Le ministère des Finances a publié, fin janvier, des données actualisées sur le niveau des dettes internes et externes du gouvernement. Économistes et analystes estiment que le montant devrait continuer à augmenter, au vu des projets en cours et des dépenses récurrentes de l’État.
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Fin décembre 2016, selon les données provisoires, la dette nationale a atteint Rs 240,4 milliards, ce qui représente une hausse de 5,3 % par rapport à fin 2015. Comparée au Produit intérieur brut (PIB), la part est de 55,3 % si on tient compte des critères locaux. Selon les formules du Fonds monétaire international, le niveau est de 64,4 %. La dette externe est en baisse, comme cela a été annoncé dans le Budget 2016-17 (voir tableau). Trois experts s’expriment sur la question.
Arvind Nilmadhub, économiste :
« La dette publique est appelée à augmenter sur le court et moyen terme. Parce que le gouvernement devra lever des fonds pour financer des projets ayant trait à l’amélioration des infrastructures et pour augmenter la capacité des services publics, tels que l’eau et l’électricité, afin de répondre à la demande croissante dans le processus de développement. Concernant la dette, le niveau à suivre est celui établi par les normes du Fonds monétaire international, qui est une mesure mondiale. De fait, la dette étant supérieure à 60 % du PIB est évidemment élevée. Un moyen est d’adopter des mesures d’austérité dans le gouvernement. On dépenserait l’argent ainsi économisé dans des projets essentiels au lieu de lever des fonds. »
Davin Appanah, Head of Quant Research, Bean Tree Capital :
« La soutenabilité de la dette est un concept très important en économie et en finances. Si la croissance nominale est inférieure au taux d’intérêt sur la dette, le poids de la dette continuera à monter. Il faudra chercher des fonds additionnels pour la stabiliser. À Maurice, la situation de la dette est assez problématique. Nous avons un niveau de dette sur le PIB d’environ 65 %. Le rendement obligataire sur dix ans pour un bon du trésor mauricien est de 5,3 %. La croissance réelle est aux alentours de 3,6 %. L’inflation est de 2,6 %. À la lueur de ces chiffres, la dette va croître, sauf une altération comptable ou réforme profonde de la structure économique du pays. »
Takesh Luckho, économiste et chercheur, KMDL Consults Ltd :
« Il y a deux composants de la dette : l’externe et l’interne. Maurice emprunte plus de 80 % auprès d’institutions locales. Le gouvernement a la possibilité de prolonger la maturité des dettes contractées auprès de ces organismes et de payer les intérêts au taux du marché. Dans le cas de la dette externe, on ne peut utiliser cette stratégie. Ce serait un mauvais signal. Selon moi, on assistera à une hausse de la dette jusqu’en 2018, avec l’État qui recrute davantage et qui investit dans des projets d’importance nationale. Il faudra donc que l’État prenne des mesures pour la ramener à de justes proportions. Deux possibilités : réduire la masse salariale et/ou réviser sa formule de pensions. »
La dette étrangère par principales devises en 2016
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(Source : ministère des Finances)
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