Sandra O’Reilly s’en est allée cette semaine à l’âge de 48 ans, après s’être battue cinq mois contre un cancer du poumon. Elle laisse derrière elle le souvenir d’une femme déterminée et pleine de bravoure. Ses proches et ceux qui l’ont côtoyée livrent leurs témoignages.
La vie ne lui a pas fait de cadeaux. Sandra O’Reilly a dû mener plusieurs combats, mais elle n’a jamais baissé les bras. D’ailleurs, la phrase « c’était une battante » revient sans cesse sur les lèvres de ses proches et amis. Un des combats qu’elle a menés, outre celui contre le cancer : celui en faveur des femmes victimes de viol, ayant été elle-même victime d’un double viol collectif en 2002.
« C’était une femme courageuse, authentique et d’une sincérité déconcertante. Elle n’était pas seulement concernée par ses propres malheurs. Elle menait aussi un combat pour toutes les femmes qui, comme elle, avaient été victimes de viol », indique Me Jean-Claude Bibi, son avocat d’alors. Il ajoute que c’est grâce à elle que la loi avait été amendée en 2003. La peine maximale pour viol, autrefois fixée à huit ans, est passée à 20 ans. En décembre 2008, elle a été une nouvelle fois amendée, passant à 10 ans minimum et à 40 ans maximum.
Jean-Jacques Cervello, le compagnon Sandra O’Reilly, confie que le parcours qu’elle a réalisé après le viol dont elle a été victime est mémorable pour beaucoup de Mauriciens. « La vie ne l’a certes pas épargnée. Mais elle a toujours lutté contre l’adversité car elle aimait la justice », précise-t-il.
« Une mère aimante »
Sandra O’Reilly était la mère de quatre enfants, dont deux nés d’un premier mariage : Florent décédé dans un accident il y a trois ans à l’âge de 22 ans et Jonas, âgé de 27 ans et père de deux enfants. Puis il y a sa fille Marine, 21 ans, née d’un deuxième mariage, ainsi que Nathan, âgé de deux ans et dont le père est son compagnon Jean-Jacques Cervello. « Elle était une mère aimante. La vie lui a pris un fils il y a trois ans. Cet accident l’avait anéantie, mais elle a eu un cadeau de Dieu il y a deux ans avec la naissance de son fils Nathan alors qu’elle avait 46 ans », explique son compagnon.
Née à Rose-Belle, Sandra O’Reilly était une touche-à-tout. Elle avait travaillé dans la publicité et dans le marketing. Il y a sept ans, elle s’était lancée dans le coaching d’entreprise et exerçait comme coach de vie après avoir décroché un diplôme en ligne. « Elle était passionnée de psychologie. Elle aimait son job », se souvient Jean-Jacques Cervello.
ll y a cinq mois, plus précisément le vendredi 6 avril, Sandra O’Reilly avait appris qu’elle était atteinte d’un cancer du poumon. « Elle toussait beaucoup. Elle avait des douleurs musculaires et de la fièvre. Après une batterie d’examens médicaux, on lui a diagnostiqué un cancer du poumon qui était à un stade avancé », raconte-t-il.
Hors de question toutefois pour la battante qu’elle était de baisser les bras. « En mai, le médecin nous avait annoncé qu’elle était condamnée. Nous avions alors décidé de la faire cesser la chimio afin qu’elle puisse vivre ses derniers jours en paix. » Sandra O’Reilly s’envolera pourtant le 27 juin pour l’Afrique du Sud afin de suivre des traitements expérimentaux contre le cancer. Mais son état avait continué à s’aggraver. Quarante-huit heures après son retour à Maurice, elle est décédée.
Messages de ses proches
Jean-Jacques Cervello, son compagnon : « C’était une femme qui pouvait mener sa vie seule. Elle était à la fois forte et fragile. Elle accusait les coups durs. Elle dissimulait une grande fragilité au fond d’elle. Mais tout cela ne l’empêchait pas d’être brave. Elle peut maintenant reposer en paix, aux côtés de son fils. Nous prendrons en main tout ce qu’elle a laissé. »
Dorothy O’Reilly, sa sœur : « Elle avait beaucoup de qualités. Grâce à son combat, les langues se sont dénouées. Elle avait organisé une marche pacifique pour sensibiliser les gens à sa cause. La famille l’a toujours soutenue dans tout ce qu’elle faisait, mais la maladie l’a emportée. Elle reste un exemple pour nous tous. C’est un ange qui sera toujours là pour nous. »
Pearle O’Reilly, sa sœur : « Je garde d’elle le souvenir d’une sœur attentionnée. Elle va beaucoup me manquer. Son humour, ses plaisanteries et sa force de caractère aussi. J’ai toujours admiré l’attachement qu’elle avait pour ses enfants et son compagnon. J’aimerais lui dire que nous serons toujours là pour eux. Elle va retrouver son fils qui est au ciel. »
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