreprise a importé sa première cargaison. Depuis, elle répond à un besoin fondamental ressenti par les expatriés mauriciens en quête de saveurs familières loin de chez eux. Mais l’histoire ne s’arrête pas là.
En 2016, Girish et Simla ont étendu leur influence en ouvrant le café Lakaz Mama au Dandenong Market de Melbourne. Ce café est rapidement devenu un point de rencontre incontournable pour la communauté mauricienne, mais également un lieu d’exploration pour les curieux de la cuisine kreol mauricienne.
Le café a ouvert ses portes en janvier 2016 en tant que stand éphémère. « Nous étions dans un emplacement semi-permanent car nous n’étions pas sûrs de l’évolution de la situation. Avec beaucoup de travail et un peu de chance, nous avons pu installer le café de manière permanente à l’intérieur du marché », explique le chef d’entreprise.
La décision de s’installer dans le marché était de toucher un public plus large que les seuls Mauriciens. Le couple a également décidé de relever le défi de faire connaître la cuisine mauricienne au-delà des frontières de la diaspora. Pour cela, il a créé des plats fusion, tels que le « Dholl Puri Burrito » et les tacos au poisson « vindaye », offrant une expérience culinaire unique aux habitants de Melbourne.
Comme tous les entrepreneurs, les défis ont été nombreux, notamment celui de faire découvrir la cuisine mauricienne à une clientèle étrangère. Girish et Simla ont compris que la complexité de la cuisine mauricienne nécessitait un point d’entrée unique. C’est ainsi qu’ils ont décidé de la présenter comme l’une des grandes cuisines créoles du monde.
Célébration de l’Indépendance de Maurice à Melbourne
Lakaz Mama propose également des événements et des soirées spéciales afin de célébrer la culture mauricienne et de partager cette expérience avec la communauté locale. « Un de nos plus grands événements est la célébration annuelle de l’indépendance de Maurice, qui a attiré, l’année dernière, 31 000 personnes, soit 8 000 de plus que la fréquentation habituelle du marché les dimanches », affirme le directeur.
Le succès de Lakaz Mama ne se limite pas à l’importation de produits et à la gestion d’un café. En 2019, ils ont étendu leurs activités en lançant leur propre unité de fabrication à Maurice, produisant des « dholl puris », des « faratas » et des boulettes chouchou, qui sont désormais distribués dans les supermarchés majeurs de l’île grâce à un partenariat avec BrandActiv.
Cependant, le rêve de Girish Ramjuttun va au-delà des affaires. Animé par l’objectif de faire connaître la cuisine mauricienne à l’échelle mondiale, il envisage de revenir vivre sur l’île avec sa famille pendant quelques années. Selon lui, les défis sont nombreux, mais sa passion pour son pays d’origine et la volonté de partager la richesse de la culture mauricienne restent inébranlables.
Vie personnelle
Girish Ramjuttun, marié depuis 2007 à sa partenaire de vie et d’affaires Simla, est le fier père de trois filles. Leur aînée, Karishma, âgée de 14 ans, ainsi que Saisha, 12 ans, sont au collège, tandis que la cadette, Shreya, âgée de sept ans, fait ses débuts à l’école primaire. Au sein de leur foyer, un membre à quatre pattes ajoute de la joie à leur quotidien : Cuddles, le chien de la famille.
La famille Ramjuttun incarne un profond attachement à Maurice. « Mes filles sont non seulement fières de leur identité mauricienne, mais elles expriment également un sentiment d’appartenance à la culture de l’île. Cette fierté nationale se manifeste dans leurs chambres, ornées de drapeaux mauriciens. Elle se reflète dans leur réaction à l’école, où elles récusent l’idée d’être originaires de l’Inde », rit l’entrepreneur. Les filles, poursuit notre interlocuteur, sont actives sur les réseaux sociaux, où elles explorent et partagent la richesse de la culture mauricienne.
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