
Derrière l’écran, des jeux mortels en ligne manipulent et conduisent silencieusement des jeunes vers la mort. À l’occasion de la Journée mondiale de prévention du suicide, ce mercredi, un phénomène glaçant secoue Maurice. Des enfants, recrutés via l’application Telegram, seraient poussés à se suicider à travers un « jeu » macabre appelé « Audace et Vérité ». En seulement 50 jours, un mentor anonyme guide ces jeunes vers l’irréparable, exploitant leur vulnérabilité psychologique et l’absence totale de contrôle sur certaines plateformes numériques.
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«Le suicide n’est jamais un acte spontané. C’est un processus psychologique lent, insidieux et souvent invisible », rappelle le constable Hissen Caramben, officier mauricien rattaché à une agence d’enquête internationale. Cette nouvelle forme de grooming numérique, orchestrée à distance via une messagerie cryptée, laisse des mineurs isolés dans une spirale mortelle.
Telegram, application prisée pour son extrême confidentialité – messages éphémères, groupes secrets, partages invisibles – échappe à toute surveillance sérieuse. « C’est une plateforme difficile à surveiller. Elle est accessible pendant 15 minutes mais elle a son ‘hacker’ qui détecte toute présence », explique Hissen Caramben avant d’ajouter : « Pourtant, elle reste libre d’accès, même pour les enfants munis d’une simple tablette ou d’un téléphone. »
Le contraste est criant avec d’autres pays où l’accès aux outils numériques des mineurs s’inscrit dans des cadres éducatifs stricts. « En Chine ou au Japon, les enfants accèdent à ces plateformes dans un cadre éducatif ou culturel. Ils y trouvent un encadrement et un filtrage. À Maurice, il n’y a aucun contrôle. On utilise les mêmes plateformes pour chercher des contenus interdits. Et cela commence très jeune », déplore l’enquêteur.
Pour lui, le vide juridique amplifie le danger. Il regrette que la Children’s Act ne définisse pas clairement la responsabilité des parents concernant l’utilisation d’appareils numériques par leurs enfants. « Lorsqu’ils sont délaissés, en manque d’attention ou d’affection, ces jeunes basculent vers ces espaces où des pseudo-mentors leur offrent un faux sentiment de reconnaissance, les manipulent jusqu’à l’isolement, les poussent à se rebeller contre leurs proches et à s’autodétruire », souligne Hissen Caramben.
Cette tragédie numérique reste invisible dans les chiffres officiels. Les suicides liés à ces jeux ne sont pas recensés comme tels, masqués derrière des diagnostics médicaux trompeurs. Les rapports d’autopsie évoquent souvent des causes « naturelles », comme un œdème pulmonaire ou une défaillance cardiaque, sans lien apparent avec un acte volontaire. « Mais derrière ces causes cliniques, il y a une réalité numérique et psychologique bien plus profonde », souligne le constable.
La responsabilité parentale est au cœur du problème. Trop tôt exposés à des outils incontrôlés, les enfants deviennent des cibles faciles. « Offrir une tablette à un enfant de sept ou huit ans sans surveillance, c’est lui donner une arme entre les mains », prévient-il. Il propose une solution technique : une carte SIM intelligente, capable de signaler l’accès à des contenus dangereux.
Face à cette urgence, la ministre de l’Égalité des genres et du Bien-être de la famille, Arianne Navarre-Marie, annonce un engagement renforcé en partenariat avec le ministère de la Technologie et de la Communication. Leur but : protéger les mineurs sur ces plateformes opaques tout en adaptant les lois aux enjeux numériques actuels. Il propose des solutions techniques : une carte SIM intelligente, capable de notifier les parents dès qu’un enfant accède à des contenus sensibles
Interpellée sur cette problématique, la ministre de l’Égalité des genres et du Bien-être de la famille, Arianne Navarre-Marie, annonce un engagement renforcé en partenariat avec le ministère de la Technologie et de la Communication. Leur but : protéger les mineurs sur ces plateformes opaques tout en adaptant les lois aux enjeux numériques actuels.

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