Une pharmacienne accuse son employeur et deux autres personnes de l’avoir séquestrée et menacée pour qu’elle retire une plainte. Elle venait de signaler à la police des irrégularités dans la délivrance de médicaments psychotropes par cette pharmacie de Triolet.
Jenita, 32 ans, est traumatisée. Cette pharmacienne estime n’avoir fait que son travail, le lundi 7 février. Ce jour-là, elle a découvert que des médicaments psychotropes avaient été délivrés à des patients sans son autorisation pendant son absence, la semaine précédente, alors qu’elle est la seule habilitée à le faire dans cette pharmacie de Triolet. Elle a donc signalé l’anomalie à la police. Deux jours plus tard, le mercredi 9 février, elle aurait, selon elle, été séquestrée et menacée par son patron et deux autres hommes, à l’intérieur du commerce, dans le but de lui faire retirer sa plainte.
« Monn pass enn martir », dit Jenita en pleurs. Elle craint que ces derniers ne mettent leurs menaces à exécution. « Je n’ai pas envie de perdre ma licence de pharmacienne alors que je n’ai fait que mon travail. J’ai étudié pour en arriver là et j’exerce depuis huit ans », précise-t-elle.
Cela fait plusieurs années que la jeune femme travaille dans cette pharmacie. Elle affirme avoir constaté des irrégularités dans son registre depuis quelques mois. « J’avais déjà remarqué que des psychotropes avaient été délivrés sur ordonnance à des patients en mon absence. J’en avais fait la remarque mais cela a continué »,déplore-t-elle.
Les jeudi 3 et vendredi 4 février, Jenita était en arrêt maladie. Elle a repris le travail le lundi 7 février. « Monn rant travay 9h30. Monn ouver mo balans psikotrop. Kan monn ouver plakar, monn trouv kat ordonans pou kat pasian. Sa inn fer kan mo absan. Pa mwa kinn dispans sa bann psikotrop la. Lalwa dir zis farmasien sertifie ki kav fer sa. Se tou enn prosedir ki bizin fer avan donn sa. Mo mem ki okip sa me mo pa ti la », explique la pharmacienne.
Pour elle, c’en était trop. Elle a pris le registre de la pharmacie et s’est rendue au poste de police de Piton. « J’ai déposé une plainte et j’ai remis le registre ainsi que les prescriptions aux policiers. J’ai également informé le Pharmacy Board », poursuit-elle.
Mercredi, alors que Jenita était à son poste, son patron a débarqué. « Il était avec deux personnes, dont un employé de la pharmacie. Ils m’ont dit de les suivre dans l’arrière-boutique. Zot komans menas mwa. Zot dir mwa zot finn gagn kont ki monn fer. Zot dir mwa al tir case la, sinon zot pou pieze mwa, zot pou eklat mwa ek gat mo repitation farmasienn, zot pou met tou tor lor mwa. Dan menas ek presion, zot dir mwa nou al stasion pran sa kaye la ek la polis. Zot inn menas mwa, sekestre mwa enn sinkantenn minit. Zot fer mwa rentr dan van al stasion pou pran li. »
Mais au poste de police, la requête de la pharmacienne est rejetée. « J’ai demandé aux policiers de me remettre le registre mais ils ont dit qu’ils en avaient besoin pour l’enquête. Voyant cela, mon patron et les deux autres m’ont ramenée chez moi. Puis je suis retournée au poste de police pour les dénoncer », raconte Jenita.
* Prénom fictif
Le propriétaire de la pharmacie déjà arrêté pour trafic de psychotropes
Les trois hommes dénoncés par la jeune femme étaient toujours recherchés vendredi après-midi. Il s’agit du propriétaire de la pharmacie et de son fils, qui habitent un village du Nord, et d’un employé. Le premier est à la tête d’une chaîne de pharmacies. Cet homme d’affaires n’est pas inconnu des services de police. En septembre dernier, il avait été arrêté par la Criminal Investigation Division de Piton, qui le soupçonnait d’être impliqué dans un trafic de psychotropes. Un médecin avait aussi été placé en état d’arrestation. L’affaire est relancée et comporte désormais deux volets. D’une part, les accusations de séquestration et menaces portées par la pharmacienne. Les suspects devraient être confrontés à des images de vidéosurveillance qui semblent confirmer une partie des dires de l’accusatrice. D’autre part, la délivrance de médicaments psychotropes par une ou plus personnes non autorisées. Il s’avère que les quatre ordonnances remises par la pharmacienne aux enquêteurs ont toutes été signées par le même médecin. « Nous avons toutes les preuves qui réfutent ce dont elle accuse mon père. Tout ce qu’elle dit est faux », affirme un des fils du propriétaire. « Elle était responsable de la pharmacie et savait tout ce qui s’y passait. Tout a été fait en sa présence. Maintenant, elle essaie de retourner tout cela contre nous. Il est chagrinant que des gens mal intentionnés veuillent nuire à ma famille », poursuit-il.
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