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Des vols avec violence qui donnent la chair de poule

Les malfrats sont à l’affût des victimes faciles et vulnérables. Les malfrats sont à l’affût des victimes faciles et vulnérables.
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Il n’y a pas un jour qui passe sans que l’on entende parler d’un cas de vol. Si certains sont de simples vols, d’autres donnent la chair de poule, vu la violence avec laquelle le délit a été commis. Cependant, au niveau de la police, on parle d’une baisse du nombre de cas de vols. Néanmoins, on s’inquiète de la violence grandissante des malfaiteurs.

Pas plus tard que le jeudi 7 janvier, une femme de 54 ans, habitant Vallée-Pitot, a été victime de vol avec violence à son domicile. Actuellement, elle est au Neuro High Care de l’hôpital Dr A. G. Jeetoo, à Port-Louis. Car elle a été sauvagement agressée à la tête. Dans sa plainte à la police, elle relate qu’un individu encagoulé a fait irruption chez elle avant de lui asséner plusieurs coups à la tête. Elle a pu s’échapper et se réfugier chez sa voisine.

Des policiers faisant du porte à porte.
Des policiers faisant du porte à porte.

Au courant de cette semaine, le manager d’une station-service, âgé de 62 ans, avait expliqué qu’il s’apprêtait à déposer Rs 1,5 million et un chèque de Rs 200,000 dans une banque lorsque deux hommes à moto, portant des casques intégraux et armés de sabre et d’un Taser, ont surgi et l’ont attaqué. Des images de ce vol ont été capturées par une caméra CCTV. On y voit deux hommes s’attaquant au manager de la station-service avant de prendre la fuite. Les suspects ont été mis hors état de nuire.

En novembre dernier, la dame de 74 ans, retrouvée morte dans sa maison à Vacoas, a mis tout le pays en émoi. Karasvanee Nauseeb, 74 ans, avait été retrouvée avec des blessures à son domicile. Transportée à l’hôpital de Candos, elle a rendu l’âme dans la soirée. La police a procédé à l’arrestation d’une femme de 34 ans. La suspecte, Adain Meajeane Katoucha, a avoué qu’elle était au domicile de la victime, peu avant le drame. Selon les premiers constats, la maison de la victime était en sens dessus dessous. La police a privilégié la thèse d’un vol qui aurait mal tourné.

L’inspectrice Indira Bhugobaun.
L’inspectrice Indira Bhugobaun.

Face à ces cas dont on entend parler chaque jour, l’on s’interroge s’il y a une recrudescence du nombre de cas de vols ? À cette question, l’inspectrice Indira Bhugobaun, responsable de la Crime Prevention Unit (CPU), affirme que tel n’est pas le cas. Bien au contraire, les cas de vols sont en baisse. « Il y a une baisse de 3,52 % si on compare les chiffres de 2019 et de 2020. En 2019, 9 799 cas de vols de tous genres ont été enregistrés contre 9 610 en 2020 », précise notre interlocutrice.

Plus brutale

Cependant, l’inspectrice Indira Bhugobaun concède que la violence lors des vols donne froid dans le dos. « La violence dans de tels vols est atroce. Il faut reconnaître que les malfaiteurs opèrent de façon plus brutale, semant même la mort sur leur passage », déplore notre interlocutrice.

Toutefois, notre inter-locutrice indique qu’il n’y a pas vraiment de régions plus affectées que d’autres pour les vols. « Dans la capitale, il y a beaucoup de vols à l’arraché à cause de l’insouciance des gens. Certaines personnes laissent leurs sacs ouverts, s’aventurent dans des lieux isolés, entre autres, donnant ainsi l’occasion aux malfrats de passer à l’acte », souligne cette dernière.

L’inspectrice Bhugobaun met l’accent sur le fait que les voleurs cherchent des proies faciles, notamment des enfants, des femmes ou des vieilles personnes. « Les malfaiteurs attaquent des personnes près des ATM ou encore des aînés qui viennent de toucher leur pension. Il y a d’autres qui ciblent, par exemple, les personnes qui vivent seule », poursuit-elle. Le modus operandi des voleurs est simple. Ils choisissent une cible, planifient leur coup et passent à l’acte.

Vols à l‘intérieur de la famille

L’inspectrice de police avance que de plus des vols sont commis par des membres de la famille. « Cela implique surtout ceux qui ont une dépendance à la drogue. Ces derniers n’hésitent pas à voler dans leur propre maison ou chez leurs proches pour se procurer de leur dose journalière. Souvent, ces personnes font usage de la violence lorsqu’elles sont prises la main dans le sac », se désole-t-elle.


Le Neighbourhood  Watch : plus efficace

Afin de mieux se protéger, l’inspectrice de police conseille à ceux qui ont les moyens d’installer des antivols et des systèmes d’alarme. Les caméras CCTV peuvent avoir un effet dissuasif, dit-elle. Cependant, elle estime plus efficace le Neighbourhood Watch. « Par exemple, des voisins peuvent créer un groupe WhatsApp avec la police de leur région. Dès que quelqu’un voit quelque chose de louche, il peut alerter les autres, y compris la police », déclare notre interlocutrice.

L’inspectrice Bhugobaun précise que des précautions personnelles sont de mise. Comme vérifier que toutes les portes et fenêtres soient bien fermées, ou garder de fortes sommes d’argent et des bijoux dans des lieux sûrs comme les banques. « Il ne faut pas laisser des inconnus entrer chez vous. Allumez toujours une lumière le soir. Les malfrats aiment l’obscurité pour ne pas être reconnus », explique-t-elle.

Elle conseille également aux personnes de verrouiller leur voiture dès qu’elles sont à l’intérieur, surtout quand elles sont dans des parkings souterrains. La responsable de la CPU demande aux businessmen qui doivent faire des versements bancaires d’alterner l’heure et les routes. Mais si vous avez devant vous un voleur qui est prêt à tout pour commettre son forfait, l’inspectrice de police conseille de ne pas opposer de résistance. « Mieux vaut donner au voleur ce qu’il cherche. Comparés à la vie, les objets n’ont pas de valeur. Lorsqu’il y a de la résistance, les voleurs utilisent de la violence, provoquant mort d’homme dans certains cas », avoue notre interlocutrice.


La drogue : source du mal

Ibrahim Koodoruth, sociologue, Rima Ramsaran, ancienne chargée de cours en criminologie et Vishal Ragoobar, économiste.
Ibrahim Koodoruth, sociologue, Rima Ramsaran, ancienne chargée de cours en criminologie et Vishal Ragoobar, économiste.

D’après Rima Ramsaran, ancienne chargée de cours en criminologie, il ne faut pas mélanger le problème de vol et celui de la violence, même si les deux commencent à s’intégrer avec les vols avec violence. « À Maurice, de nombreux cas de vols avec violence sont liés à la drogue. Certains sont en manque de drogue et ne peuvent plus se contrôler. Pour avoir de la drogue, ils peuvent avoir recours au vol, voire user de la violence. Pour ces personnes, il n’y a plus de limite », explique notre interlocutrice. Pour comprendre le profil des voleurs et savoir s’ils sont des consommateurs de drogue, il faut une étude approfondie, estime-t-elle. Toutefois, elle est convaincue que les vols avec violence sont liés à la drogue.

Voler à n‘importe quel prix

Côtoyant le milieu carcéral, le psychologue Vijay Ramanjooloo souligne que le délit le plus commun est le vol et le vol avec violence, ce qui fait que de nombreuses personnes sont derrière les barreaux. « Souvent, ces auteurs de vol ont une dépendance à la drogue. Ils ont besoin de leurs doses matin, midi et soir, et cela coûte cher. Ainsi, pour ceux qui n’ont pas les moyens, leur seul recours est le vol à n’importe quel prix, même s’il leur faut passer pour un bourreau », soutient-il.

Cependant, le psychologue estime qu’il faut comprendre la souffrance liée à cette problématique de drogue, qui est complexe. « Les personnes qui sont accros de la drogue perdent leur raison et leurs sentiments. À voir la recrudescence des drogues de synthèse, ce n’est pas étonnant de voir ce lien entre le vol et la drogue », déplore Vijay Ramanjooloo. Comme Rima Ramsaran, il croit aussi qu’il faut se pencher sur le profil des personnes qui commettent des vols.

Il précise que la drogue est un fléau touchant tous les milieux sociaux. Toutefois, ce sont ceux qui sont issus de milieux précaires qui se retrouvent en prison, selon Vijay Ramanjooloo. « Des fois ces personnes n’ont pas à manger, mais ont besoin d’argent pour se droguer. Certains sont sans pitié envers leur mère pour Rs 50. Cela veut tout dire », s’insurge le psychologue.

Pour lui, la prison est le cœur même d’une société. « Au lieu d’être traités comme des bourreaux, ces personnes devraient être vues différemment. On n’arrive pas à les réhabiliter. C’est pourquoi 70 % récidivent. Comme le disent des militants pour les consommateurs de drogue, ceux qui « kokin pou yen », leur place n’est pas en prison, mais dans un centre de désintoxication », tient à préciser Vijay Ramanjooloo.

La force des choses

Pour sa part, le sociologue Ibrahim Koodoruth attire l’attention que les vols organisés prennent de plus en plus de l’ampleur : « Ces bandes calculent et préparent bien leur coup. Ils connaissent leur cible. Ce ne sont pas des personnes qui ont récemment perdu leur emploi, mais ceux qui vivent aux dépens des autres. Il y a aussi ceux qui sont dans des activités illicites et n’ont pas de revenus. »

Il souligne que les vols sont planifiés et que les malfrats sont au courant de tous les mouvements de leurs victimes : « Ils sont bien renseignés et c’est quand ils tombent nez à nez avec leur victime que les choses se corsent et où ils usent la violence, causant la mort dans certains cas. »

Une analyse approfondie

L’économiste Vishal Ragoobar estime qu’il faut une analyse en profondeur de toutes les données. « On ne peut pas parler de crise sociale, car si c’était le cas, le nombre de cas de vols aurait pris l’ascenseur. Ce qui n’est pas le cas car, selon la police, il y a une baisse, qui peut s’expliquer en raison du confinement. D’où l’importance d’une analyse approfondie », souligne-t-il.

Le président de la Private Medical Practitioners’ Association (PMPA), le Dr Patrick How, évoque la dégradation des mœurs, où les personnes âgées sont les plus affectées. « Étant vulnérables, on n’hésite pas à s’en prendre à eux et à les attaquer. Ce qui n’est pas normal. Il faut comprendre la source du problème et essayer d’y remédier. On doit comprendre ce qui pousse des personnes à commettre des actes malveillants », lance le médecin.


Les systèmes de sécurité pour mieux s’armer

Certains astuces et services sont proposés par les fournisseurs de systèmes de sécurité Connectivity Solutions Africa LTD (CSAfrica). En tant, que spécialiste et leader mondial, CSAfrica dispose d’un savoir-faire : leurs domaines d’activité couvrent un large éventail de technologies de communication.

Ils produisent des solutions intelligentes pour le monde connecté et visent clairement à garder une longueur d’avance. Ils pensent à l’avenir des technologies de communication. Dans le cadre du nombre de vols en hausse à Maurice, CSAfrica propose des systèmes de caméras filaires et sans fil pour les particuliers et entreprise.

« Les caméras filaires sont des caméras fixes avec enregistrement complet. CSAfrica LTD offre des caméras IP avec enregistrement complet et affichage mobile et également des caméras sans fil qu’un client peut installer sur la base de ce projet. Le client peut installer une caméra et continuer à en ajouter en fonction de son budget. Les caméras sans fil peuvent être vues à partir du smartphone et une carte mémoire peut être ajoutée pour l’enregistrement. De plus, certaines caméras sont équipées d’une détection de mouvement, ce qui permet d’envoyer des alertes au propriétaire », explique Saroof Aungraheeta, le managing director chez Connectivity Solutions Africa LTD.

Par ailleurs, ils proposent des systèmes d’alarme sans fil et des interphone intelligent/système de sonnette. « Nous avons un système d’alarme sans fil qui fonctionne sur la fréquence radio. Ils sont faciles à installer en quelques minutes. Il est modulaire et un client peut commencer par un contact et continuer à ajouter au système. Le système d’alarme sans fil est également intelligent, ce qui fait qu’il peut être relié aux lumières intelligentes, de sorte qu’en cas d’intrusion, la sirène d’alarme s’activera, alors que les lumières dans la maison se déclencheront. Certains clients recherchent des systèmes intelligents de sonnette/interphone, qui leur permettent de voir le client à leur porte. Ils craignent de laisser entrer des gens, surtout dans les bijouteries. Les verrous de porte intelligents sont également vendus facilement, grâce à quoi le client permet un accès contrôlé aux magasins sensibles », renchérit-il. Et d’ajouter qu’il y a un engouement particulier pour les caméras de sécurité durant les dernières années. « Nous avons lancé notre propre système de caméras l’an dernier et depuis, le nombre d’installations de caméras a quadruplé. En outre, les gens achètent également notre système d’alarme, qui peut être installé en quelques minutes à un prix très abordable », conclut-il.

Témoignages

Victime d‘un vol à l‘arraché, elle perd sac, téléphone, argent et documents

N.K., 58 ans, une femme de chambre résidant à Rivière-des-Anguilles, a été victime de vol le mardi 29 décembre 2020, alors qu’elle marchait sur la voie publique. Parmi les objets qui lui ont été volés : une somme de Rs 5 000, un téléphone portable, des documents, tels que sa carte identité et sa carte bancaire, le tout estimé à une valeur de Rs 8 000. La quinquagénaire revient sur cette expérience traumatisante qui lui a transmis une frayeur qui la hante encore aujourd’hui. « Il était 12 h 20 et je marchais à Floréal, en direction du Trou-aux-Cerfs, lorsque j’ai été approchée par trois hommes. J’ai de vifs souvenirs de l’un d’entre eux qui portait un T-shirt orange, un short blanc et un bonnet. C’est lui qui a arraché le sac que je tenais à mon bras gauche. De par cette action brusque, je suis tombée et me suis blessée au genou droit. Ils se sont sauvés en direction du Trou-aux-Cerfs », se souvient-elle encore.

Victime de vol dans sa maison, Marie-Anne : « Doit-on craindre pour sa propre sécurité chez soi ? »

Marie-Anne (prénom modifié), 65 ans et habitant la capitale, a été victime de vol à son domicile. Les faits se sont produits le samedi 19 décembre 2020 à 11 h 30. « Lorsque j’ai ouvert la porte de ma maison, j’ai aperçu un homme inconnu qui essayait d’entrer dans ma demeure. Il m’a poussée et je suis tombée. Il m’a ensuite immobilisée pour prendre mon téléphone portable et s’est enfui. Heureusement qu’à ce moment-là, un homme a entendu mon cri et a poursuivi le voleur qui a ensuite jeté le téléphone. L’homme m’a remis mon téléphone, mais cet incident me pousse à réfléchir. Doit-on craindre pour sa propre sécurité chez soi ? »

 

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