Quel cadre législatif mettre en place si le gouvernement venait véritablement à changer d’approche par rapport au cannabis ? Si certaines voix s’élèvent pour réclamer une nouvelle politique à cet effet, l’avocat Dev Ramano estime, pour sa part, qu’il est important de définir le type de législation qui peut être mis sur pied.
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«Il nous faut être plus flexible envers les fumeurs de cannabis. » Cette annonce du leader du Parti Travailliste, Navin Ramgoolam, à l’occasion du meeting du 1er-Mai, interpelle plus d’un. Ils sont nombreux à se demander ce qu’une politique de flexibilité impliquerait pour un consommateur de cannabis.
Une annonce confuse. C’est ainsi que l’avocat Dev Ramano qualifie cette déclaration de l’ancien Premier ministre. « Il y a plusieurs moyens à travers lesquels on peut se montrer flexible. Ce terme demeure très vaste », dit-il. L’homme de loi est d’avis que les annonces qui sont en train d’être faites par les formations politiques traditionnelles ne sont qu’une stratégie politique visant à scorer que des points politiques.
Pour l’homme de loi, tout gouvernement souhaitant changer d’approche vis-à-vis du cannabis doit d’emblée se montrer ferme. « Si on est vraiment sérieux sur le cannabis, il faut d’abord déclassifier le cannabis de la Dangerous Drugs Act », fait-il ressortir.
L’avocat est d’avis qu’il sera également important de bien faire comprendre quel type de législation peut être mis sur pied. « Il est important de savoir si on compte opter pour une dépénalisation ou une légalisation », ajoute Dev Ramano. Avec la dépénalisation, la consommation de cannabis ne serait plus un acte illégal. En revanche, dit-il, « le commerce et la culture continueraient d’être un délit. Une légalisation viendrait, par contre, autoriser la consommation, le commerce et la cultivation ».
Yatin Varma, l’ancien Attorney General et membre du Parti travailliste (PTr), considère que les modalités d’un changement d’approche vis-à-vis du cannabis n’ont pas encore été discutées par le PTr. Il soutient toutefois qu’il faudra prendre en compte ce qui se passe à l’étranger et ainsi dégager un modèle pour Maurice. « Plusieurs recherches réalisées à l’étranger ont démontré que le cannabidiol peut soulager les personnes souffrant de plusieurs maladies, dont l’épilepsie. Il peut aussi aider à soulager les personnes qui sont en train de souffrir des effets secondaires de la chimiothérapie », précise-t-il.
Yatin Varma poursuit que le PTr n’a pas encore décidé si ce changement d’approche se fera uniquement pour le cannabis médical ou le cannabis récréatif. « Mais il y a des jugements qui ont été rendus en Afrique du Sud et au Canada. Ils ont mis en avant le droit à l’intimité des personnes souhaitant consommer du cannabis », fait-il ressortir.
Kunal Naik, le chargé de plaidoyer chez Prévention, information et lutte contre le Sida (Pils), propose, pour sa part, une nouvelle politique vis-à-vis du cannabis. C’est dans cette optique qu’il privilégie, dans un premier temps, l’introduction du cannabis médical. « La prise en charge peut ainsi être faite par l’État où il faudra travailler de concert avec les pharmaciens. »
En ce qu’il s’agit du cannabis récréatif, Kunal Naik soutient qu’on peut s’inspirer de plusieurs modèles, notamment de celui du Canada qui autorise un usager à avoir un certain nombre de plantes à son domicile. Il est également d’avis qu’il faudra, avant toute chose, passer par une campagne de conscientisation où il faudra impliquer la force policière et le ministère de l’Éducation afin de faire comprendre que le cannabis n’est pas dangereux.
« Nous avons des experts à Maurice qui sont déjà bien avancés sur la question, nous pouvons donc mettre un cadre en place concernant le cannabis », conclut-il.
Le GM opposé
Le gouvernement s’est, jusqu’ici, fermement opposé à revoir la loi sur l’utilisation du cannabis. Le gouvernement dit préférer encourager les jeunes à pratiquer du sport et à être sérieux dans leurs études.
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