People

Deux échecs scolaires : Noé rame contre vents et marées

Noé Noé a bien galéré, mais il se bat avec des moyens de bord.

Dans l’univers de Noé, le réel s’entremêle à l’imaginaire et à la créativité. Fan d’Harry Potter, ce jeune homme de 20 ans est féru de magie et, dans le monde réel, il est musicien, philanthrope et skateur. Cependant, avant tout, Noé est un élève qui a les pieds sur terre et mène sa barque avec confiance et avec une petite touche de magie ! Demain lui appartient…

Publicité

Actuellement, Noé Reddy compose les examens du Higher School Certificate. Cet élève d’un collège privé de Port-Louis se donne au maximum pour exceller dans ses papiers d’art et de design. Il n’a pas droit à l’erreur, puisqu’il aspire à faire carrière comme graphiste ou décorateur d’intérieur. Pour arriver à ce qu’il est devenu aujourd’hui, Noé a parcouru un chemin semé d’embûches et a ramé contre vents et marées.

Cela commence avec deux échecs au Certificate of Primary School. Entre l’âge de 9 et 10 ans, Noé ne savait ni lire ni écrire. « Je ne voulais plus aller à l’école. Je restais à la maison pour regarder 'Cédric', ma bande dessinée favorite, à la télé. De plus, j’avais ras-le-bol des conflits répétés avec mes parents », confie Noé.

Une rencontre qui changera sa vie à jamais

Par la suite, il intègre une école pré-vocationnelle où il reste pendant six mois, mais il a du mal à s’adapter et ne comprend pas ce qu’il fait. C’est alors que Noé intègre l’école de la Fraternité Nord-Sud où il fait la connaissance de feu Julien Lourdes. Cette rencontre a changé à tout jamais sa vie. « Il m’a beaucoup aidé. Il m’a appris à lire, à écrire et à dessiner. L’apprentissage était différent. Je me plaisais dans cette école et on me laissait faire les choses à mon rythme. Nous étions comme une famille. C’était un immense réconfort, bien loin des conflits avec les miens », raconte Noé. Ce dernier est le cadet d’une famille où la mère gagne sa vie avec le nettoyage et le père est maçon. « En m’aidant, Julien avait un but. Il voulait que je refasse mon CPE. Il croyait en moi. »

Mon seul regret, c'est que j'ai perdu beaucoup de temps, mais je remercie de tout cœur tout ce beau monde que je rencontre sur mon chemin»

En 2012, Noé Reddy met cap sur l'école Fatima à Triolet pour faire son niveau A, soit l'équivalent du CPE. Son enseignante Lorenza est stricte.  Noé s’applique pour s’instruire et redouble d’efforts.  « C’était comme à l’école chez Julien. C’était agréable de s’asseoir autour d’une table avec mes amis et mes enseignants pour boire une tasse de choco ou de manger des macaronis. J’étais bien dans ma peau. Je pouvais discuter de mes soucis personnels et on m’a encouragé à persévérer dans mes études ».

Lutter pour faire ses études secondaires

Ce même enfant, qui jadis ne voulait plus aller à l’école, décrocha 21 unités au CPE ! Vu son âge avancé, Noé doit opter pour des cours de préparation à la vie professionnelle (PVP) basés sur les métiers en hôtellerie. Cependant, être admis dans un collège était la meilleure option pour lui. Le cœur gros, l’adolescent quitte ses amis de l’école Fatima pour rejoindre le Collège BPS à Goodlands où il intègre directement la Form II. Le recteur du collège explique à Noé qu’il doit s’assurer à ne doubler aucune classe. Avec des résultats moyens, Noé arrive jusqu’à la Form V, mais ne peut poursuivre ses études jusqu’au  HSC, étant trop âgé.

Pourtant, Noé avait envie d’aller plus loin. Il se tourne alors vers Julien Lourdes, son confident de toujours. Ce dernier, même gravement malade, a multiplié les démarches pour lui trouver une école qui lui permettrait de terminer son HSC. Noé raconte : « Il m’a donné des numéros de téléphone et m’a encouragé à me débrouiller tout seul ».

À la mi-février, Noé avait perdu espoir de trouver un collège pour terminer ses études, quand Julien Lourdes l’a mis en relation avec le responsable d’ANFEN (Adolescent Non Formal Education Network). « Je suis parti le voir et le responsable m’a également donné des numéros de téléphone. J’ai entamé d’autres démarches ». C’est ainsi que Noé a contacté deux écoles privées, mais les frais d’inscription étaient onéreux. « Mes parents n’avaient pas les moyens de payer Rs 14 000 pour m’inscrire dans un collège privé. Je perdais espoir ».

Puis, comme par magie - un univers qui passionne Noé – il reçoit une bonne nouvelle de la Fondation Joseph Lagesse.  « J’étais aux anges, car la Fondation avait accepté de financer une année d’études et, éventuellement, la prochaine, dépendant de ma performance ».  Noé s’accroche et fait de son mieux pour avoir de bons résultats. Actuellement, il compose les examens du HSC, en attendant de poursuivre ses ambitions. En parallèle, il fait des petits boulots pour financer ses dépenses personnelles : « Mason, poze caro, fer lafenet aliminum, mo tracé. Mé mo ossi aide ban zenfan à titre personnel. Mo montre zott la musik. »

« Je ne veux pas de cette vie »

Petit, les conflits familiaux traumatisaient Noé, mais aujourd’hui, il affirme s’être habitué aux querelles quotidiennes. Toutefois, sa priorité n’a pas changé, il veut toujours se construire un bel avenir.  Le jeune homme aspire à poursuivre ses études tertiaires au Charles Telfair Institute ou au Fashion & Design Institute, mais le financement demeure un obstacle. Cependant, il garde confiance en lui et avance à petits pas vers demain.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !