
Le District de Pamplemousses, regroupant les associations de seniors du Nord, a fêté deux centenaires durant la semaine écoulée, témoignant de la bonne santé d’une génération qui, malgré des privations et l’adversité, reste un exemple à suivre.
Il ne passe pas un seul mois où l’île Maurice ne fête ses centenaires, ces Mauricien-nes qui sont les derniers témoins d’un temps où l’île ne connaissait ni eau courante ni électricité, avec ses rues en terre sans accès et parfois des fontaines publiques au centre des localités, mais où prévalaient l’entraide et le bon voisinage. Ce sont toujours ces mêmes souvenirs qui reviennent dans la bouche des centenaires lorsqu’ils/elles se remémorent leurs jeunes années, à l’instar de Mmes Bibi Aissah Najurally et Letchmee Karuppanen. Ces dernières ont célébré chacune leur centième année la semaine dernière, en présence de leurs familles respectives et du District Representative de Pamplemousses au sein du Senior Citizen Council (SCC), Anil Lalloo.
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Le 27 août 2025, le Multi-Purpose Complexe de Plaine des Papayes accueillait Mme Letchmee Karuppanen, née Mayandy, pour fêter ses cent ans. La centenaire est la fille d’un prêtre originaire de l’Inde et d’une mère mauricienne. Le couple, qui a eu trois enfants, dont le seul survivant est la centenaire, a d’abord habité à Stanley, Rose-Hill. Comme de nombreuses filles de sa génération, Mme Letchmee Karuppanen n’a jamais été scolarisée.
En 1972, elle convola avec Payenmootoo Karuppanen et partit partager la vie de ce dernier, un laboureur exerçant dans les champs de la sucrerie Belle Vue Harel. Elle exercera le dur labeur de laboureuse sur cette sucrerie afin de joindre les deux bouts. Son mari décèdera en 1982 à l’âge de 63 ans, après que le couple eut donné naissance à six enfants. Le seul survivant d’entre eux est Melle Petchai, qui vit avec sa mère à Mosquee Road, Plaine des Papayes.
Malgré son âge avancé, Mme Letchmee Karuppanen se lève à 5 heures tous les jours. Elle aime regarder la télévision et mange tout ce que prépare sa fille. Elle a une préférence pour le curry de mouton et les oranges. Même si elle n’a pas de problèmes de santé majeurs, elle doit se servir d’une canne pour se mouvoir. Très attachée à ses proches, elle demande fréquemment de leurs nouvelles.
Bibi Aissah Najurally : ses neuf enfants et les champs
Le deuxième événement a eu lieu dans la même salle le jeudi 28 août 2025, en l’honneur de Mme Bibi Aissah Najurally, née Joomun, native de Quartier Militaire et domiciliée à Iqbal Road, 8e Mille, Triolet. Le père de celle-ci, Abdool Hamid Joomun, a exercé comme ‘spray man’ au ministère de la Santé et du bien-être, tandis que sa mère, Auhammud Jameelah, a passé toute sa vie à s’occuper de ses enfants, s’assurant de leur alimentation et veillant sur leur santé et sécurité. Elle est née au sein d’une fratrie de sept enfants, composée de quatre garçons et trois filles. Elle a encore un frère et une sœur. Son frère, Rahim, 78 ans, vit à Beau-Bassin, tandis que sa sœur, Amina Ahseek, 75 ans, habite à St-Pierre.
À l’instar de Mme Letchmee Karuppanen, Mme Bibi Aissah Najurally n’a pas eu l’opportunité d’aller à l’école. Elle s’est mariée religieusement avec Samsoodeen Najurally le 27 février 1946, le mariage civil ayant eu lieu le 5 mai 1977. Ce dernier, un planteur exerçant à son compte, est décédé le 11 mars 1986. Autant qu’elle se rappelle, la centenaire a toujours épaulé son époux dans les champs. Même privée de scolarité, elle raconte non sans une certaine fierté, avoir été à la hauteur de ses responsabilités comme femme au foyer, avec le double défi d’assurer le bien-être de ses enfants et d’aider son époux au travail.
Parmi les neuf enfants du couple, deux garçons et une fille sont toujours vivants : Shaffick, 65 ans, habite à Triolet ; Nashir Ally a émigré en Angleterre, où il travaille dans le métro ; tandis que Bibi Farozia Begum vit avec sa mère, après avoir longtemps exercé comme couturière à l’hôtel Royal Palm.
Présent durant les deux événements, Anil Lalloo n’a pas manqué d’exprimer sa fierté de voir le district de Pamplemousses honorer deux centenaires en quelques jours. « Elles ont toutes connu cette époque où prévalaient encore des valeurs, où les gens connaissaient la valeur des petites choses, comme le partage, la plus petite roupie, les aliments, le sens du devoir, le respect des aîné-e-s, la famille et la nécessité de faire des sacrifices, entre autres. Nos centenaires restent toujours des modèles en ces temps d’incertitudes », fait-il valoir.

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