Brigitte Laboiteuse et Ajay Bhowaneedin ne se connaissent pas, mais ils ont deux points en commun. Détenteurs d’un SC, ils ont une carrière bien remplie. Ils incarnent l’exemple type que la réussite professionnelle ne repose pas uniquement sur le fait d’avoir le plus long parcours éducatif.
Brigitte Laboiteuse: elle a ouvert cette année sa propre école maternelle
À Chemin Grenier, une nouvelle école maternelle a ouvert ses portes cette année. Une trentaine d’enfants y apprennent chaque jour à lire et à écrire sous l’œil bienveillant de Brigitte Laboiteuse, la gérante. Pourtant, rien au départ ne présageait que cette mère de trois enfants, âgée de 38 ans, allait gérer sa propre école maternelle et deviendrait même l’employeur de deux personnes. Et pour cause, Brigitte Laboiteuse, qui étudiait au collège Keats à Chemin-Grenier, a dû cesser ses études après l’obtention de son School Certificate. « J’ai dû faire un choix à l’époque. J’ai pris la décision d’arrêter mes études pour permettre à mon frère, qui était en Form III, de poursuivre les siennes car mon père est malvoyant et ma mère ne travaillait pas », relate-t-elle.Des hauts et des bas
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Brigitte Laboiteuse décroche par la suite son premier job, celui de réceptionniste dans un hôtel à Tamarin, qu’elle quittera au bout de deux ans. Entre-temps, elle se marie tout en suivant parallèlement des formations en secrétariat, en gestion ainsi que des cours de base d’enseignement pré-primaire.
« J’ai toujours été passionnée par les enfants. J’ambitionnais même de devenir animatrice pour enfants à la radio ou à la télé », avoue-t-elle.
Toutefois, dans son entourage, on l’encourage à devenir enseignante. Et c’est ainsi qu’un beau jour, la gérante d’une école maternelle à Chemin-Gremin l’a contactée pour qu’elle vienne y travailler. Poste qu’elle accepte immédiatement et qu’elle occupera pendant six ans tout en suivant des cours au Mauritius Institute of Education (MIE). Elle reçoit par la suite une autre offre d’emploi, celle de gérer une autre école maternelle. Elle y restera trois ans avant d’ouvrir cette année sa propre école grâce à l’appui de ses proches et de ses amis.
« Mon parcours n’a pas été un long fleuve tranquille. Il y a eu des hauts et des bas. Ce n’était pas évident de suivre des cours et de rendre des devoirs quand on a en même temps à s’occuper des enfants en bas âge. Mais, je n’ai pas baissé les bras et mes efforts ont payé. Je ne regrette pas mon choix d’avoir quitté le collège après le SC. Je fais aujourd’hui un métier qui me passionne », fait-elle ressortir. Brigitte Laboiteuse n’a aujourd’hui que deux souhaits : que son école marche bien et que ses élèves « deviennent les exemples de demain ».
Aux détenteurs de SC qui ne souhaitent pas poursuivre leurs études, elle leur conseille : « La vie ne s’arrête pas après le SC. Fixez-vous des objectifs et faites tout pour les réaliser. Suivez des formations en parallèle d’autant plus qu’aujourd’hui il y a beaucoup de facilités. Il faut, toutefois, être passionné pour ce que vous envisagez de faire comme carrière et vous serez épanouis par la suite ».
Un succès qui devrait retomber en 2005 quand Ajay Bhowaneedin a des soucis de santé. « Je travaillais moins, mais une fois guéri, j’ai tout repris en main », souligne-t-il.
Ainsi, il ouvre en très peu de temps une deuxième usine spécialisée uniquement dans la confection de chemises. Si aujourd’hui les affaires d’Ajay Bhowaneedin marchent, il ne compte, toutefois, pas s’arrêter en si bon chemin. Le directeur du Fairy Group of companies a, en effet, plusieurs projets : proposer un service de blanchisserie d’ici à la fin d’avril, se lancer dans la confection de vêtements pour enfants de six mois à 16 ans cette année ou encore se tourner sur le plus long terme vers le knitting & dyeing avec l’appui d’un partenaire s’ils obtiennent le financement nécessaire.
Quel est son message pour les jeunes qui souhaitent intégrer le monde du travail après l’obtention du SC ? « On ne réussit pas dans la vie d’un seul coup. Il faut un certain apprentissage avant de grimper peu à peu les échelons. Tout le monde a sa part de chance, il faut savoir saisir des opportunités tout en travaillant honnêtement », recommande Ajay Bhowaneedin.
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Ajay Bhowaneedin: de simple vendeur à directeur d’usine
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À 58 ans, Ajay Bhowaneedin est le directeur du Fairy Group of companies. Il possède deux usines, emploie 120 personnes et exporte 80 % de sa production de vêtements aux États-Unis, en Afrique du Sud, en France ou encore à la Réunion. Un bel parcours pour quelqu’un qui ne possède qu’un School Certificate.
« Je voulais poursuivre mes études après l’obtention de mon SC, mais je n’ai pas pu par manque de financement », relate-t-il. Quatrième enfant d’une famille de huit enfants, Ajay Bhowaneedin est devenu ‘salesman’ pendant deux ans dans un magasin après avoir quitté le collège Mauritius où il a fait ses études.
« J’ai, par la suite, travaillé dans l’usine de mon grand frère (Ndlr : l’entreprise était spécialisée dans la fabrication de jeans). Je faisais surtout des tâches administratifs, mais quand je faisais des heures supplémentaires, je coupais, j’assemblais et je cousais des jeans », fait-il ressortir.
Il y restera six ans où il apprendra toutes les ficelles du métier, à savoir faire tourner une usine jusqu’à même réparer une machine. Ce qui lui sera utile quand il se lance, par la suite, à son propre compte. « J’achetais de la toile que je donnais à coudre chez plusieurs petites usines avant de livrer les vêtements cousus dans plusieurs magasins pour y être vendus », indique-t-il.
Travailler honnêtement
Au bout d’un an, Ajay Bhowaneedin apprend que l’usine Fairy a fermé ses portes. Il approche les propriétaires et, suite à un arrangement, commence à louer les machines afin d’y faire fabriquer des vêtements. Les années passent, Ajay Bhowaneedin achète finalement ces machines ainsi que d’autres équipements.
De trois employés au départ, le nombre de personnel grimpe à 60. Dans les années 90-91, Ajay Bhowaneedin propose de nouveaux emballages pour ses produits, inspiré par un voyage en Thaïlande où il apprend l’importance de la valeur ajoutée. Ses produits font un tabac et sa clientèle grimpe en flèche. Ce qui le pousse dès les années 92-93 à exporter ses produits sur la Réunion. À l’époque, Ajay Bhowaneedin ne compte pas moins de 125 employés. Quelque temps plus tard, il achète un bâtiment à Curepipe pour abriter son usine (Ndlr : jusqu’ici il avait toujours loué des locaux).
Potentiel de recruter 500 personnes
« Le textile a encore de l’avenir à Maurice. D’ailleurs, j’ai le potentiel de recruter 500 personnes. Toutefois, il y a un manque cruel de machinistes dans le pays. Il faudrait que le gouvernement accorde le feu vert pour qu’on puisse importer de la main-d’œuvre. Ce qui nous mènera à créer d’autres types d’emplois pour les Mauriciens tels que Accounts Clerk, Merchandiser, etc. », avance Ajay Bhowaneedin. Il faudrait aussi, poursuit-il, que les autorités apportent leur aide aux opérateurs afin qu’ils puissent développer davantage leur business.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !