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Dette publique : les Finances ne dévoilent pas les données de septembre 

Les chiffres attendus pour le troisième trimestre 2025 sur la dette publique n’ont pas été publiés le vendredi 31 octobre. À la place, le Trésor public s’est contenté de remettre en ligne un ancien rapport, sans mise à jour des données. Une omission qui suscite des interrogations sur la transparence et la rigueur dans le suivi de l’endettement public.

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Les chiffres actualisés de la dette publique pour le trimestre se terminant en septembre 2025 étaient attendus le vendredi 31 octobre. Des données que le ministère des Finances n’a pas publiées, alimentant ainsi des interrogations. À la place, deux documents ont été mis en ligne : le premier, intitulé « Quarterly Public Sector Debt Statistics – June 2025 », ne présente aucune donnée nouvelle. Il s’agit du même rapport diffusé fin juillet, couvrant les périodes de décembre 2024, mars et juin 2025 (Ndlr : voir plus loin).

Le second document, quant à lui, est une version actualisée de la « Debt Management Strategy », qui s’inscrit dans la lignée des engagements pris dans le dernier Budget (Ndlr : voir plus loin). Depuis la publication du State of the Economy Report, le gouvernement a fait de la réduction de la dette son cheval de bataille. Cela a donné lieu à un Budget qualifié d’austère, comportant plusieurs mesures fiscales destinées à accroître les recettes et à contenir les dépenses.

Selon les engagements budgétaires, la dette publique devrait reculer à 75 % du PIB d’ici trois ans, avec un objectif à long terme de 60 %. Une économie de Rs 5 milliards est, par ailleurs, visée sur la même période, principalement grâce à la réduction des gaspillages et des inefficacités.

Question de transparence 

L’absence de publication des chiffres de septembre soulève néanmoins des questions sur la transparence et le suivi réel des objectifs annoncés. Tahir Wahab, observateur économique, estime qu’une meilleure maîtrise et un suivi constant de la dette publique devraient être au cœur des priorités économiques du pays. « La dette est fortement liée aux décisions prises par le gouvernement pour contrôler les dépenses du pays. Une de plus grosses mesures est la réforme des pensions », explique-t-il. Or, ajoute-t-il, la population, tout comme les experts, veulent connaître l’impact réel de cette réforme sur l’endettement du pays.

Tahir Wahab insiste sur l’importance d’un monitoring de la dette. « Nous sommes conscients que le gouvernement continue de contracter des emprunts. Ce qui aura un impact sur le « servicing » de la dette. Il faudrait parallèlement veiller à quelles sont les priorités pour le développement du pays », a-t-il souligné.

Pour Haniff Peerun, président du Mauritius Labour Congress (MLC), la manière dont les autorités communiquent autour de la dette publique soulève de sérieuses interrogations. Il fustige un « travail amateur » et déplore un manque de transparence flagrant.  « On se demande si certaines informations sont volontairement dissimulées au public. Si les autorités étaient transparentes, elles auraient communiqué les chiffres aux dates habituelles. Le fait de publier les anciennes données à la place de nouveaux chiffres suscite des doutes. C’est à se demander s’il n’y a pas anguille sous roche », affirme-t-il. Et d’ajouter : « Certaines associations/institutions/entreprises utilisent ces données. En ne les dévoilant pas, cela affecte directement le monde des finances et des affaires ». 

Haniff Peerun remet également en question la fiabilité des chiffres rendus publics. « Même lorsqu’ils donnent des chiffres, ceux-ci ne sont pas vérifiables. C’est Statistics Mauritius et le ministère des Finances qui travaillent sur ces données, donc il faut accepter ce qu’ils fournissent. S’il existait une autre institution indépendante pour vérifier ou faire ce travail en parallèle, on aurait probablement obtenu d’autres données », fait-il ressortir. 

Pour lui, il est impératif d’avoir un consensus sur les chiffres avancés, mais aussi sur les formules utilisées. « Quelles formules sont employées ? Depuis quand utilise-t-on ces formules ? Y a-t-il eu des changements récents dans les calculs ? Toutes les données financières du pays sont-elles réellement prises en compte ? », a-t-il conclu.

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