Il y a bel et bien eu proposition de Dubaï Ports World auprès de l’État mauricien pour un bail de 99 ans dans la zone portuaire dans le cadre du projet de développement annoncé par le gouvernement, mais aucun accord n’a été signé pour l’heure.
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C’est ce qu’a affirmé le vice-Premier ministre Xavier-Luc Duval, aussi ministre responsable du port, lors de la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’Opposition Paul Bérenger à l’Assemblée nationale mardi 26 avril ; PNQ axée sur le projet de développement portuaire. Paul Bérenger voulait connaître les propositions de Dubaï Ports World. Xavier-Luc Duval a confirmé qu’il y a eu bel et bien une proposition de Dubaï Ports World pour un bail de 99 ans afin qu’elle puisse développer les activités dans la zone portuaire. Autres propositions : la mise en place d’une Special Economic Zone de 325 arpents à Riche-Terre et un accord de 30 ans avec la Cargo Handling Corporation (CHC). Xavier-Luc Duval ajoute que son ministère a mis sur pied un comité technique afin d’étudier les propositions de Dubaï Ports World. Il affirme qu’aucune décision n’a été prise à ce stade. Le gouvernement mauricien, dit-il, compte à présent faire des contre-propositions à Dubaï Ports World. Le no 2 du gouvernement estime que Dubaï Ports World a l’expérience requise et elle est reconnue mondialement. L’État mauricien, dit-il, doit impérativement rehausser les performances au niveau du secteur portuaire. Un autre volet de la PNQ avait trait au cas d’Alain Édouard, président de la Port-Louis Maritime Employees Association (PLMEA), licencié par le conseil d’administration de la CHC le 25 mars. La direction lui reproche de n’avoir pas respecté les heures de travail les 24 et 31 décembre. Paul Bérenger voulait savoir si Alain Édouard sera réintégré à son poste. Xavier-Luc Duval explique que la décision de licencier le syndicaliste n’avait rien à voir avec les négociations en cours avec Dubai Ports World. Alain Édouard, ajoute Xavier-Luc Duval, a été reconnu coupable de « serious misconduct ». Il annonce qu’une rencontre avec des syndicalistes aura lieu jeudi 28 avril pour décider du cas du syndicaliste.
Mise à jour
À l’Assemblée nationale mardi 26 avril, Xavier-Luc Duval a confirmé les ambitions affichées par Dubaï Ports World dans le partenariat envisagé avec les autorités portuaires mauriciennes. Dubaï Ports World a proposé d’obtenir un bail de 99 ans sur 325 arpents qu’il compte développer à Riche-Terre et un « management contract » de 30 ans pour diriger les opérations de la CHC. Xavier-Luc Duval a précisé toutefois que l’État mauricien sera un actionnaire majoritaire et que la part de Dubaï Ports World s’élèvera à 40 %. Il a aussi donné la garantie quant à la sécurité d’emploi et les droits des travailleurs du port. Les propositions de Dubaï Ports World, a bien souligné Xavier-Luc Duval, ne sont encore qu’au stade préliminaire et aucune décision n’a encore été prise. Le gouvernement doit maintenant faire ses contre-propositions, selon le vice-Premier ministre. Un comité technique interministériel a été mis sur pied pour examiner les propositions de Dubaï Ports World, selon Xavier-Luc Duval ; ajoutant que la Mauritius Ports Authority (MPA) s’est assurée des services d’un consultant de la Banque mondiale dans le domaine portuaire et des transports, Marc Juhel, afin d’assister lors des discussions. Xavier-Luc Duval a annoncé aussi le choix de la firme BDO pour examiner les implications financières, légales et techniques des propositions de Dubaï Ports World. Ce choix s’est fait par appel d’offres, a précisé Xavier-Luc Duval suite à une interpellation supplémentaire. Selon lui, deux autres firmes, Ernst & Young et PricewaterhouseCoopers, avaient soumis elles aussi leur offre, mais n’ont pas été retenues, car celle de BDO était la moins élevée. Tout au long de la PNQ, Xavier-Luc Duval n’a cessé d’insister sur l’importance pour que l’île Maurice sorte gagnante de ce partenariat envisagé avec Dubaï Ports World : « C’est un gros projet qui propulsera le pays en avant. Je donne l’assurance que tout se fera dans la transparence la plus totale et en toute légalité. “Nothing underhand will be done”. »
Genèse
Faisant la genèse du projet, Xavier-Luc Duval a rappelé que Dubaï Ports World s’est manifesté en juin 2015 et a exprimé le souhait d’un partenariat dans le secteur portuaire. En septembre 2015, selon Xavier-Luc Duval, une équipe technique a visité l’île Maurice pour faire avancer les discussions. Plusieurs sessions de travail ont eu lieu. Dubaï Ports World a soumis ses propositions préliminaires le 30 novembre 2015 et une équipe est venue en février 2016 pour le suivi, selon Xavier-Luc Duval. Le 25 février 2016, Dubaï Ports World a soumis des propositions plus détaillées sur la Special Economic Zone (SEZ) et les « Ports Operations » pour des discussions plus approfondies, selon Xavier-Luc Duval.
Propositions
Les propositions de Dubaï Ports World comprennent trois parties principales, selon Xavier-Luc Duval :
- Développement et marketing d’une SEZ de 325 arpents à Riche-Terre à travers une joint-venture avec le gouvernement de l’île Maurice pour un bail étalé sur 99 ans. Ce développement serait basé sur le model du Jebel Ali Free Zone de Dubaï. Selon Dubaï Ports World, ce développement impliquera un investissement initial de 23 millions USD pour les six premières années. Cette somme couvrira la construction du local industriel, des bureaux administratifs et aussi pour les « serviced plots ». Suivra un investissement additionnel de 37 millions USD, soit un investissement total de 60 millions USD. Selon les prévisions de Dubaï Ports World, la SEZ attirera 450 millions USD et générera la création de 8 000 emplois.
- Dubaï Ports World stipule qu’il sera un partenaire à 40 % dans ce projet avec un « management agreement » qui lui donne la responsabilité de gérer les opérations portuaires durant 30 ans. Dubaï Ports World se propose aussi d’investir 25 millions USD dans le Container Terminal pour améliorer l'infrastructure informatique et pour l'achat des équipements pour la manutention. Ce qui augmentera la capacité et la performance du terminal.
- Dubaï Ports Word se propose d’investir 500 millions USD pour développer le terminal jusqu’à 2030, au moment où les autorités portuaires s’attendent à ce que le trafic des containeurs dépasse les 1,3 million TEU (unités équivalant 20 pieds).
Garanties
Le gouvernement, selon Xavier-Luc Duval, recherchera des garanties auprès de Dubaï Ports World pour protéger et sauvegarder les intérêts du pays. Ces garanties prendront la forme des Key Performance Indicators (KPI) qui seront suivis à la lettre. « Nous allons suivre le développement et le volume de trafic généré dans la SEZ, le montant du FDI et des emplois créés, la productivité et les connectivité portuaires entre autres », a assuré Xavier-Luc Duval. Il a ajouté qu’il y a matière à discussions sur plusieurs aspects de ce partenariat avant que le gouvernement puisse envisager de s’engager davantage. « Si nous décidons d’aller de l’avant avec ce projet, le gouvernement s’assurera que les droits et les avantages, dont la pension des travailleurs, soient protégés. » Dubaï Ports World, a déclaré Xavier-Luc Duval, est le troisième plus grand opérateur portuaire dans le monde et il contrôle 70 terminaux : « Ils ont la réputation d’être très efficace et ont des liens privilégiés avec les lignes maritimes importantes. Dubaï Ports World opère aussi une vingtaine de “free zones”, la plus grande étant celle de Jebel Ali à Dubaï. »
Avantages pour l’île Maurice
Selon Xavier-Luc Duval, l’île Maurice a tout à gagner en s’alignant avec Dubaï Ports World : « L’île Maurice deviendra la passerelle [gateway] pour l'Afrique. Dubaï Ports World ambitionne de faire de l’île Maurice un “business hub” pour l'Afrique australe et orientale. » L’île Maurice, selon Xavier-Luc Duval, pourra accueilli des multinationales qui font des affaires avec les pays de la SADC et du Comesa. Avec ce projet, la zone de Riche-Terre deviendra la plus grande free zone de l’océan Indien et renforcera la position de l’île Maurice comme un Investment Hotspot dans la région, selon Xavier-Luc Duval. À l'heure des interpellations supplémentaires, Xavier-Luc Duval a souligné que l'envergure du projet justifie le bail de 99 ans sur les terres de Riche-Terre. Au leader de l'Opposition Paul Bérenger et aux des députés de l’Opposition Reza Uteem, Shakeel Mohamed Ezra Jhuboo, Joe Lesjongard, Xavier-Luc Duval n’a cessé de souligner le sérieux du gouvernement dans l'examen des propositions de Dabaï Ports World : « “It takes two to tango”. Jamais je ne mettrais l’intérêt du pays à risque. C'est l’île Maurice qui doit sortir gagnante de ce partenariat. »
Rencontre entre Alain Édouard et Xavier-Luc Duval
Le second volet de la PNQ était consacré au syndicaliste Alain Édouard, président de la Port-Louis Maritime Employees Association (PLMEA), licencié par le conseil d’administration de la CHC le 25 mars. Xavier-Luc Duval a annoncé qu'il rencontrera les représentants du syndicat jeudi 5 mai pour discuter de ce cas et de la possibilité de le réintégrer à son poste. Le vice-Premier ministre a déclaré que la décision de licencier Alain Édouard n’avait rien à voir avec les négociations en cours avec Dubaï Ports World. La direction lui reproche de n’avoir pas respecté les heures de travail les 24 et 31 décembre 2015. Il a expliqué qu’Alain Édouard a été reconnu coupable de « gross misconduct ».
Sanjana Bhagmal-Cadervaloo
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