Depuis le début de l’année : 6 morts sur nos routes

2017 débute sur une très mauvaise note. En six jours, quatre accidents fatals faisant six victimes ont été enregistré.

Breedge, le conducteur : «Je suis abattu»

Nouvel An tragique chez  la famille Pooroosotumaren à Rose-Belle. Davy Pooroosotumaren, 57 ans, et sa petite-fillle Yogeshwaree, âgée de 4 ans, ont péri dans un accident de la route à Midlands. Breedge Pooroosotumaren, 23 ans,  le fils de la victime, était au volant de la voiture qui a fait une violente sortie de route. Testé positif à l’alcotest, il a été arrêté, puis inculpé d’homicide involontaire.

Après quatre jours en cellule policière, le jeune homme s’est acquitté d’une caution de Rs 10 000, afin de retrouver la liberté jeudi. Le Dimanche/L’Hebdo a rencontré le jeune conducteur. Encore bouleversé par la disparition soudaine de sa mère et de sa nièce. Breedge dit se souvenir vaguement de ce qui s’est passé, mais affirme qu’il ne voulait pas sortir ce matin fatidique. « Ma mère a insisté pour qu’on sorte », lâche-t-il.

Pour le réveillon, la famille, qui habite à la rue Kulpoo, Rose-Belle, avait veillé jusqu’à tard, comme la plupart des Mauriciens. Le jeune homme reconnaît avoir pris quelques verres. Il devait être aux alentours de 6 heures dimanche quand sa mère Davy l’a réveillé.

« Elle est venue me voir pour me dire qu’elle voulait aller faire des prières à Curepipe. J’étais fatigué. Je lui ai dit que je n’irai nulle part, car je ne m’étais jamais rendu à ce temple. Monn dir mo mama nou ale enn lot zour », devait-il expliquer. Cependant, la quinquagénaire se serait montrée insistante. « Elle m’a dit que mon frère connaissait l’endroit. J’ai accepté de les y conduire », poursuit Breedge.

Sortie de route

Ils seront sept au total à prendre place dans la voiture. Breedge, son frère Rakesh, Hasna, l’épouse de celui-ci, leurs enfants de deux et quatre ans, Davy et une cousine. Toutefois, ils ne sont jamais arrivés à destination. Sur l’autoroute à Midlands, la voiture a fait une sortie de route. « Kan aksidan la inn arive, monn fini abatt. Mo rappel ki mo frer kinn tir mwa. Monn rant dan lambilans pou al lopital », se souvient Breedge.

À ce moment précis, le jeune chauffeur ignorait que sa mère et sa nièce avaient péri dans l’accident. « La polis inn aret mwa ek ine dire mwa mo mama ek mo nies inn mor. Monn abriti ». Il sera placé en cellule.

Selon Rakesh, le père de la petite victime, les secours auraient dû intervenir plus rapidement. « Quand l’accident s’est produit, j’ai essayé de sortir ma fille qui m’appelait. Des voitures se sont arrêtées, mais peu de gens sont venus nous aider. Ce sont les pompiers qui ont pris ma fille. Elle respirait encore. L’ambulance a mis trop de temps à arriver », déplore-t-il.

La nouvelle de cette double tragédie s’est vite répandue dans le quartier où habitaient les victimes. Unies dans la vie, elles le sont restées jusque la mort. « Pour Noël, ma fille avait reçu une grande poupée. La veille du Nouvel An, j’avais acheté tout plein de pétards et c’est ma fille qui les avait choisis », raconte Rakesh. Le jour des funérailles, il explique avoir placé tous les jouets de la petite dans son cercueil. « Qu’allons-nous en faire ? Elle les a emportés avec elle. Je regrette de n’avoir pu lui offrir une bicyclette. Elle en rêvait. » Les funérailles de Davy et de sa petite fille ont eu lieu lundi matin.

Pour Rakesh, l’accident n’aurait pu être évité. « Mon frère n’est pas responsable. Il n’a rien fait de mal. Il est de retour parmi nous. J’ai perdu ma fille et je le considère comme mon fils. Dieu a voulu rappeler ma mère et ma fille auprès de Lui. Il me reste ma fille de deux ans et tous les autres membres de la famille », dit-il.

Deux morts et un rescapé à Pomponette

François Lecoquin, âgé de 54 ans, était en compagnie de son cousin Benjamin Samoisi (62 ans) et d’un ami, Jean-Michel Louise, quand le drame s’est produit. Vers 7 h 30 dimanche, la camionnette conduite par François a dérapé et a fini au fond d’un caniveau contre un arbre. Sous la violence de l’impact, François et Benjamin sont morts sur le coup. Leur ami, grièvement blessé, a été transporté  à l’hôpital.  Il se remet lentement de ses blessures. La camionnette a été réduite à un amas de ferrailles. Riambel, leur village natal, est plongé dans le deuil. Les deux cousins étaient aussi voisins. Selon leurs proches, ils avaient passé la nuit du réveillon à faire la fête. Le matin, des proches s’étaient rendus à la plage. Les trois hommes ont voulu les rejoindre. Ils ont ainsi pris la camionnette récemment acquise par François, ne se doutant pas une seconde que la mort les attendait au tournant.  L’autopsie a révélé que leur mort est due à leurs multiples blessures. Leurs funérailles ont eu lieu lundi à la même heure. Ils étaient nombreux les habitants de cette localité à s’être déplacés pour leur rendre un dernier hommage. Quant à leur ami, il est toujours hospitalisé.