À seulement 18 ans, Karina est mère d’un petit garçon de trois ans. Elle attend son deuxième enfant. Enceinte de huit mois, son conjoint en prison, elle se retrouve dans la précarité. Elle nous relate son histoire.
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Karina n’avait pas prévu de tomber enceinte à 15 ans. Enfant, elle avait des rêves, elle croyait au père Noël et que la vie ne lui réservait que de belles choses. Pourtant, jusqu’à ce jour, elle n’a connu que des déceptions et n’a vécu que des cauchemars. Aujourd’hui âgée de 18 ans, elle a un fils de trois ans et en mars prochain elle accouchera de son deuxième enfant.
Elle n’a pas vraiment connu et savouré la vie comme toutes les jeunes filles de son âge. À peine après avoir fait les premiers pas dans le monde de l’adolescence, contrairement aux autres, elle s’est retrouvée parmi ces jeunes filles-mères, victimes de grossesse précoce. Karina nous explique n’avoir pas voulu de cette vie. Alors qu’elle était étudiante, elle a abandonné ses études pour accoucher à 15 ans alors que ses amis pour la plupart sont encore à l’école. Elle, de son côté a dû abandonner les bancs de l’école pour rester à la maison avec son enfant. « Je n’étais pas du tout prête, mais j’ai dû assumer mon rôle de mère. Je devais allaiter, m’occuper du bébé et me mettre au second-plan », raconte-t-elle tristement.
C’est à l’âge de 13 ans qu’elle a fait la connaissance d’un maçon âgé de 19 ans. Durant cette époque, elle fréquentait un collège privé. Elle n’a pas eu un bon guide, ni exposée à l’éducation sexuelle et vient d’une famille nombreuse. Karina s’est vite retrouvée dans la spirale de l’amour. Elle a eu des relations sexuelles sans protection et, à l’âge de 15 ans, elle apprend qu’elle est enceinte de deux mois lors d’une visite médicale à l’hôpital Jeetoo. « J’avais des douleurs au ventre et les médecins avaient effectué des tests de grossesse qui se sont révélés positifs. Mais mes parents ont été mis au courant ainsi que les officiers de la Child Development Unit (CDU) », raconte Karina.
Sans aucun revenu
Contrairement à ce que pensaient les proches de la jeune fille, une enquête aurait dû être ouverte par la CDU mais Karina semble avoir été abandonnée à son sort par les autorités concernées. Il n’y a jamais eu de suivi. Elle a juste accouché à terme et donné naissance à un fils. Son copain, âgé de 20 ans, entre-temps, a décidé de se mettre en concubinage avec elle. Karina s’affiche comme mère de famille malgré son manque d’expérience. Elle tente tant bien que mal à grandir son enfant avec l’aide de sa famille. « J’avais beaucoup de projets en tête, comme travailler et être une femme indépendante. Après avoir accouché de mon fils, j’ai travaillé comme serveuse. Malheureusement, récemment j’ai été licenciée quand j'ai annoncé à la direction que j’étais enceinte », dit Karina.
Comme un malheur ne vient jamais seul, Karina, qui attend donc son deuxième enfant, a eu la désagréable surprise d’apprendre que son concubin devra purger une peine de trois ans de prison pour une affaire d’amende non payée et aussi de n’avoir pas respecté un ordre de la cour depuis août 2018. Du coup, elle se retrouve sans aucune source de revenu pour subvenir à ses besoins et ceux de ses enfants. Elle a besoin de vêtements pour son fils de trois ans. Des couches, des lingettes ainsi que des vêtements pour le nouveau-né, de même que des provisions pour son fils. Tous ceux qui souhaitent l’aider peuvent la contacter directement sur le numéro de téléphone suivant : 54801855
297 cas de grossesses précoces en 2018 contre 207 en 2017
Ces chiffres sont alarmants pour l'île Maurice, car ces jeunes doivent être à l’école et concentrés dans leurs études déclare Vidya Charan. Regardez la performance de nos jeunes en termes de nombre de crédits qu’ils sont en train d’avoir, bien que toutes les facilités sont disponibles, cela fait réfléchir. Ils auraient dû se concentrer beaucoup plus sur leurs études et d'autres activités sociales pour leur propre épanouissement au lieu de s’adonner à des activités sexuelles et ensuite de prendre la responsabilité comme parents trop tôt, à un âge où les jeunes filles auraient dû être à l’école. Je ne dis pas que l’erreur ou la tentation n’existe pas et qu’il ne faut pas comprendre les jeunes. Qu’est-ce qu’il y avait auparavant ? Que les jeunes devaient ou bien avaient la capacité de résister même s’il y avait une tentation ou influence quelconque. On doit travailler là-dessus.
Quelles sont les mesures à prendre pour combattre ce fléau ?
Selon Vidya Charan, les jeunes sont très branchés et connectés aujourd’hui, donc il faut avoir une approche très moderne. L’éducation à la sexualité reste un dossier sensible à régler par le ministère de l’Éducation. Nos jeunes n’ont pas les éléments nécessaires pour résister à tout acte de pression et d’influence. Elle affirme qu'il faut travailler sur les valeurs et l’éducation parentale à travers la PTA. La compréhension des parents est primordiale et avoir des sessions de formation à travers des programmes à la télé. Charan ajoute que c’est vrai qu’on ne peut pas empêcher des jeunes de s’aimer mais dans la limite, car ils ne connaissent pas la loi qui existe. Il faut mettre des Youth Friendly Services pour les jeunes qui sont sexuellement actifs. Dans certaines écoles, il y a des health clubs qui doivent être dynamisés pour venir avec des activités préventives au sein de l’école, soutient Vidya Charan.
Vidya Charan, directrice de la Mauritius Family Planning Welfare Association : «Augmentation de 43,4% grossesses précoces en 2018»
Quel est votre constat en ce qui concerne la grossesse précoce en ce moment ? Nous avons constaté une hausse du nombre de cas de grossesses précoces rapportés, ainsi que de jeunes filles ayant accouché en 2018 comparé à 2017. En 2018, nous avons enregistré 297 cas et en 2017 on a eu 207. Cela fait une augmentation de presque 43,4 %. Et si la tendance continue, on aura encore beaucoup plus de cas.
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