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Deux filles de 12 ans victimes d’abus sexuels : père et frère pointés du doigt

abus sexuels Les deux adolescentes, victimes d’abus sexuels, ont longtemps gardé ce lourd secret.
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Deux adolescentes âgées de 12 ans allèguent avoir été victimes d’abus sexuels. L’une pointe du doigt son père de 38 ans. Et l’autre accuse son frère de 14 ans. Les deux cas ont été rapportés à la police dans l’après-midi du mercredi 2 décembre. La psychosociologue Mélanie Vigier de Latour-Bérenger revient sur les explications concernant les causes et la reconstruction dans de tels cas.

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Mélanie Vigier de Latour-Bérenger, psychosociologue.

Le mardi 1er décembre, une jeune fille de 12 ans a été conduite à l’hôpital Jawaharlal Nehru, à Rose-Belle, par sa grand-mère paternelle. La raison qu’évoque la grand-mère de 68 ans est que l’adolescente a été victime d’abus sexuels. L’agresseur serait nul autre que le père de la fille. Suivant les protocoles établis pour les cas d’agressions sexuelles sur mineur, l’adolescente a été admise en observation à l’hôpital. Simultanément, la Police Family Protection Unit (PFPU) a été alertée.

Le lendemain, mercredi 2 décembre, des officiers de la PFPU ont rendu visite à l’adolescente pour en savoir plus sur son état. C’est en présence de la grand-mère que l’adolescente a été interrogée. Elle a alors raconté que son père, un homme de 38 ans, l’aurait abusée à trois reprises en une journée. C’était au mois de janvier de cette année. Après son agression, elle dit s’être confiée à sa cousine de 13 ans. Un secret que les deux jeunes filles ont gardé depuis presqu’un an. Trop lourd secret à porter, car la cousine a fini par dévoiler l’affaire à sa grand-mère, le mardi 1er décembre. 

Un deuxième cas a été rapporté le même jour dans l’Est du pays. Dans une déposition à la police, une autre adolescente de 12 ans a cette fois-ci dénoncé son frère de 14 ans en se confiant  à une représentante de la Family Welfare and Protection Unit (PWPU). Elle a affirmé que son frère l’aurait agressée sexuellement à deux reprises au cours de l’année 2018. Elle affirme avoir informé son père de ces deux agressions, mais que le chef de famille n’a rien fait. Cette affaire est restée tabou pendant deux longues années, avant que la petite ne ,révèle les faits à sa tante dans la journée du 20 novembre 2020. La fille a été admise à l’hôpital Jawaharlal Nehru, à Rose-Belle, et les autorités concernées ont été alertées.

Comment reconstruire ces enfants victimes d’abus sexuels ?

« Enclencher un suivi médical, psychologique, social et légal sera fondamental, tout en protégeant l’enfant loin des auteurs », indique Mélanie Vigier de Latour-Bérenger, psychosociologue. Et d’ajouter : « Tout auteur de violences sexuelles a aussi besoin d’être pris en charge et accompagné, si l’on veut éviter que ne se perpétuent les cycles de relations violentes. Il est fondamental que les auteurs prennent conscience de la gravité des conséquences de leurs actes illégaux, criminels ou délictueux. »

Facteurs conduisant aux violences sexuelles au sein de la famille

Sollicitée par le Défi Media Group pour une explication des causes de violences sexuelles, Mélanie Vigier de Latour-Bérenger affirme que la majorité des cas de violences sexuelles sur mineurs sont liés à l’inceste. D’ailleurs, les recherches en épidémiologie réalisées à partir des années 80 ont mis en évidence qu’un nombre significatif d’agresseurs sexuels ont été des adolescents victimes d’agressions sexuelles. « N’ayant pas bénéficié d’un accompagnement thérapeutique et social approprié, ces comportements agressifs ont perduré à l’âge adulte et se sont consolidés. Les auteurs d’agressions sexuelles ont généralement vécu de graves traumatismes dans leur enfance. Dans 90 % des cas, ils ont subi des abus sexuels, des carences affectives graves (enfants non désirés et non aimés), un manque d’interdits, de la maltraitance, etc., créant ainsi des défaillances dans la construction de leur personnalité et de leur identité », explique la psychosociologue. Les maladies mentales seraient en cause dans 4 % à 10 % des délits sexuels. 

Comment mieux protéger un enfant face à ce type d’abus ?

En termes de prévention, il est fondamental d’accroître la surveillance des enfants par des adultes responsables qui peuvent s’assurer de leur sécurité et bien-être. « Dans la plupart des cas, les agressions sexuelles sont commises par des proches de l’enfant et de la famille », souligne la psychosociologue. La discussion sur le développement sexuel et les divers types de violence, incluant la violence sexuelle chez les enfants, est important de la part des parents et enseignants (es). « Il faut savoir outiller l’enfant afin qu’il soit à l’aise d’en parler ou demander de l’aide sur qu’importe quel sujet », ajoute-t-elle. 

Il est aussi primordial d’investir dans l’accompagnement des familles, dans la parentalité pour aider les parents à créer un attachement sécurisant avec leur enfant. En d’autres mots, « aider les parents à éduquer leurs enfants dans la fermeté, la bienveillance et l’empathie, évitant toute violence, y compris, celle soi-disant utilisée pour ‘corriger’. Regarder, surveiller et porter un enfant dans les bras le plus possible aide à le valoriser. L’encouragement et le partage de discussion sur les sentiments par les parents peuvent contribuer à la stabilité et la sécurité des enfants », conclut Mélanie Vigier de Latour-Bérenger. 

Infractions signalées, selon Statistics Mauritius

Délits 2016 2017 2018 2019
Amener un enfant à / permettre à un enfant dʼ’être abusé sexuellement ; avoir accès à un bordel ; et se livrer à la prostitution 197 131 149 195

 

Condamnés admis dans les prisons, selon Statistics Mauritius

Délits 2016 2017 2018 2019
Relations sexuelles avec mineurs de moins de 16 ans 5 12 8 12
Amener un enfant à / permettre à un enfant dʼ’être abusé sexuellement ; avoir accès à un bordel ; et se livrer à la prostitution 14 4 10 10
 

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