Elle n’avait jamais imaginé sa vie ailleurs. Encore moins dans un des pays les plus puissants au monde. Mais Devina Jankatt Das a fini par se créer un nid douillet, pour sa famille et elle, aux States.
À Rivière-du-Rempart, où elle est née en 1980 et a passé son enfance, les États-Unis n’étaient qu’un item du Journal télévisé de 19 h 30. Devina est la benjamine de la famille Jankatt. « Nous étions très modestes. Mon père était laboureur sur la propriété sucrière de Fuel et ma mère ouvrière d’usine. Ils ont trimé pour nous offrir une bonne éducation », dit la jeune femme de 36 ans.
Le père, bosseur, ne cessait de répéter à son fils et ses deux filles qu’il fallait « travailler pour réussir ». Devina a la chance d’être la première degree holder de la famille. Son diplôme universitaire en poche, elle entame une maîtrise en communication et journalisme à l’université de Pune en Inde. Son frère est enseignant du primaire et sa sœur Spa Therapist.
C’est à Pune que Devina rencontre celui qui allait devenir mon époux. Debjyoti Das est issu d’une famille bengalie. Lui aussi a dû se battre. Les tourtereaux se marient en 2005 et Devina démarre une nouvelle vie à Pune. Le temps de faire un enfant, le couple met le cap sur les États-Unis, plus précisément à Charlotte, en Caroline du Nord. Nous sommes en 2007.
Debjyoti, Software Developer, s’est vu offrir un poste dans une firme indienne basée aux States. « Toutefois, je n’ai jamais pu travailler aux États-Unis en raison de lois très strictes, que le gouvernement est en train de revoir. Je garde espoir de pouvoir faire valoir mes compétences dans le domaine de la communication », confie Devina.
La carrière de Deb connaîtra une ascension fulgurante. Il est désormais directeur associé au sein de la firme pour laquelle il travaille. « Il est en charge de ses propres projets, qui génèrent des millions de dollars », confie fièrement Devina. Le couple aura un deuxième fils en 2012.
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Pas une vie hollywoodienne
Devina explique que vivre à l’américaine n’a rien d’extraordinaire. « Les gens pensent que nous vivons comme dans les films hollywoodiens. Loin de là ! Nous menons une vie très ordinaire. Certes, nous avons toutes sortes de facilités, mais les Américains, en fait, mènent une vie très simple… et s’habillent très mal. Ils sortent toujours en jeans et t-shirt », dit-elle. Et d’ajouter qu’on ne peut comparer le style de vie à la mauricienne et l’American way of life. « C’est tellement différent ! À Maurice, par exemple, on prend 10 à 30 minutes pour se rendre à une plage. Ici, il faut compter au moins trois à quatre heures de trajet pour atteindre la plage la plus proche. Nos cultures culinaires diffèrent totalement, tout comme nos modes de vie », souligne la jeune femme. Devina se réjouit cependant du « rôle essentiel » de la femme au sein de la société américaine. Même celui des ménagères comme elle. D’ailleurs, indique-t-elle, elle n’est pas désignée comme « housewife », mais plutôt « homemaker ». « En tant que tel, je sens que j’ai une responsabilité importante. Je m’occupe de tout. Les gens pensent qu’aux États-Unis, on mène une vie luxueuse. Ce n’est pas le cas. Il est difficile des fois de joindre les deux bouts, surtout que je ne travaille pas. Nous avons récemment acheté une maison et avons dû remplacer une de nos voitures. Avec deux enfants à nourrir, une assurance santé, une assurance logement et d’autres dépenses, la vie est loin d’être aisée », précise-t-elle. Le meilleur moyen de s’en sortir, c’est de bien planifier ses dépenses, y compris pour les loisirs. Elle fait de sorte de ne jamais dépasser la limite fixée. Ainsi, elle n’hésite pas à profiter pleinement des promotions lorsqu’elle fait les courses.Préserver les origines
Ne trouve-t-elle pas parfois la vie de « homemaker » ennuyeuse ? « Elle peut l’être, d’autant que j’ai des diplômes. Cependant, je n’ai pas trop le choix. Et heureusement que la gym me permet de me défouler et d’évacuer toute cette frustration. C’est mon activité favorite ». La famille Das a deux passions : le jardinage et le camping. Le week-end, Devina passe le plus clair de son temps dans son potager. Sinon, durant les vacances, elle part camper à la plage, à la montagne, au lac… « Une chance que nous n’avons jamais subi de discriminations. Bien au contraire ! Les gens semblent fascinés par nos origines asiatiques. Ils sont curieux de savoir comment nous vivons et surtout ce que nous mangeons. Et nous faisons de sorte de toujours rappeler à nos fils Dyuman et Dnyan nos origines et nos cultures. Ils ne doivent pas oublier leurs racines ! Par exemple, c’est en grande pompe que nous célébrons le Durga Puja chaque année. C’est l’une des plus grandes fêtes religieuses pour mon époux », souligne-t-elle. Devina concède que la famille lui manque énormément ! « Dnyan est né prématurément. Ce fut un véritable défi de nous occuper de lui et de notre fils de six ans en même temps. Nous avons dû tant bien que mal nous débrouiller. C’est dommage aussi que mes enfants n’aient jamais su ce que c’est que de grandir auprès des grands-parents. Nous avons choisi cette vie et il nous faut l’assumer. La technologie nous permet toutefois de rester en contact avec nos proches. Aussi, nous avons des amis ici sur lesquels nous pouvons compter. Ce sont eux notre famille. » Mais même si sa famille lui manque, Devina n’a pas l’intention de retourner à Maurice. « Si nous devons quitter les États-Unis, c’est en Inde que nous retournerons, car la compagnie où travaille mon mari est indienne. De plus, nous avons notre maison à Pune. Et l’Inde a l’un des meilleurs systèmes éducatifs au monde. Cela dit, c’est la vie à l’américaine que je préfère », ajoute-t-elle.
Causette en créole
Petite anecdote: Devina voyage souvent dans des taxis conduits par des chauffeurs d’origine haïtienne. Résultat : ils finissent toujours par faire la causette en créole. « C’est un réel plaisir », dit-elle. <Publicité
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