Maurice est-il la destination préférée des hommes d’affaires indiens pour le blanchiment d'argent ? Le prestigieux quotidien britannique The Guardian a mis en ligne cette semaine des documents confidentiels émanant des services de douane indiens qui mettent en lumière le détournement allégué de 235 millions de dollars (soit Rs 8 milliards) par le groupe minier indien Adani.
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Somme qui a ensuite été planquée à Maurice, notamment à travers la société Electrogen Infra Holdings Pvt Ltd (EIHPVL), spécialisée dans le commerce d’équipements électriques.
Cette somme colossale représenterait des prêts obtenus par le groupe auprès de banques publiques pour l’achat d’équipements nécessaires à la réalisation d’un projet électrique d’envergure dans l’État du Maharashtra. La commande de ces équipements en Chine ou en Corée du Sud est passée par la filiale dubaïote d’EIHPVL, Electrogen Infra FZE (EIFZE), à travers une autre filiale du groupe, PMC Project (India) Private Ltd. Bien que les équipements soient remis directement en Inde, les factures dressées par EIFZE accusent une majoration moyenne de 400 % à 800 %.
Le fisc indien a détaillé le mécanisme de la fraude alléguée : un équipement vendu par Hyundai Heavy Industries à EIFZE à 65,3 millions de dollars était revendu à PMC Project (India) Private Ltd à 260,6 millions de dollars. Ce qui représente un gain de 194,9 millions de dollars (soit une différence de 398 %). Dans un autre cas, le prix de transformateurs a subi une hausse de 400 %. L’argent payé à EIFZE est alors dirigé vers EIHPVL sise à St-James Court, Port-Louis.
Le fisc indien explique avoir établi que EIHPVL est une filiale du groupe Adani. Ce qui démontre qu’il y a bien eu entente délictueuse pour « syphoning of fund ». D’autant qu’EIPVL serait dirigé par nul autre que Vinod Shantilal Shah, surnommé Vinod Shantilal Adani, frère aîné de Gautam Adani, grand patron du groupe familial, à travers un trust, l’Asankhya Resources Family Trust. Le groupe dément ces accusations et se refuse à d’autres commentaires.
Casseroles en inde
Si The Guardian s’intéresse à cette affaire, c’est que le groupe sollicite des subsides de 700 millions de dollars (soit plus de 24 milliards de roupies) du gouvernement australien pour réaliser un projet controversable de chemin de fer entre une mine de charbon de Carmichael et un terminal situé près de la Grande barrière de corail à Abbot Point, dans le Queensland.
Le groupe Adani traîne aussi d’autres casseroles en Inde : il est sous le coup d’une enquête pour avoir gonflé le prix d’achat du charbon acheté avec l’Indonésie et de placer les profits dans des paradis fiscaux. Un rapport d’audit du Maharashtra avait aussi évoqué des pots-de-vin payés à des députés, des douaniers et des policiers, alors que l’État du Gujarat avait révélé qu’une « mauvaise » classification de forêts tropicales humides lui a permis de réaliser un projet énergétique. Il y a trois mois, le Comptroller and Auditor General de l’Inde a révélé que le groupe Adani engrangerait des profits de 40 % dans le port de Vizhinjam, alors que ce projet est financé à 67 % par l’État indien.
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