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Développement : Port-Louis, un long chemin de ville morte à capitale 24 / 7

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Alors que l’urbanisation gagne les pays en développement et le continent africain, la transformation du paysage diffère. La ville-phare de Maurice, Port-Louis a accumulé du retard. Une fenêtre sur des opportunités multiples s’ouvre par le biais du National Regeneration Programme. Où est-ce que nous nous situons ? Quels sont les objectifs ? Éléments de réponse.

La zone délimitée pour le National Regeneration Programme.
La zone délimitée pour le National Regeneration Programme.

La différence est frappante. À l’heure de l’apéro, à Saint-Denis, nos voisins sillonnent les artères, tandis que la Place du 13 mai, le cœur d’Antananarivo, bouillonne. À Johannesbourg, son centre financier et ses faubourgs disposent d’endroits animés. Mais Port-Louis, qui est pourtant une capitale au riche patrimoine avec une belle histoire régionale, se drape de monotonie et de froideur à la nuit tombée. Exception faite du front de mer et de la rue Sir Seewoosagur Ramgoolam, à son extrémité proche de Plaine-Verte.

La capitale du pays pourrait afficher un nouveau look à travers le Port-Louis Urban Regeneration Plan. Piloté par The Port-Louis Development Initiative, ce plan a pour objectif d’insuffler un dynamisme moderne tout en étant respectueux du développement durable. Ici, un effort collectif est requis ainsi que des investissements conséquents. Ces derniers sont nécessaires pour que cette transformation soit réussie dans la durée. Les projets en cours sont les exemples concrets.

mutation inégale

Mais le problème est que la mutation de la capitale semble être inégale. En effet, valeur du jour, les projets se sont accumulés à l’entrée de Port-Louis. Ce sont Les Salines de Landscope (Mauritius), les quatre immeubles que prévoit United Docks, la station du Metro Express et le pont la reliant à la Victoria Urban Terminal, l’océanarium Odysseo, le Caudan Arts Centre, le Caudan Waterfront et le Port-Louis Waterfront (en rénovation). Une fois qu'on quitte ce périmètre et qu’on se dirige vers l’entrée nord et / ou vers Plaine-Verte et le Champ-de-Mars, le nombre de chantiers s’amincit alors que les projets éventuels à petites, moyennes ou grandes échelles et les opportunités s’épaississent quand on apporte un regard différent comme les démontrent les chiffres et photos.

Évolution des investissements et recettes pour l’État

Au fur et à mesure que les investissements se concrétiseront en projets et que les activités économiques s’annoncent, les revenus pour l’État iront en croissance.

Année Investissement Revenus étatiques
2018 Rs 15,4 milliards Rs 212 millions
2019 Rs 15,4 milliards Rs 513 millions
2020 Rs 5,7 milliards Rs 777 millions
2021 Rs 4,9 milliards Rs 918 millions
2022 Rs 240 millions Rs 1 milliard
2023 Rs 1,1 milliard

chart-021021Impacts : Toucher plus de 270 000 personnes

La concrétisation des projets et stratégies visent à toucher les jeunes engagés dans l’innovation et les artistes, le monde des affaires avec les petites et moyennes entreprises et opérateurs, les résidents, dont les jeunes couples et le tourisme, incluant la découverte culturelle. Selon les projections, ce sont plus de 270 000 personnes qui seront concernées à terme.

La gare de l'Immigration, à l'entrée nord de Port Louis, est appelée à se transformer en un terminal moderne. Encore faudrait-il que les permis suivent...
La gare de l'Immigration, à l'entrée nord de Port Louis, est appelée à se transformer en un terminal moderne. Encore faudrait-il que les permis suivent...
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Gaetan Siew

Gaëtan Siew, président de The Port-Louis Development Initiative : «L’échelle du temps est différente dans la création d’une ville»

Ce projet de raviver la capitale, le président de  The Port-Louis Development Initiative  (PLDI) en a fait une priorité. Le plan a été abordé le temps d’une présentation aux autorités. Dans un entretien à Le Défi Plus, Gaëtan Siew, architecte, revient sur les étapes et les conditions pour transformer la cité. 

Vous avez présenté le Port-Louis Urban Regeneration Plan aux autorités. Qu’est-ce qui en ressort de cet événement ?
À la municipalité de Port-Louis, la présentation a été faite au maire, au ministre des Collectivités locales et des représentants du secteur privé. 

Commençons avec la zone concernée, qui est le centre-ville : de la route Militaire au nord de Port-Louis, Plaine-Verte, le Champ-de-Mars, le Ward IV, Marie Reine de la Paix jusqu’aux Salines. Ce sont les limites d’un bloc qui devient une zone économique spéciale dans la capitale. Elle se qualifie pour le National Regeneration Programme. Sous ce programme, on dispose des avantages au même titre que les projets de villes intelligentes avec des incitations additionnelles. Dans le cas d’une Smart City, nous avons un projet et un propriétaire. Dans l’autre cas, c’est un ensemble de divers propriétaires qui se trouvent dans le périmètre concerné. D’un propriétaire de maison dans le Ward IV ou à Plaine-Verte ou bien un petit immeuble dans la China Town ou la Buffer Zone d’Aapravasi Ghat.

S’ils investissent et créent des activités économiques dans Port-Louis, ils bénéficieront d’incitation fiscale, allant jusqu’à cinq ans d’exemption, les frais de licence. Si les investissements portent sur le domaine public, les promoteurs pourront même obtenir des crédits d’impôt. C’est une incitation au privé de réinvestir dans la ville, de développer des projets, de rénover et d’accueillir des activités inédites pour créer une vie dans la capitale. 

Port-Louis est une ville morte après 18 heures. Qu’est-ce qui est requis pour que l’activité et l’animation continuent ?
Nous en avons beaucoup parlé. Afin d’améliorer l’animation dans la cité, nous disposons de plusieurs possibilités. D’abord, nous pourrons introduire de nouvelles infrastructures, ce qui est en train d’être fait avec le Caudan Arts Centre, l’océanarium Odysseo et le terminal pour les bateaux de croisière. Ensuite, nous améliorons la mobilité. Le Metro Express joue ce rôle qui est de favoriser le transport public au lieu des voitures, qui engendre, comme on le sait, divers problèmes. D’ailleurs, les Urban Terminals (gares du Nord et du Sud) disposeront plus de 1 500 aires de stationnement, ce qui facilite le parking au cœur du centre-ville. Et le dernier volet est d’inciter les gens à y venir vivre, surtout les jeunes. De nombreux immeubles, ayant servi de bureaux et laissés quelque peu à l’abandon, peuvent être reconvertis en logements pour les jeunes qui travaillent dans la capitale. Après 17 heures ou 18 heures, ils seront toujours là, à consommer.

Vous conviendrez que l’administration publique, tant centrale que régionale, s’active pour que ces projets se concrétisent dans de brefs délais. Y a-t-il un blocage à ce niveau ?
En effet, il existe une lenteur bureaucratique qui bloque de nombreux projets. Le plan est là et le cadre juridique mis en place, tandis que le cadre fiscal est défini. Il ne reste plus qu’au secteur privé de déterminer les projets. Il incombera ensuite aux autorités d’accorder les permis dans de brefs délais.

D’ici 2025, pourrait-on concrétiser une grande partie de ces projets ?
Tout dépend de la réactivité du secteur privé. C’est aux opérateurs de décider s’ils veulent en prendre avantage ou pas. D’ailleurs, ils ne disposent que d’une fenêtre de trois ans. Et les autorités ne devront pas prendre plus de trois mois (par exemple) avant d’octroyer les permis. Si elles prennent un an, il ne restera que deux ans pour la concrétisation.

Y a-t-il un exemple concret de cette lenteur administrative ?
Il y a le cas de la Gare de l’Immigration (Gare du Nord). Cela fait trois années que nous attendons le permis. (…) C’est le cœur de la ville. Le secteur privé peut jouer son rôle et c’est aux autorités d’activer les démarches. La municipalité et le ministre en sont conscients. Parfois, les blocages sont dus au fait que la correspondance n’a pas suivi entre deux autorités. La communication n’a pas été bonne. Ce sont de tels petits grains de sable qui bloquent la machine.

Donc, Port-Louis, de ville morte à capitale 24 / 7, est-ce un projet réalisable ?
Réalisable, certes, mais ce n’est pas pour demain. Ce n’est que dans trois ans qu’une vingtaine ou une trentaine de propriétaires pourront en tirer avantage. Il faut parfois un siècle pour qu’une ville se concrétise. L’échelle du temps n’est pas la même. Dans l’esprit de tout le monde, on calcule en fonction d’un mandat de cinq années, au cours de laquelle tout doit être réalisé dans ce temps. Le calendrier d’une ville est différent. Même si tout est construit, cela ne signifie pas que les Mauriciens viendront y habiter. Il faut que les habitudes changent et que les gens voient les choses de manière différentes.
 

 

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