Son rôle est crucial lors des négociations collectives des tripartites pour le paiement de la compensation salariale et autres. C'est le négociateur syndical, une fonction définie par l'Employment Relations Act. Il est employé et payé par son syndicat pour négocier au nom des travailleurs. Rencontre avec Devanand Ramjuttun, qui compte plus d'une trentaine d'années de métier dans le domaine.
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Ce vieux routier a, à son actif une trentaine de négociations tripartites pour le paiement de la compensation salariale annuelle. Il est aussi un négociateur de la Sugar Industry Laboureurs Union (SILU) et de la General Trade Unions Federation (GTUF). Outre les négociations avec le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, ce mercredi sur la compensation salariale, il sera très sollicité dans les jours à venir avec les négociations pour le renouvellement de l'accord collectif dans l’industrie sucrière.
Dur négociateur, mais toujours courtois, Devanand Ramjuttun est surtout connu pour la bonne maîtrise de ses dossiers. Il nous explique qu’une bonne préparation est primordiale pour pouvoir faire face aux arguments avancés par le patronat et les représentants du gouvernement, lors des négociations. « Par exemple, avant d'entamer des négociations pour un nouveau rapport salarial, il faut connaître l’état financier de la compagnie, ses investissements et autres.
D'ailleurs, c’est conforme à l’article 41 de l’Employment Relations Act, mais malheureusement certains employeurs ne jouent pas le jeu. Ce qui nous contraint à aller devant l’Employment Relations Tribunal », déplore-t-il.
Cela dit, il passe des heures et des heures à éplucher tous les dossiers, sans perdre de vue le moindre détail qui pourrait être déterminant. Il affirme avoir beaucoup appris des grands syndicalistes comme Jack Bizlall, Ashok Subron, Potaya Kuppan, Rajen Pillay et autres. À son avis, le maître-mot est la sincérité et la persévérance. « Une négociation ne se gagne pas en un jour. C'est souvent une épreuve d'endurance et il faut disposer de tous les arguments possibles pour faire face à la situation. Il ne faut pas oublier que l'avenir de la force du travail repose sur le succès des négociations. Il ne faut jamais oublier que les travailleurs nous paient pour les défendre », fait-il comprendre. À son avis, un syndicaliste doit consentir à tous les sacrifices et même la prison pour faire valoir les droits des travailleurs. Il rappelle qu'il a été arrêté à plusieurs reprises par la police tout au long de sa carrière.
Laboureur pour les planteurs de tabac
Devanand Ramjuttun est issu d'une famille très modeste. Son père était laboureur sur la sucrerie de Solitude et sa mère élevait des animaux pour pouvoir subvenir aux besoins de la famille. Son grand frère n'a pas suivi les études secondaires malgré de bons résultats aux examens de la sixième et a été contraint de prendre de l'emploi comme laboureur. « On vivait dans la misère. Bien souvent on achetait de la nourriture à crédit et il fallait attendre le 2 janvier pour pouvoir manger du Glenrick. Mais, nos parents nous ont appris les vertus de l’honnêteté et du travail », dit-il.
Faute d'argent pour financer ses études, Devanand Ramjuttun n'a étudié que jusqu'en Form II. Il a travaillé comme laboureur pour les planteurs de tabac, de canne à sucre et de légumes pour un salaire d'une roupie par jour. Il a aussi travaillé dans la distribution de la chaux vive à l’industrie sucrière pour 75 sous par jour avant de trouver de l'emploi, en 1974, comme laboureur sur la propriété de Solitude.
Il a poursuivi ses études en privé. « Après le travail, j'allais prendre des leçons particulières et je faisais mes devoirs dans les champs de cannes. » Il sera aidé de plusieurs volontaires dans ses études. Il cite notamment Raj Seegobin, Cyril Monty et son chef de section Daniel Marot. C'est ainsi qu'il a pu prendre part brillamment aux examens du School Certificate. Il est aussi détenteur d'un General Certificate of Education(GCE).
Par la suite, encouragé par le syndicaliste Rajen Pillay, il entamera une carrière syndicale. Élu au bureau exécutif de la SILU, en 1983, il quittera son travail, à Solitude, en 1984, pour se consacrer uniquement au monde syndical.
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