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Détention prolongée d’Ish Sookun: la magistrate juge les preuves insuffisantes

L’informaticien Ish Sookun a retrouvé la liberté conditionnelle, ce mardi 2 février 2016.

Ce que la police lui reproche

C’est un e-mail envoyé le 20 janvier 2016 au journal Le Matinal de l’adresse « isundrum@india.com » qui a déclenché cette affaire. Le contenu de ce courriel fait état de menaces à Port-Louis. « This is not a warning but it will happen on Friday like everywhere Friday is our favorite day especially in Port-Louis, Line Barracks, port, eerywhere, Passport Office and the Airport ».

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Mais il devra quotidiennement rapporter ses moindres mouvements à la police. Telles sont les conditions imposées par la magistrate Naddiya Dauhoo, siégeant à la Bail and Remand Court (BRC). Ish Sookun, un Linux Administrator, avait été arrêté, le samedi 23 janvier 2016, par le Central Criminal Investigation Department (CCID). Il a été provisoirement inculpé sous la Prevention of Terrorism Act (PoTA). La police lui reproche d’avoir « le 20 janvier 2016, à Indra Cyber Café, au bâtiment de Lake Point, Curepipe, en toute connaissance de cause, fourni la logistique dans le cadre d’une activité terroriste, en permettant d’envoyer un courriel.» La missive contenait des menaces contre des postes de police, des tribunaux, le Passport and Immigration Office et l’aéroport. (voir hors-texte) Ish Sookun avait fait une demande de liberté conditionnelle, le lundi 25 janvier, mais la police s’y était opposée. L’assistant-surintendant de police Tritudeo Dawoodharry avait avancé trois raisons pour soutenir son objection. Il avait indiqué qu’Ish Sookun pourrait s’ingérer avec des témoins et falsifier des preuves si jamais il était remis en liberté sous caution. L’ASP Tritudeo Dawoodharry avait ajouté  que la détention d’Ish Sookun était nécessaire pour sa propre sécurité et pour le maintien de l’ordre public. Mais ces arguments ont été rejetés par la magistrate Nadiyya Dauhoo. Celle-ci a conclu que la police ne dispose pas de preuves solides justifiant la détention d’Ish Sookun. « Although it is not for this court at this stage to assess the credibility of the Enquiry Officer or that of the applicant, the Court can easily rule that the nature of the evidence of the police is weak », souligne la magistrate. Elle ajoute d’autre part, qu’il n’y a pas de preuves satisfaisantes démontrant l’existence d’un risque d’ingérence de la part du suspect avec des témoins dans cette affaire. La BRC a ainsi accordé la liberté à Ish Sookun. Mais ce dernier devra se conformer à certaines conditions. L’informaticien a dû fournir deux cautions de Rs 100 000 et signer une reconnaissance de dettes de Rs 500 000. De plus, il devra se présenter au poste de police le plus proche de son lieu de résidence, une fois par jour de 6 heures à 18 heures. Ish Sookun devra aussi informer la police quotidiennement de tous ses mouvements et déplacements. L’informaticien devra résider à un endroit fixe et il n’est pas autorisé à sortir le soir, entre 20 heures à 5 heures le lendemain matin. Il lui est également interdit de se rendre dans les locaux du cyber café Indra au Lakepoint à Curepipe.
 

Après sa libération sous caution: la riposte de Sookun

L’informaticien envisage de réclamer des dommages contre certains enquêteurs du Central Criminal Investigation Department (CCID) après son arrestation et sa détention. Il  a tenu une conférence de presse, ce mardi 2 février 2016, en présence de ses hommes de loi. Il met la police au défi de prouver les charges formulées contre lui sous la Prevention of Terrorism Act. Ish Sookun est revenu sur les circonstances de son arrestation. Il a expliqué que la police a perquisitionné sa maison à Providence sans qu’il ne soit au courant du contenu du mandat qui se trouvait entre les mains des policiers. « Ils ne m’ont pas laissé lire le document. Ils m’ont tout simplement montré la partie où figurait mon nom. Je leur ai remis tous mes équipements informatiques y compris l’ordinateur portable de ma mère », affirme Ish Sookun. Ce dernier souligne aussi qu’il a donné des pistes aux policiers pour retracer l’auteur de cet email, mais ces derniers auraient utilisé ces informations pour l’incriminer.

Abolition de la charge provisoire

Quant à Me Sanjeev Teeluckdharry, il a demandé à la National Human Rights Commission de faire son travail pour s’assurer que les droits des détenus soient respectés. Il demande aussi que les « demandes de remise en liberté » soient traitées en priorité, car il s’agit, dit-il,  de la liberté d’un individu. Me Sanjeev Teeluckdharry a également lancé un appel pour que le montant des cautions soit plus flexible compte tenu du fait que son client a eu à payer une caution de Rs 200 000 alors qu’un autre prévenu dans cette affaire a retrouvé la liberté conditionnelle contre paiement d’une caution de Rs 35 000. L’avocat réclame d’autre part l’abolition de la charge provisoire du fait qu’elle «n’existe dans aucun texte de loi à Maurice. » D’ailleurs, Me Erickson Mooneapillay, qui représente ce même suspect, a présenté une motion devant le tribunal de Curepipe pour que la charge provisoire logée  contre son client soit rayée vu qu’il conteste la constitutionalité de cette procédure. L’affaire sera appelée le 29 février 2016 devant cette même instance judiciaire.  Erickson Mooneapillay a aussi précisé qu’il a reçu des « instructions » de son client pour préparer une riposte contre certains officiers du CCID.

Kishan Sooklall libéré contre une caution de Rs 35 000

Après Ish Sookun, ce fut autour de Kishan Sooklall de retrouver la liberté provisoire. Le gérant d’Indra Cyber Café a versé une caution de Rs 35 000 et signé une reconnaissance de dette de Rs 700 000 pour retrouver la liberté conditionnelle. Il faisait lui aussi l’objet d’une accusation provisoire d’acte de terrorisme. Il est représenté par Me Ashley Hurhangee.

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