Déviations routières à Port-Louis : les opérateurs de taxi comptent enfiler leurs gilets jaunes

Hausse des tarifs et colère des opérateurs de taxi. Les nouvelles configurations routières n’enchantent pas les opérateurs à la gare Victoria.

« Nous allons bloquer Port-Louis.» C’est ce que nous a confié Raffick Bahadoor, président de la Taxi Proprietors’ Union (TPU). La raison de cette irritation : les déviations de la circulation mises en place dans la capitale. Cette nouvelle configuration routière pèse lourd sur les opérations des taxis et sur le porte-monnaie des clients.

Rs 50 à Rs 100 de plus pour rallier la gare Victoria aux faubourgs nord de Port-Louis. Pour sortir de la gare Victoria vers Baie-du-Tombeau, le tarif a augmenté de Rs 100. « Augmentation obligatoire », affirme le représentant des 72 opérateurs de taxi de Victoria.

Cette hausse et ce mécontentement, il les justifie par le fait qu’il faut parcourir davantage de kilomètres à chaque trajet. Raffick Bahadoor souligne que pour gagner Port-Louis Nord : Vallée-des-Prêtres, Plaine-Verte, Baie-du-Tombeau, Roche-Bois, entre autres, il faut passer par la route Royale. Cette voie est, normalement, très embouteillée. Et pour revenir à la gare Victoria, les taxis doivent passer par Port-Louis Sud, soit jusqu’à La Butte pour longer la rue Lord Kitchener et regagner la gare Victoria. Ce long détour équivaut à plus de carburant consommé et ce sont les clients qui en font les frais.

Outre le carburant, le nouveau trajet prend plus de temps. « Pour nous, le temps c’est de l’argent », explique Raffick Bahadoor. Avec la hausse des tarifs, le nombre de clients baisse. Les Mauriciens préfèrent attendre et prendre un autobus vers la gare du Nord ou marcher jusqu’à la Place de l’Immigration au lieu de payer Rs 50 de plus.

Bibi, fonctionnaire de 37 ans, négociait mercredi matin à la gare Victoria avec un taximan. Le tarif était trop élevé à son goût. Pour gagner la mairie, on lui réclame Rs 150 au lieu de Rs 100.  « C’est inadmissible, à cause d’un détour je suis contrainte de payer Rs 50 de plus, alors que je suis pressée. Je préfère marcher.» Bibi a donc bravé le soleil et le chauffeur de taxi a perdu sa cliente.

Une situation qui exaspère les opérateurs qui envisagent de descendre dans la rue. « Le gouvernement ne doit pas s’étonner si nous imitons le mouvement des gilets jaunes. Et que les politiciens ne viennent pas politiser notre contestation », prévient le président de la TPU. Il demande aux autorités d’imaginer la configuration de la circulation à la rentrée des classes. «Le gouvernement a facilité l’entrée dans Port-Louis à travers cinq rues, mais pour en sortir, avec les détours, c’est le cirque.»

Le Défi Quotidien a sollicité vainement les commentaires du ministre des Infrastructures publiques sur la contestation des taximen.