Dev Luchmun : une empreinte indélébile sur les relations industrielles

Après avoir servi comme conseiller au ministère du Travail, des Relations industrielles et de l’Emploi, Dev Luchmun a fait valoir ses droits à la retraite. Il quitte son poste cette semaine.

« Je quitte le ministère avec le sentiment du travail accompli », dit-il. Fort d’une longue expérience dans les relations industrielles et syndicales tant sur le plan national et international, Dev Luchmun a été conseiller en matière des relations industrielles et du  travail de 2007 à 2016. Il est  l’un des rares conseillers qui a eu le privilège de travailler sous quatre différents  ministres, à savoir  Vasant Bunwaree, Jean-François Chaumière, Shakeel Mohamed et Soodesh Callichurn.

Dev Luchmun explique  qu’il a toujours agi comme un professionnel et qu’il a su maintenir une bonne relation de travail, tant avec les ministres qu’avec les fonctionnaires.

En tant que conseiller, Dev Luchmun explique qu’il a été le témoin privilégié de l’introduction de plusieurs législations dont l’Employment Relations Act et l’Employment Rights Act de 2008 et les amendements qui ont été apportés à cette dernière législation en 2013.

Il a aussi suivi de très près la mise en place de plusieurs projets visant à l’épanouissement des travailleurs, notamment le Minimum Wage Consultative Council et le Decent Work Country Programme et aussi plusieurs règlements (Regulations) touchant à la santé et à la sécurité au travail.

75e anniversaire du ministère du Travail

Il a aussi été très actif lors des négociations, parfois difficiles, entre le patronat et les syndicats au niveau du ministère et qui se sont soldées par des accords, évitant ainsi de graves crises sociales dans le pays. On a en tête l’accord entre la Port-Louis Maritime Employees Association et la Cargo Handling Corporation et en 2014, un accord conclu aux petites heures du matin entre la Mauritius Sugar Producers Association et le Joint Negotiating Panel de l’industrie sucrière, mettant ainsi fin à une grève  légale dans l’industrie sucrière.

Mais le fait marquant de son passage au ministère du Travail, des Relations industrielles et de l’Emploi est l’organisation d’une exposition retraçant les grands moments de la lutte pour l’émancipation des travailleurs à Maurice pour marquer la fête du Travail. Il a aussi été la cheville ouvrière des célébrations marquant les 75 années d’existence du ministère du Travail. À cette occasion, il a produit un ouvrage retraçant l’historique de la mise sur pied du Labour Department (qui devint le ministère du Travail en 1957) pour veiller aux droits des travailleurs.

Économiste de formation, Dev Luchmun a travaillé comme enseignant pendant quelques années avant d’intégrer le monde syndical en 1980 en tant que formateur.

Cette année-là, il est recruté en tant que « Workers Education Director » par l’African-American Labour Centre. De ce fait, il a organisé des centaines de séminaires et ateliers de travail à travers le pays pour assurer la formation des travailleurs dans leurs droits et responsabilités. Il a ainsi contribué à la promotion d’une relation industrielle saine dans le pays suivant  la période d’instabilité politique et des relations  industrielles tendues qu’a connu le pays dans les années 80.

Il a aussi aidé feu le syndicaliste Geerjanan  Bhujan à mettre sur pied plusieurs ‘Credit Unions’ dans différents secteurs, dont  l’industrie sucrière.

Mission au Congo

Dev Luchmun laisse aussi ses empreintes sur la scène syndicale  internationale, où il a côtoyé plusieurs dirigeants syndicaux, dont Fréderic Chiluba, qui est devenu par la suite président de la Zambie.

Son chemin a aussi croisé celui du syndicaliste Morgan Tsvangirai, Premier ministre du Zimbabwe, du 11  février 2009 au 11 septembre 2013. Il a été  Coordonnateur éducatif de l’Organisation Régionale Africaine de la Confédération Internationale des Syndicats Libres (ORAF-CISL) pendant plusieurs années. Et en cette capacité, il a animé plusieurs ateliers de travail en Afrique, notamment en République Démocratique du Congo (RDC) en 1997 et en 1998 après la prise du pouvoir par Laurent Kabila, sur le rôle des syndicats dans la reconstruction du pays et le rétablissement du dialogue social. Il est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages sur les relations industrielles.