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Dharam Bhugun : son travail sur les couples mixtes salué par le prince Harry et Meghan Markle

Dharam Bhugun, un expert en interculturalitΘΘé, a sept ouvrages à son actif.

Des champs de cannes de Surinam à Maurice, aux feux des projecteurs en Australie, un Mauricien reçoit les félicitations du couple Harry et Meghan pour son travail sur les couples mixtes.

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Un Mauricien, Dharam Bhugun a impressionné le Prince Harry et son épouse Meghan Markle. Le couple royal a trouvé très utile et enrichissant le contenu, les analyses et les conseils prodigués dans le livre : Intercultural Parenting and Relationships: Challenges and Rewards,  de notre compatriote qui s’est installé en Australie en 1987. 

Né à Surinam, dans le Sud de l’île, Dharam Bhugun est devenu un expert en interculturalité. Il s’est inspiré de ses origines, de son propre parcours, de ses mariages mixtes et de son envie d’ailleurs, autant d’éléments qui lui ont permis de découvrir de nouveaux horizons. Il a aussi pris en ligne de compte l’évolution des mentalités, en termes d’identité et d’intégration. 

Revenons sur le parcours particulier de cet enfant de laboureur, qui est aujourd’hui docteur en Sciences sociales et thérapeute psychosocial en Australie. Il a sept ouvrages à son actif.  Cependant, « Intercultural Parenting and Relationships: Challenges and Rewards » a été plébiscité par le prince Harry et son épouse Meghan Markle, parents du petit Archie Harrisson Mountbatten Windsor, enfant de l’interculturalité. Le couple royal a adressé un courrier spécialement à l’auteur mauricien pour le féliciter pour son travail et sa mise en perspective.

Coonjbeeharry Bhugun, connu comme Dharam, est âgé de 67 ans. Enfant de parents laboureurs, le petit Dharam est le sixième d’une fratrie de neuf enfants. Ces derniers ont grandi dans une petite maison en paille qui, au fil du temps, s’est transformée en une bicoque en bois avec un toit en tôle. 
Dharam se souvient de ses six frères et sœurs qui vivaient dans la petite maison de deux chambres : « Je dormais avec mes deux petits frères dans le même lit. Nous avions l'habitude de manger dans une cuisine extérieure et aller aux toilettes dans l'arrière-cour. Ma mère m'emmenait au champ quand j'étais bébé. Elle me mettait dans une couverture et me posait sur un rocher. Pendant qu’elle coupait les cannes, elle jetait un coup d’œil sur moi de temps en temps pour vérifier si j’allais bien. À cinq ans, sur le chemin du retour, elle mettait une botte d'herbe pour le bétail sur ma tête ou du bois pour cuisiner. Notre maison se trouvait à plus d’un kilomètre. »

Lorsque Dharam a commencé l'université, il a dû aller vendre des légumes le matin et l'après-midi dans les villages avoisinants pour se faire un peu d’argent de poche. Il y a des jours où il a dû se rendre à l'université à pied.  Il marchait plus de sept kilomètres pour économiser son argent de poche. Ses parents ont eu du mal à trouver le nécessaire pour élever leurs enfants, mais la manière dont cela a été fait a permis à Dharam de respecter et d’apprécier tout ce qu'il avait, de la nourriture aux jouets.  

Après avoir été témoin de la lutte quotidienne de ses parents et du travail acharné pour pouvoir survivre, Dharam a décidé de travailler dur pour avoir une meilleure vie : « J'ai terminé mes études primaires et secondaires en 1970, mais contrairement à certains de mes amis issus de familles riches, mes parents n'avaient pas les moyens de m'envoyer à l'étranger pour des études supérieures. J'ai dû être humble et j’ai débuté en tant qu'officier au ministère de l'Éducation. »

Ayant toujours eu une fascination pour les uniformes, Dharam Bhugun a intégré la force policière en 1974. Il a obtenu son diplôme et il était la meilleure recrue de cette année. Il a été honoré par le Premier ministre de l'époque, Sir Seewoosagur Ramgoolam, qui connaissait ses parents et qui leur a dit qu'ils devaient être très fiers de leur enfant. Dharam Bhugun dit être tout aussi fier d'avoir pu honorer ses parents. En raison de son éthique et de son bon dossier, il a été promu au SSS (Service de sécurité de l'État) et plus tard à la direction de la Traffic Branch.

Choc culturel

Connaissant ses forces et son potentiel, il était déterminé à aller de l'avant pour chercher des opportunités dans la vie. C'est ainsi qu'en 1987, Dharam Bhugun a émigré en Australie pour réunir sa femme avec ses parents qui avaient fait le grand saut. L'autre but était surtout de garantir des possibilités d'éducation supérieure à ses enfants et à lui-même afin qu'il puisse poursuivre ses études tertiaires. Pour le faire, il a dû prendre un prêt auprès de la banque.  Et pour pouvoir acheter les billets d'avion, il a dû vendre tous ses meubles. 

C'était un choc culturel absolu lorsque Dharam Bhugun est arrivé en Australie. Il y avait la barrière linguistique, avec différents types de communication. Il voyait que tout était différent: la culture alimentaire, l'attitude des gens envers les étrangers, l'éthique de travail, la discrimination, la scolarisation des enfants, entre autres. De plus, il lui a fallu louer un appartement plutôt que d'avoir sa propre maison. « C'était très difficile pour moi d'être loin de mes parents, des fêtes culturelles, des traditions, des valeurs mauriciennes et de la transition vers les valeurs d'une société individualiste par opposition à la culture collectiviste dans laquelle j'ai été élevé. J'ai dû repartir de zéro. »

Dharam Bhugun a dû faire face aussi à de réelles difficultés financières. Il a dû cumuler deux emplois et étudier en même temps. Il dormait à peine 3 à 4 heures par nuit. Son premier emploi a été au ministère de la Jeunesse et des Services communautaires. Ainsi, il a décidé de faire des études en Sciences sociales et en Gestion, y compris la Psychologie, le Travail social et la Gestion du secteur public. « Je voulais être en mesure d'offrir un meilleur service au ministère pour lequel je travaillais et aussi viser des postes plus élevés dans mon choix de carrière. J'ai aussi senti que j'avais une nature bienveillante qui pouvait être mieux utilisée dans les services.» Ce qui l'amène à douze ans d'études à l'Université de Technologie de Sydney, Griffith University Queensland, University of Queensland, Queensland et Southern Cross University, Nouvelle-Galles-du-Sud. Tout cela a culminé dans l’obtention d'un diplôme d'études supérieures en Sciences sociales, un Master en Travail social, un Master en Gestion et un Doctorat en Sciences sociales.

Sa compréhension et sa maîtrise de l’interculturalité, Dharam l’a développé à partir de sa propre histoire : « J'ai été marié pendant 10 ans à une fille d’origine française à Maurice et nous avons eu deux enfants, Ireena et Vick. Malheureusement, nous nous sommes séparés en Australie. Mes deux enfants sont installés au pays des kangourous et je suis maintenant le grand-père de cinq petits-enfants. Je me suis remarié en Australie avec une femme anglo-australienne. Elle s'appelle Helen et nous sommes unis depuis 20 ans. J'ai rencontré ma femme au travail et on s’est aimé dès le premier regard. » 

Dharam travaille actuellement comme thérapeute psychosocial dans son propre cabinet. Il est également auteur, écrivain et conférencier. Il a publié dans plusieurs revues académiques.  Au sujet de son dernier ouvrage, il affirme qu’il ne s’attendait pas à ce que le couple interculturel le plus célèbre du monde reconnaisse et lise son livre. « C'est un privilège qui couronne mes six années de travail sur le sujet. C'était vraiment excitant de recevoir le courrier royal et une photo de famille personnelle du couple royal », lâche-t-il avec fierté.

Dharam rappelle que de nombreux couples mixtes viennent lui demander de l'aide et des conseils sur les questions relationnelles et parentales. Ils éprouvent des difficultés en raison de leurs différences culturelles. « Je voulais explorer la manière d’aider ces familles plus efficacement et les aider à faire face au phénomène croissant des relations interculturelles et parentales et ses implications pour les politiques et la pratique clinique.» Dharam rappelle qu'il  y avait un grand vide sur ce phénomène dans le monde entier, en particulier en Australie, en raison de sa population multiculturelle croissante. « Je voulais donc combler cette lacune », conclut-il.

« Je suis sûr que mes parents auraient été très fiers de mes réalisations. Malheureusement, ils ne sont plus ici pour être témoins de ce succès. » 

 

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