Le procureur général (Attorney General) d’Angola a fait une demande de coopération auprès de Maurice pour retracer et confisquer des biens que la famille de l’ex-Président angolais, José Eduardo dos Santos, décédé en juillet dernier, et plus particulièrement sa fille, Isabel dos Santos, auraient pu planquer à Maurice.
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C’est ce que révèle le site en ligne The Shift, mercredi. Celui-ci est un portail maltais dédié au journalisme d’investigation et à la défense de la liberté de la presse. L’éventualité que Maurice bénéficie d’une partie du butin, si de l’argent et/ou des actifs sont retrouvés à Maurice, est à l’étude au niveau de l’Angola.
Selon le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), le clan dos Santos a créé au moins cinq compagnies à Maurice, notamment Saguaro Management et Silverfields Ltd.
Isabel dos Santos, qui était autrefois connue comme la femme la plus riche d’Afrique, et le défunt mari de celle-ci, Sindika Dokolo, avaient mis en place un réseau de sociétés-écrans d’une complexité certaine dans le but de détourner des fonds provenant de sociétés angolaises, de blanchiment d’argent et de trafic d’influence.
Depuis quelques années, les autorités angolaises sont parties à la chasse aux milliards de dollars planqués dans plusieurs pays. Et Maurice est fortement soupçonné comme étant l’un des pays ayant domicilié, ou qui domicilie toujours, des compagnies-écrans et des comptes en banque appartenant à Isabel dos Santos qui, d’ailleurs, avait ses habitudes à Maurice. Cela, d’ailleurs à l’instar d’autres personnes de l’univers dos Santos, comme Alvaro Sobrinho qui avait défrayé la chronique à Maurice en 2017 et 2018 et qui a même indirectement provoqué la démission de la présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, en 2018.
Une enquête de Mediapart en mars 2018 alléguait que des USD 615 millions (Rs 28,8 Md selon le taux de change du jour) détournés de la Banco Espirito Santo Angola, dont Alvaro Sobrinho était le CEO, USD 433 M (Rs 20,3 Md selon le taux de change du jour) auraient atterri sur des comptes de sociétés contrôlées par celui-ci et dont la bénéficiaire ultime était Isabel dos Santos.
Le bureau du procureur général d’Angola a aussi demandé de l’aide auprès de Malte, de Suisse, des Pays-Bas, du Luxembourg, du Royaume-Uni, de Singapour, des Bermudes, des Émirats arabes unis, de Monaco et de l’île de Man. Plusieurs milliards de dollars américains ont déjà pu être récupérés. Récemment, Vera Dayes de Sousa, ministre des Finances angolaise, a annoncé la création d’un fonds spécialisé pour gérer les USD 15 milliards d’actifs, soit RS 702 Md, déjà récupérés par les enquêteurs anti-corruption.
Partage des actifs
Selon les estimations du Service national angolais de recouvrement des avoirs (SENRA), il y aurait encore plus de USD 100 Md d’actifs (Rs 4 684,6 Md) non récupérés. Depuis l’accession de João Lourenço à la présidence de l’Angola, les autorités de ce pays se sont lancées dans une campagne active pour retracer et récupérer l’argent et autres avoirs provenant de fonds angolais durant la présidence de José Eduardo dos Santos qui a été à la tête d’Angola de 1979 à 2017.
Dans un effort pour stimuler la coopération avec les pays qui abritent cet argent, la SENRA travaille sur la possibilité de conclure des « accords de partage des actifs » avec les pays coopérants. En d’autres termes, l’argent récupéré sera partagé avec ces pays qui coopèrent pleinement avec les autorités angolaises.
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