Le nombre de motocyclistes tués dans des accidents de la route ne cesse d’augmenter. 10 motocyclistes ont perdu la vie sur un total de 15 morts dans des accidents depuis le début de cette année. Des spécialistes souhaitent des actions urgentes.
Alain Jeannot, président du National Road Safety Council (NRSC), se dit « interpellé » par le nombre de motocyclistes tués dans des accidents de la route depuis le début de l’année. Il parle d’une « hémorragie » qu’il faut à tout prix stopper. « C’est une tendance problématique dans la mesure où la situation sur nos routes, de manière générale, est en train de s’améliorer », dit-il.
Barlen Munusami, ex-sergent de police avec une riche carrière à la Traffic Branch et consultant en matière de sécurité routière, se dit, quant à lui moins, surpris. « La tendance a toujours été la même, avec deux groupes très vulnérables sur les routes : les piétons et les deux-roues, comprenant à la fois les cyclistes et motocyclistes », dit-il.
Vulnérabilité
L’ancien sergent attribue cela à « une vulnérabilité plus importante » des usagers de deux-roues, comparé aux autres. « Ils sont plus vulnérables, car leurs véhicules ne tiennent pas en équilibre et n’ont aucune carrosserie pour les protéger. Le seul équipement qui les protège est leur ‘crash helmet’. Cela dit, les législations ne sont pas suffisamment claires sur le modèle à utiliser », souligne-t-il.
Citant des études étrangères, Alain Jeannot soutient que les usagers de deux-roues motorisés sont « entre 25 à 30 fois plus à risque que les autres ». Sans compter, dit-il, qu’une étude du Mauritius Research Council, faite en 2019, a révélé que 77 % des accidents surviennent lors des doublements des véhicules. « Les deux-roues représentent 40 % de ces 77 %. Lors de ces doublements, surtout sur des routes à double sens, tout choc frontal s’avère fatal ou provoque des problèmes graves, surtout pour des motocyclistes qui n’ont pas de protection. Kan tape la, swa mor swa bien blese. Si ena enn tigit sans, li rap-rape », dit-il.
Comportement
En sus de leur vulnérabilité, le (mauvais) comportement d’une poignée de motocyclistes est jugé comme étant l’un des principaux facteurs contributif aux accidents les impliquant. Alain Jeannot évoque « un problème de respect », à la fois du code de la route et des autres usagers de la route. « Lari se pa nou propriete personel lot nou fer seki nou anvi. C’est un espace social », martèle-t-il. Quant à Barlen Munusami, il dit en connaître un rayon sur le mauvais comportement de certains motocyclistes, lui qui a passé plus d’une vingtaine d’années à la Traffic Branch.
Zigzags
Barlen Munusami indique que des motocyclistes zigzaguent entre les voitures. « Sur l’autoroute, c’est encore pire. Ils zigzaguent et ce, à grande vitesse », soutient-il. Si Alain Jeannot dit comprendre que des personnes achètent une moto pour pouvoir mieux circuler dans les embouteillages, cela ne leur donne pas pour autant carte blanche pour zigzaguer. « Il faut faire attention, car il se peut qu’un piéton traverse la route ou qu’un chauffeur entame une manœuvre sans avoir, au préalable, regardé dans son rétroviseur », dit-il.
Doublement par la gauche
C’est un autre comportement dénoncé unanimement par les deux intervenants. « Les motocyclistes doivent rouler sur la gauche, mais en aucun cas, ils ne doivent doubler par la gauche », fait ressortir Barlen Munusami.
Passage pour piétons
Le non-respect de la priorité accordée aux piétons, qui traversent sur un passage clouté, est décrié. « Motosiklis-la pa respekte sa, li pass dan kwin li ale alor ki dimounn pe traverse », souligne l’ex-sergent de police.
La vitesse
Alain Jeannot est catégorique. La route n’est pas un circuit. « C’est un espace à partager, il faut donc être vigilant », exhorte-t-il.
Plusieurs à moto
Si les législations prévoient un maximum de deux personnes sur un deux-roues motorisé, Barlen Munusami soutient que certains n’hésitent pas à en faire fi. « Des fois, nous pouvons voir jusqu’à deux enfants en sandwich entre un couple à moto. Sachant qu’il va à l’encontre de la loi, le motocycliste optera alors pour des rues où il ne risque pas de croiser un contrôle de police et éviter de se faire prendre », ajoute-t-il.
Consommation d’alcool
Le président du National Road Safety Council soutient que la conduite en état d’ébriété ne concerne pas que les chauffeurs seulement. « Nous avons tendance à taper sur des chauffeurs de voiture pour la consommation d’alcool avant de prendre le volant. Mais il y a aussi des gens qui enfourchent leurs motocyclettes après avoir consommé de l’alcool. Zot dir : ‘Mo res par la mem, mo travers andan andan mo ale’ », dit-il.
« Motosiklis-la trouv zirofar, li fini rant dan enn ti sime li ale. La vitesse à laquelle ils prennent la fuite, c’est à la fois difficile et dangereux de les poursuivre, car ils peuvent faire un accident. C’est la police qui sera alors injustement blâmée », soutient le consultant en matière de sécurité routière.
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