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Détectives privés: ces enquêteurs qui travaillent dans l’ombre

Ils sont discrets, anonymes et se fondent dans la foule. Leur mission : recueillir des informations sur des personnes soupçonnées d’infidélité, traquer des délinquants là où la police a failli à sa tâche ou encore, s’informer sur des hommes d’affaires véreux. Leur employeur : Dharamsing Hosanee, directeur de Private Investigation Department.

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Détectives privésDeux semaines de cela, Dharamsingh Hosanee était à Madagascar pour le compte d’une famille très connue d’hommes d’affaires de Port-Louis pour enquêter sur un de leurs membres. Ce dernier dirige leur business à Madagascar. La famille mauricienne voulait savoir quel type de vie il mène à Madagascar, qui sont les personnes qu’il fréquente et s’il est encore capable de diriger leurs affaires dans la grande île. « J’ai déjà travaillé pour cette famille à Maurice et je connais bien Madagascar. Je devais me rendre à Tuléar. C’était assez facile et les conditions du contrat étaient alléchantes »,  nous explique Dharamsingh Hosanee.

Pour rappel, le Private Investigation Department a vu le jour en 1999 avec un effectif de trois salariés. Aujourd’hui, avec un nombre grandissant d’activités, il en compte 35. « Au départ, mes premiers clients, dans leur très grosse majorité, étaient des personnes qui voulaient que j’enquête sur leurs conjoints, dont la plupart des clients étaient  des femmes. Aujourd’hui, la tendance s’est équilibrée. Des hommes aussi viennent me voir », dit-il.

Aujourd’hui, on note une diversification des cas. Depuis que Maurice est devenu un pays développé, il y a une augmentation des entreprises qui opèrent dans le domaine de la production des biens et services et des femmes qui travaillent. Les Mauriciens sont plus nombreux à voyager. En outre, il faut compter avec l’émergence de nouvelles technologies de communication. « Ces développements ont donné naissance à des mutations économiques, sociales et culturelles. Ils ont augmenté le nombre de délits tant et si bien que la police ne peut pas les traiter avec la même efficacité. Parfois, nous  sommes en conflit avec la police », dit-il.

Appel à un ministre

Dharamsing Hosanee
Dharamsing Hosanee

Notre interlocuteur a en tête un cas qui reste toujours sans solution. Il a trait à un harcèlement. La mère de la victime avait demandé à Dharamsingh Hosanee de faire appel à un ministre. « J’avais fait le nécessaire et confié le cas à un haut gradé de la police. La mère de la fille harcelée voulait obtenir les images d’actes incriminants qui avaient lieu dans l’ascenseur afin de les montrer au chef de l’entreprise qui en était l’auteur. Mais le haut gradé n’avait pas pris l’affaire au sérieux.  Il ne répondait jamais à mes appels. L’affaire était très grave, car elle impliquait deux personnes de deux communautés différentes. Finalement, on n’a jamais obtenu les images de la caméra car elles avaient été effacées. À ce jour, l’affaire n’a toujours pas été résolue. Je m’efforce de calmer la mère de la jeune femme en lui disant que l’enquête est toujours en cours », affirme-t-il.

Un des moyens qui figure en tête de l’arsenal des détectives privés est la traditionnelle filature. Parfois, les cas sont complexes et exigent la prudence. « Je me souviens encore des nuits passées dans les champs de canne durant les premières années. Puis, récemment, à la demande d’une station-service, qui avait fait l’objet de vols récurrents de diesel, on a fait appel à nos services devant l’échec de la police. On avait monté une stratégie qui a fini par payer », souligne-t-il.

L’affaire Dantier

Toutes les demandes d’enquête font d’abord l’objet d’un entretien qui, dépendant de leur nature, peuvent être acceptées ou refusées. « Pour l’affaire Dantier, la mère voulait retenir nos services, mais je lui ai dit que c’était la responsabilité de la police. Peut-être que si j’avais accepté, on aurait trouvé quelque chose, d’autant que la police a si mal conduit l’enquête », ajoute Dharamsingh Hosanee.

Certains cas d’infidélité se ressemblent et ne nécessitent pas le déploiement d’un important personnel. Par contre, pour d’autres dossiers, l’agence doit mobiliser toutes ses ressources. « En principe, ce personnel est déjà à notre service. Mais lorsque le dossier est trop compliqué, il nous faut des ressources additionnelles pour que les filatures apportent une masse d’informations détaillées, nécessaires à l’enquête. Ces informations, surtout des photos, nous seront nécessaires si le cas est présenté  devant une cour de justice. À ce moment-là, notre témoignage est déterminant », affirme-t-il.

Les enquêteurs savent  aussi que toutes les affaires liées à l’infidélité doivent être prises avec des pincettes, car ils n’entendent qu’un seul son de cloche. C’est alors que l’expérience va jouer. Quant aux tarifs, ils dépendent de l’ampleur des enquêtes. « Dès le premier entretien, on peut déterminer à peu près le coût du travail et s’il va aboutir. On dit tout au client, car on ne veut pas l’arnaquer. Mais il doit nous raconter toute la vérité sur le cas qu’il nous soumet. Car, on ne peut travailler s’il ne collabore pas », souligne-t-il.

Lorsque le dossier est volumineux, les moyens sont conséquents puisque chaque détail a un prix. « Si les filatures sont nombreuses et se passent à travers tout le pays, il faut engager de nombreuses personnes. Par exemple, la personne qu’on suit va déjeuner dans un restaurant huppé où l’on soupçonne qu’elle va rencontrer une personne nécessaire à notre  enquête. Notre agent doit alors le suivre. Il me tient au courant et je lui donne des consignes. Lorsqu’il s’agit d’un pensionnat, où on n’a pas accès, on se sert du téléphone portable ». Toutefois, certains éléments peuvent être refusés en cour s’ils ont été obtenus de manière illégale. Certains cas sont très sensibles, comme celui de la femme d’un fonctionnaire dont l’équipe a eu la photo. Pour cette affaire, ils eu recours aux services d’une autre femme. « Lorsqu’on lui a montré la photo, nous avons usé de beaucoup de tact pour lui éviter un choc ».

Un échantillon de cas d’infidélité

Détectives privés

À l’heure des mutations qui traversent notre société, il n’est pas rare que des cas d’infidélité conjugale se règlent à l’amiable. « Il y a le cas d’une femme qui a accepté l’infidélité de son époux afin de sauver sa famille aux yeux de la société. D’autres femmes acceptent le divorce, sans broncher et sans faire de scandale. Le divorce est devenu tellement banal de nos jours », confie Dharamsingh Hosanee. Au bout de 17 années d’expérience dans ce métier, il raconte avoir connu un véritable échantillon de cas d’infidélité, du plus simple citoyen au magistrat, en passant par des médecins, des avocats et des cadres supérieurs dans les secteurs public et privé. Cette année, il s’est rendu en Afrique du Sud pour acheter du matériel de haute technologie. Après Madagascar, où il vient d’ouvrir un bureau, il compte étendre ses services en Afrique où il a déjà un pied au Sénégal. « J’y ai déjà travaillé pour le compte d’une famille mauricienne dans un cas d’héritage. Depuis, j’ai noué d’excellentes relations avec la police sénégalaise. À ce jour, nous avons pu bâtir, notre réputation, car nous respectons la volonté de notre clientèle et nos méthodes répondent aux normes internationales », assure Dharamsingh Hosanee.

 

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