Naz Jugurnath est bouleversée. Ses deux fils Sameer et Hossen sont morts de manière tragique en prison, après avoir été victimes d’agression. L’un le 4 mars 2024 et l’autre en 1999, tous deux dans des circonstances troublantes.
Vingt-cinq ans après, l'histoire se répète pour la famille Jugurnath, à Le Hochet, Terre-Rouge. Après la mort de Hossen, 26 ans, à la prison de Beau-Bassin, en 1999, c’est au tour de Sameer, 49 ans, de perdre la vie après avoir été agressé mortellement par d’autres prisonniers dans le même établissement pénitentiaire le 2 mars dernier.
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Depuis ce drame, la famille du défunt note plusieurs zones d’ombre. Pour Naz, 79 ans, perdre un second fils dans des circonstances opaques équivaut à un cauchemar. D’emblée, elle affirme que Sameer, arrêté le 22 février, était chez elle au moment où le vol qu'on lui attribue a été commis. Elle ajoute qu'elle était prête à coopérer pleinement avec les enquêteurs et à fournir un alibi à son fils. Cependant, Sameer aurait été détenu sans explication pendant plusieurs jours. Elle confie : « Mo garson ti dir mwa, mama, zot pe dir mo al kokin et aksepte kin mo fer sa. Li ti dir mwa ki li pa pou aksepte sa charge la parski li pa ti fer sa. Zot kapav al chek lor kamera CCTV ».
Durant la reconstitution des faits, supervisée par le CI Moorghen le 4 mars dernier, le détenu Visham Parsaramudu a admis avoir frappé Sameer Jugurnauth quand celui-ci était allongé sur le matelas. Hans Varun Gangoo, un ex-policier détenu pour un cas d'importation de drogue, lui a ensuite asséné plusieurs coups de pied et c’est alors que sa tête a heurté violemment le sol. Cette agression aurait lieu, d’après les suspects, à cause des perturbations causées par le quadragénaire depuis son arrivée au New Wing de la prison de Beau-Bassin.
La sécurité des prisons remise en question
Le lendemain de l’agression, soit le 3 mars, un officier pénitentiaire a découvert Sameer Jugurnauth, en sang, gisant sur un matelas. Il a été transféré à l'hôpital Jawaharlal Nehru, Rose-Belle. Toutefois, sa famille a dû attendre le 4 mars pour apprendre que Sameera a subi une opération chirurgicale d'urgence, sans être informée des détails médicaux exacts de celle-ci. Une situation que déplore Naz. « Mon alle lopital Nehru pou guet mo garson, ek la polis ti dir mwa zot pa kone kin arive. Dokter dir mwa ki li dan koma ek fin oper li lor so later san donn mwa okenn linformasyon. Mo estime ki zot ti bisin inform mwa avan zot oper li », indique Naz. Malheureusement, Sameer est décédé des suites de ses blessures vers 23h30, le même jour.
Le manque de préavis avant l'opération et l'absence d'informations détaillées concernant celle-ci suscitent l'inquiétude au sein de la famille de la victime. De plus, elle s’interroge sur la manière dont il a été traité en détention et se pose des questions sur la transparence et la responsabilité des centres pénitenciers. « Eske ban ofisie laprizon ti pe survey bann prizonye ? Ki kalite bate zot ti pe fer lor li ziska zot fin touy li ? Nou demann komiser lapolis ouver enn lenket pa zis pran laktyon kont sa de dimoun ki ti touy mon garson, me osi kont bann ofisie laprizon ki ti pe en service lor blok A. Bizin aret zot si », réclame Naz.
Comment cette mère de quatre enfants, trois garçons et une fille, arrivera-t-elle à faire son deuil après ce nouveau drame qui frappe sa famille à nouveau ? Elle nous confie, bouleversée, que son fils aîné, Hossen Jugurnath, alors âgé de 26 ans, est décédé à la prison de Beau-Bassin dans des circonstances floues. Il avait purgé une peine de trois mois et aurait dû être libéré le 11 mars 1999. Malheureusement, il a été retrouvé mort dans sa cellule le 18 février 1999 après avoir été agressé en prison.
Demande d’une enquête judiciaire pour faire la lumière
Me Ericsson Mooniapillay, avocat pro bono, a décidé de prendre en charge le dossier de la famille de Sameer Jugurnauth. Il s'est engagé à la représenter légalement dans cette affaire entourée de plusieurs zones d’ombre.
L’avocat considère qu’il est important de faire la lumière sur les événements entourant la mort de Sameer. Dans un premier temps, il compte demander une enquête judiciaire approfondie pour examiner les circonstances exactes de l’agression. Une fois que l'enquête judiciaire aura été lancée et que les faits auront été établis, Me Mooniapillay prévoit d'entamer d'autres procédures légales au nom de la famille de Sameer. Cela pourrait inclure des poursuites contre les responsables présumés ainsi que des actions visant à obtenir réparation pour les préjudices subis par la famille.
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